Le compte rendu

Des salles d’asile aux centres de la petite enfance. La petite histoire des services de garde au Québec, Micheline Lalonde-Graton, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2002, 414 p.[Notice]

  • Martin Petitclerc

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  • Martin Petitclerc
    CRISES
    Université du Québec à Montréal

Le développement d’une véritable politique familiale, au cours des dernières années, peut apparaître comme une exception alors que la crise de l’État-providence n’en finit plus de finir. Cette politique est d’autant plus intéressante qu’elle témoigne, notamment en ce qui concerne ce qu’on appelle les garderies à 5 $, d’une configuration nouvelle des rapports entre la société civile et l’État. En effet, les nouveaux « centres de la petite enfance », par leur gestion démocratique qui implique parents et éducateurs, sont l’une des réussites les plus évidentes, ne serait-ce que par l’appui qu’ils reçoivent dans la population, de la nouvelle économie sociale. Dans ce contexte, la parution récente d’un ouvrage consacré à l’histoire de la prise en charge de la petite enfance au Québec est une initiative qui vaut la peine d’être soulignée. Selon l’auteure, la sociologue Micheline Lalonde-Graton, l’ouvrage intitulé Des salles d’asile aux centres de la petite enfance est une « petite » histoire des services de garde au Québec. Le livre compte 12 chapitres. Le premier couvre plus d’une centaine d’années, du milieu du xixe siècle à la Révolution tranquille. Les deux chapitres suivants décrivent les premières expériences des « garderies populaires » au cours des années 1960 et 1970. Ensuite, les sept chapitres suivants décrivent les initiatives communautaires, les regroupements de garderies, les hésitations du pouvoir politique, les problèmes de la reconnaissance professionnelle des éducatrices, ce qui nous mène finalement à la naissance des garderies à 5 $. Ainsi, le lecteur pressé peut passer directement aux chapitres 9 et 10 qui traitent de l’adoption de la modification de la loi sur les services de garde à l’enfance qui va donner naissance, en 1997, au réseau des « centres de la petite enfance ». Quant aux deux derniers chapitres (11 et 12), ils sont consacrés en partie à l’implantation du réseau, au redressement des salaires des éducatrices et éducateurs et au nouveau régime de congés parentaux. L’un des intérêts de l’ouvrage est de montrer que, à partir de la publication d’un livre blanc sur la politique familiale en 1997, se dessine un « modèle québécois » dans la prise en charge de la petite enfance. Ce modèle repose sur une politique familiale intégrée qui comporte trois grands axes : le développement d’un réseau de services de garde stimulants et à faible coût (les garderies à 5 $), les allocations pour familles à faible revenu et l’instauration d’un nouveau régime d’assurances parentales (p. 253 et suivantes) L’auteure nous montre bien que ce modèle n’a pas été créé de toutes pièces soudainement, mais qu’il a été porté à bout de bras par un certain nombre de mouvements sociaux, notamment le Mouvement S.O.S. garderies, le Regroupement des garderies sans but lucratif du Québec et les divers regroupements régionaux de garderies, la Fédération des femmes du Québec et les trois grandes organisations syndicales. Avertissons tout de suite le lecteur que le titre de l’ouvrage est trompeur. En effet, le titre laisse croire qu’il s’agit d’une analyse historique des services de garde depuis le xixe siècle. Or, le chapitre couvrant la période de 1850 à 1960 ne compte que 15 pages, alors que l’ouvrage en totalise environ 400. Qui plus est, la moitié de ces 15 pages traite des salles d’asile, ce qui ne justifie certainement pas de les inclure dans le titre du livre. Évidemment, le peu de pages consacrées aux salles d’asile ne permet pas d’en faire une analyse fine. Ainsi, selon l’auteure, ces institutions ne sont que de simples services de garde qui témoignent d’un respect pour la petite enfance dont on peut, encore aujourd’hui, tirer les leçons …

Parties annexes