Avant-propos

Solliciter l’acte citoyen[Notice]

  • Michel Parazelli

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Actuellement menacée par des enjeux mondiaux devenant de plus en plus les cadres de référence des décisions politiques et économiques nationales et locales, l’idée même de citoyenneté peut devenir une abstraction, une formalité ou un leurre si les droits dont le citoyen devrait jouir sont de moins en moins garantis par l’État. C’est pourquoi plusieurs des auteurs intéressés par la question évoquent une crise de la démocratie représentative. Si solliciter l’acte citoyen signifie globalement inviter des personnes à s’engager à défendre l’égalité des droits politiques (individuels, sociaux, collectifs, etc.), ce type d’intervention ne se fait pas sans difficultés ni contradictions dans le contexte politique actuel. Pensons à la force de représentation et d’action que prend aujourd’hui l’idéologie néolibérale où ce sont l’initiative personnelle et la responsabilité individuelle qui donnent le ton à la vie sociale et à la réalisation de soi, tout comme à l’activité économique. Comment l’acte citoyen peut-il encore représenter un potentiel démocratique aux yeux des personnes et non seulement être associé à un acte de consommation n’offrant que des avantages personnels, ou encore à un engagement vain ? Ainsi la question du pourquoi solliciter l’acte citoyen est de plus en plus posée, sa pertinence démocratique étant remise en doute dans le recyclage économique de sa finalité. En effet, si les activités sociales tendent progressivement à devenir des segments d’un marché de plus en plus étendu, comment ne pas voir les relations aux autres autrement que dans un système concurrentiel, en compétition les uns avec les autres, dans une sorte de darwinisme social ? (Kaufmann, 1988.) La dévalorisation politique des actes citoyens par les promoteurs économiques lorsque leurs projets de développement sont contestés par des citoyens mobilisés n’est qu’une manifestation de cette conception concurrentielle de la vie sociale. De plus, où éprouver l’acte de citoyenneté lorsque les organismes communautaires qui en constituaient souvent le lieu potentiel sont de plus en plus occupés à signer des ententes de services dans le cadre de programmes étatiques d’intervention ? Ces questions représentent donc autant de défis actuels et à venir pour le renouvellement démocratique des pratiques d’intervention sociale. Sans constituer un numéro thématique, toutes les rubriques du présent numéro suivent le fil conducteur que représentent le défi de l’acte citoyen et sa sollicitation dans la vie sociale. Nous verrons d’abord que le droit à la santé fait encore l’objet de luttes, et ensuite comment des groupes de militants et militantes tentent de relancer l’acte citoyen en ayant recours aux technologies de l’information et de communication (TIC) ou sous la forme non virtuelle de forums sociaux et des sommets citoyens. Des repères théoriques et méthodologiques jalonnent ces contributions quant aux manières de favoriser l’acte citoyen en ce qui regarde les enjeux actuels et à venir de la société québécoise. Commençons par décrire le dossier thématique dont le contenu sera présenté plus en détail à la suite de l’entrevue. L’usage des technologies de l’information et de communication (TIC) a-t-il quelque chose à voir avec le renouvellement démocratique des pratiques d’intervention sociale ? C’est autour de cette question que Sylvie Jochems et Maryse Rivard ont conçu le dossier thématique de ce numéro. Trois articles abordent de façon différente les pratiques des TIC associées aux mobilisations citoyennes, à celles des personnes âgées et aux logiciels libres. Constituant une première pour la revue, ce thème devrait connaître un développement certain dans l’avenir des pratiques d’intervention sociale. À suivre. L’entrevue de ce numéro a été réalisée par Claudelle Cyr, coordonnatrice de la Coalition Solidarité Santé, auprès de Marie Pelchat, militante en faveur du droit à la santé depuis plusieurs années. Cette entrevue permet de resituer un certain …

Parties annexes