Échos et débats

Une analyse, une réflexion et plusieurs questionnements sur ma pratique…À partir de mon expérience de travail auprès de jeunes adultes en difficulté[Notice]

  • Nathalie Pérusse

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Le concept d’« insertion socioprofessionnelle » retient de plus en plus l’attention. Il ne fait pas uniquement référence à une finalité de l’intervention, mais aussi à des types de pratiques (employabilité, intégration, réadaptation, maintien en emploi, technique de recherche d’emploi…). En examinant la situation de plus près, j’ai constaté que l’insertion socioprofessionnelle peut prendre des sens différents, surtout lorsqu’on regarde les conditions et la logique qui inspirent les offres de services. En ce sens, la conjoncture, les choix politiques et les représentations sociales qui entourent « l’emploi » ont une grande influence sur les pratiques d’intervention et ses finalités. Je travaille depuis près de dix ans dans une maison d’hébergement pour jeunes adultes sans-abri, principalement à l’Auberge communautaire du Sud-Ouest, à titre de responsable de l’employabilité. J’ai été témoin de différentes transformations de ce champ d’intervention, mais aussi des jeunes. Mes fonctions principales comme intervenante en employabilité consistaient à développer, réaliser et appliquer un programme d’activités en matière d’apprentissage à l’emploi, à la recherche d’emploi (méthode dynamique de recherche d’emploi et nouvelles technologies), d’aptitude à l’emploi (exploration, visite de milieux de travail, stage), de la formation professionnelle, de reconnaissance des acquis (plan de formation avec la commission scolaire) et de création d’emploi (banque d’emploi). Afin d’arriver à mes fins, j’ai eu à travailler à la mise sur pied de cinq plateaux de travail – le projet d’insertion et de formation Azimut de l’Auberge – pour que les jeunes puissent acquérir les outils nécessaires à la réalisation de leur cheminement professionnel. Au quotidien, les tâches se résumaient à accompagner des jeunes pour qu’ils établissent un plan d’action en matière d’emploi (orientation, cheminement scolaire ou autres) et à animer des rencontres de formation et d’échange sur une base quotidienne avec eux afin qu’ils acquièrent les bases d’employabilité nécessaires pour se trouver et maintenir un emploi. Nous avons assisté à plusieurs changements importants dans notre société. Les transformations structurelles ont eu diverses répercussions sur le type et le genre d’emplois ainsi que sur la rémunération. Les éléments qui semblent avoir eu des impacts majeurs sont la mondialisation, la globalisation des marchés, le développement phénoménal des nouvelles technologies et l’informatisation. L’une des résultantes de ces éléments est une montée des emplois atypiques où la logique de profit économique et la rationalisation administrative sont dominantes. Ces multiples mutations ont entraîné une grande précarité sur le plan des conditions de travail, mais aussi une augmentation de l’appauvrissement. Ces changements commandent également le développement de compétences et prolongent ainsi le temps de scolarisation, ce qui a pour effet d’éloigner les jeunes du marché de l’emploi, de l’autonomie et d’augmenter leur endettement. On écarte aussi progressivement les travailleurs moins qualifiés. De plus, on constate que ces changements entraînent un déplacement de la main-d’oeuvre vers le secteur tertiaire. Cette transition dans le monde de l’emploi et le départ de plusieurs « baby-boomers » laissent une place intéressante pour les jeunes détenteurs de diplômes collégial et universitaire. Le bagage scolaire devient souvent un incontournable et augmente les possibilités d’accéder au marché du travail. Toutefois, pour les jeunes qui ne bénéficient pas de cet atout, l’impact m’est apparu négatif. Même si plusieurs mentionnent l’importance des compétences transférables, il demeure difficile d’accéder à des emplois de qualité quand on est sous-scolarisé. L’occupation d’un emploi constitue, la plupart du temps, un critère de réussite dans notre société et une source importante d’identité. L’emploi fait aussi référence à l’autonomie et au sentiment d’appartenance, l’autonomie renvoyant souvent à la notion de parcours et de réussite individuelle. Toutefois, il est clair que le parcours professionnel linéaire est un phénomène devenu de plus en plus rare (étude, …

Parties annexes