Les comptes rendus

La mondialisation de la pauvreté. Michel Chossudovsky. Montréal, Éditions Ecosociété, 1998, 248 p.[Notice]

  • Cécile Sabourin

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  • Cécile Sabourin
    Département des sciences sociales et de la santé
    Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

En terminant l'excellent livre de Michel Chossudovsky une question me vient spontanément à l'esprit : comment un tel tissu d'horreurs peut-il être une bouffée d'air frais tout en me laissant sur ma faim ? Une partie de la réponse s'impose d'elle-même. Le fait de révéler et d'affirmer publiquement et fortement les réalités entourant la mondialisation financière permet d'envisager une prise de conscience salutaire de la part d'acteurs clés de la population, d'alimenter une capacité de mobilisation et, pourquoi pas, de susciter une quête de ce qui me laisse sur ma faim dans cet ouvrage, soit des pistes de solutions. En mettant en relation deux problèmes fondamentaux de la fin du xxe siècle, ceux de la pauvreté et la mondialisation financière, l'auteur amène les lecteurs et les lectrices à découvrir les ficelles des pouvoirs apparemment fatals et les influences funestes de ceux-ci sur la planète. Dans la première partie du livre intitulée « Les enjeux de la mondialisation », l'auteur pose le problème de l'accroissement des écarts entre les pays et les régions du monde. Sa démonstration s'appuyant sur la distribution du revenu mondial et sur celle de la population ne laisse planer aucun doute sur la profondeur du fossé qui sépare les possédants des dépossédés. Dans un deuxième temps, c'est la croissance des dettes publiques qui est mise en relief. Nous prenons alors connaissance des « subtilités » du remède proposé par les pouvoirs financiers à cette maladie de l'endettement des pays en voie de développement. Trente pages suffisent pour camper la « posologie » imposée aux pays qui se distinguent par leur difficulté à articuler correctement leur politique économique, selon les dires du FMI. Cette posologie est connue sous le nom d'ajustement structurel. Elle constitue en quelque sorte un parcours vers l'assainissement de l'économie du pays, cet assainissement correspondant à l'adoption de politiques économiques et sociales satisfaisant les intérêts des financiers internationaux. Deux phases s'imposent : la stabilisation économique à court terme puis la réforme structurelle. Cette réforme confirme l'abandon de toute souveraineté nationale sur les politiques économiques et sociales de même que sur la mise en valeur des ressources du pays. Cela se traduit par une déstructuration des entreprises nationales entraînant des conséquences dramatiques sur l'emploi et sur les conditions de travail. L'auteur présente aussi de façon succincte les répercussions sur le domaine de la santé et sur celui de la mise en application de ces politiques. Un chapitre complet est consacré à la mondialisation du chômage, conséquence inévitable de la mondialisation financière, de la déstructuration des industries nationales et de la mainmise du FMI et de la BM sur l'ensemble des politiques des États. Après cette présentation choc des mécanismes très bien articulés par les experts du FMI et de la BM, l'auteur puise à sa connaissance, à ses expériences et à une recherche documentaire fouillée pour nous exposer en quelques pages l'articulation concrète de cette stratégie dans plusieurs pays et régions du monde. La deuxième partie de l'ouvrage porte sur l'Afrique subsaharienne, mettant l'accent sur les cas de la Somalie, du Rwanda et de l'Afrique australe. Après cette lecture, plus personne ne s'étonne de ce que des famines et des conflits sanglants se déploient dans certains coins du monde. Des climats de grande tension et de pauvreté sont créés et exacerbés par les pressions économiques et politiques venues de l'extérieur. Il en résulte des conditions de vie quotidienne qui ne peuvent être comprises, seulement mises en contexte. Chossudovsky nous fournit ici une partie de cette mise en contexte. La troisième partie traite de l'Asie. Les impacts des ajustements structurels imposés à l'Inde, au Bengladesh et …