Le dossier : La solidarité internationale

Économie sociale, développement local et solidarité internationale : esquisse d’une problématique[Notice]

  • Louis Favreau,
  • Lucie Fréchette et
  • Gérald Larose

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  • Louis Favreau
    Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC)
    Université du Québec en Outaouais

  • Lucie Fréchette
    Groupe d’étude et de recherche en intervention sociale (GÉRIS)
    Université du Québec en Outaouais

  • Gérald Larose
    École de travail social
    Université du Québec à Montréal

En économie sociale et solidaire, les acteurs comme les chercheurs, les alliés comme les promoteurs, les représentants des pouvoirs publics comme des mouvements sociaux, tous ont aménagé des fenêtres, côté international. Ils l’ont toujours fait. Ils les ont multipliées. Elles étaient petites. Ils les ont agrandies. Elles étaient fragiles. Ils les ont renforcées. Les changements climatiques ! Il y a plus de vent, souvent violent. La mondialisation est là. La néo-libérale, c’est certain. La solidaire, aussi, moins visible, très besogneuse, innovante et appelée de plus en plus à être durable. Le présent dossier porte sur la solidarité internationale. Un trépied, une toile, quatre ou cinq pinceaux et des couleurs. Le portrait est saisissant. Une autre mondialisation est en marche, la « mondialisation par le bas », sous l’action d’une autre coopération, la coopération d’égal à égal, la coopération solidaire. Même le commerce est affecté par celle-ci, il se fait équitable. Les circuits aussi ont changé, la direction n’est plus unique. D’abord le Sud vers le Sud, et le Nord vers le Sud dans la mesure où le Sud accède au Nord. Du coup, sans se déplacer, des diasporas rentrent au foyer. De profondes transformations agitent le paysage de la solidarité internationale. Il est permis de rêver. Le présent dossier fait appel à une analyse de la conjoncture internationale, mais surtout à la présentation et à l’étude d’expériences inédites, en Amérique latine, dans les Caraïbes, en Afrique, en Amérique du Nord et en Europe, illustrant comment un nouveau « développement » se fait, un nouveau « local » se construit, une nouvelle coopération se forme. Le jeu des rapports internationaux est extraordinairement rythmé par l’activité de grandes organisations tels le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale (BM), l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour ne nommer que celles-là. Daniel Tremblay nous amène à réfléchir sur la présence de la société civile, plus particulièrement sur la présence des acteurs de l’économie sociale et solidaire, dans ces lieux, en mettant en question la pertinence d’y accroître son poids et de participer ainsi à la construction d’une « mondialisation par le bas ». La tenue de grands sommets internationaux sur l’environnement, le développement social, les femmes, les enfants, etc., le développement de certains programmes à l’intérieur de grandes organisations comme l’OIT, l’existence du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) nous y invitent peut-être. À partir de trois expériences latino-américaines, Villa el Salvador au Pérou, Pôrto Alegre et Fortaleza au Brésil, Favreau et Fréchette identifient de nouveaux acteurs (les jeunes, les femmes, etc.), de nouvelles stratégies (s’appuyer d’abord sur les réseaux sociaux et les initiatives locales de production et d’échange existantes pour ensuite les réseauter et les faire évoluer vers des cadres professionnels et spatiaux plus importants, créant ainsi les conditions d’une accumulation nécessaire à un plus grand développement) et de nouveaux rapports de coopération entre les mouvements locaux et les organisations non gouvernementales (ONG) nationales ou internationales (plus décentralisées, égalitaires et axées sur la réciprocité). Dans une excellente recension de l’histoire de Plan Nagua, une ONG québécoise originale de coopération internationale, Boulianne et Favreau campent point par point la transformation des pratiques de coopération. De l’aide humanitaire d’urgence à la coopération financière, technique ou professionnelle, les pratiques de coopération sont passées de la philanthropie à la solidarité. Et aujourd’hui, inscrites dans le registre du développement socioéconomique et sociopolitique, ces pratiques interviennent directement …

Parties annexes