Échos et débats

Programme soutien aux jeunes parents : contre qui, contre quoi ?[Notice]

  • Claudine Laurin et
  • Caroline Stuart

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  • Claudine Laurin
    Bureau de consultation jeunesse

  • Caroline Stuart
    Bureau de consultation jeunesse

La rubrique Échos et débats offre aux intervenants et aux chercheurs la possibilité d’exprimer librement leur opinion et leurs réflexions critiques sans que leur article ne soit soumis à l’évaluation par un comité de pairs, comme c’est le cas pour les articles scientifiques. Les personnes s’exprimant sous cette rubrique sont les seules responsables de leurs propos. Les acteurs intéressés à répondre aux questions ou aux critiques soulevées par l’un de ces articles, ou encore ceux qui se sentiraient interpellés, sont invités à nous soumettre un article afin d’engager ou de poursuivre un débat.

Depuis maintenant quatre ans, nous nous questionnons et montrons des inquiétudes par rapport aux différentes recherches qui ont conduit au Programme soutien aux jeunes parents (PSJP). Pour le Bureau de consultation jeunesse, l’histoire a débuté lors d’une rencontre avec un chercheur de l’Institut pour le développement social des jeunes de Montréal (IRDS) qui sollicitait la participation des jeunes mères de nos différents points de services dans le cadre d’un projet de recherche intitulé La Mère veille. Nous avons donc assisté à une première présentation du projet qui abordait autantl’angle de la recherche que ses outils. On nous a d’abord expliqué que la recherche reposait sur la théorie de l’attachement et que la jeune mère serait invitée à participer à des entrevues et même à y subir des tests de salive pour y vérifier le taux de cortisol afin d’établir le taux de stress de la jeune mère. Selon le chercheur, le taux de stress déterminait en partie si on avait affaire à une personne de type sécure ou insécure. À la fin de ce programme, une vidéocassette des meilleurs moments entre l’enfant et la jeune mère était remise à celle-ci. C’est donc avec le témoignage des jeunes femmes ayant participé à cette recherche et par le visionnement des vidéocassettes que nous avons été amenées à examiner ce programme. En tant que groupe communautaire dont les membres décident de la programmation, nous avons présenté le projet de recherche de l’IRDS et la théorie de l’attachement aux filles. Pour plusieurs d’entre elles, la réaction en fut une d’étonnement, à l’exception de celles qui y avaient participé. Nous avons appris des jeunes mères qu’elles n’avaient jamais été informées des objets de la recherche ni de l’utilisation des données. Nous nous sommes donc questionnées sur la notion de consentement libre et éclairé que le chercheur se devait d’expliquer aux filles. Nous avons alors entrepris des démarches dans une perspective de respect des droits des personnes. Des rencontres avec la direction de l’IRDS et le chercheur principal ont eu lieu et, selon nous, cela devait corriger les choses. Cependant, nous avons reçu deux lettres types d’une autre institution universitaire, lettres qui devaient être remises aux participantes. Il était précisé que nous avions la liberté de choisir entre : donner la lettre la plus explicative ou la lettre la plus courte. Nous avons donc décidé d’inviter la chercheure en question à une réunion de groupe de jeunes mères afin qu’elle réponde elle-même aux questions des participantes. C’est à partir de ce moment que les filles ont commencé à y voir un jugement arrêté sur leurs conditions et, pis encore, à comprendre qu’on les percevait comme un risque pour leur enfant. Cela n’était que le début de l’aventure pour le groupe critique de jeunes mères du Bureau de Consultation jeunesse, cela a aussi été l’occasion pour les jeunes mères de constater l’immense intérêt qu’on leur portait. Elles étaient sollicitées de tous côtés pour participer à des études ou encore à des programmes, on voulait les étudier…. Certains ont dit que le PSJP était maintenant très loin de ce qu’il avait la prétention d’être, soit une vaste étude longitudinale avec suivi intensif d’une cohorte de 5 000 jeunes mères. Par sa transformation, il deviendrait un programme strictement de soutien que l’on pourrait adapter à notre gré. Mais attention ! Il est vrai que l’adaptation de programmes peut faire en sorte que la pratique et les activités du projet n’interfèrent pas sur la relation que nous avons avec la jeune mère. Cependant, l’exercice ne contestant pas les fondements du programme risque au contraire de les confirmer à notre …