Les comptes rendus

Les services sociaux entre associations, État et marché. L’aide aux personnes âgées Jean-Louis Laville et Marthe Nyssens (sous la direction de) Paris, La Découverte (Bibliothèque du MAUSS) 2001, 284 p.[Notice]

  • Éric Gagnon

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  • Éric Gagnon
    CLSC-CHSLD Haute-Ville-des-Rivières

« Défense et illustration de l’économie sociale (ou solidaire) dans le secteur des services aux personnes âgées » aurait pu être le sous-titre de cet ouvrage : « illustration », parce qu’il rend compte d’un ensemble d’initiatives prises en Europe et au Québec, et « défense », parce qu’il cherche à en montrer les bénéfices pour les collectivités et à convaincre qu’il s’agit d’une alternative crédible à la privatisation. À ce double titre, l’ouvrage est d’un intérêt certain. Le plaidoyer et l’analyse sont exposés en trois étapes. Une première partie présente les services dispensés par les associations et les entreprises d’économie sociale dans sept pays : France, Belgique, Québec, Grande-Bretagne, Norvège, Autriche, Espagne. Ces sept analyses, qui vont de bonnes à excellentes, prennent les choses par leur côté politique (réglementations, financement, structure et organisation), et dans une perspective historique, parfois très étendue (débutant dans certains cas à la fin du xixe siècle). La deuxième partie décrit des expériences d’autres pays (Allemagne, Italie), mais par le traitement de quelques questions spécifiques : la dépendance, devenue un « risque » dont il faut désormais se prémunir par des assurances privées et collectives, la qualité des services offerts par les entreprises d’économie sociale, dont l’évaluation constitue un enjeu essentiel, et les externalités positives, c’est-à-dire leurs bénéfices sociaux, difficiles à évaluer parce que non convertibles en argent. Enfin, la troisième partie, entièrement rédigée par les directeurs de l’ouvrage, propose un ensemble de conclusions sur les particularités et l’avenir de ce que l’on appelle les « entreprises sociales », et leur rôle dans les transformations de l’État-providence. L’ensemble est fort instructif et plutôt encourageant quant à l’avenir de l’économie sociale dans le champ des services de proximité. Les expériences sont d’une diversité et d’une durée suffisantes pour tenter un bilan et des comparaisons, et, à ce titre également, l’ouvrage est bienvenu. Je pourrais tenter d’établir ce que cet ensemble apporte de nouveau, relever les lacunes, souligner les différences entre les pays, endosser certaines conclusions ou tempérer l’optimisme des auteurs, mais je me perdrais vite dans les détails. Aussi me limiterai-je à un ensemble de remarques touchant les principales questions abordées dans l’ouvrage ; remarques visant à montrer la pertinence de ses analyses et du projet qu’il défend, quitte par moments à être rabat-joie. Premièrement, la ressemblance des diagnostics est frappante. D’abord un peu partout le même parcours historique en trois temps : premières initiatives des associations, généralement dans l’après-guerre, suivies du développement de l’État-providence et des services publics, puis crise de l’État-providence et développement des entreprises d’économie sociale ; les mêmes tendances de fond également (avec des intensités variables bien sûr) : vieillissement, chômage élevé et déclin de l’emploi industriel, changement dans le rôle des femmes et nouvelle consommation familiale (achats de services), difficultés pour les États de prendre en charge les nouveaux services ; enfin, des politiques très semblables d’un pays à l’autre, qui d’ailleurs s’inspirent les unes des autres. Ces fortes ressemblances ne doivent toutefois pas masquer la diversité des expériences d’organisation et de financement, que l’on nous présente. Mais si l’on insiste beaucoup sur les initiatives de la société civile, force est de reconnaître que c’est l’État, le plus souvent, qui finance ces entreprises, qui en est le principal régulateur, et même l’un des promoteurs, comme c’est le cas au Québec. Venant au secours de l’État-providence, l’économie sociale doit réaliser la quadrature du cercle : donner des services (de qualité) pour répondre à des besoins en augmentation, créer en même temps des emplois (d’insertion si possible), le tout à un coût réduit et en conservant une certaine flexibilité. Deuxièmement, …