Les comptes rendus

Pierre Hamel et Bernard Jouve, Un modèle québécois ? Gouvernance et participation dans la gestion publique, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2006, 142 p.[Notice]

  • Élisabeth Greissler

…plus d’informations

  • Élisabeth Greissler
    Doctorante en service social, Université de Montréal

De la démocratie participative à la « participation citoyenne », depuis une quinzaine d’années maintenant, le thème de la participation a pris de nouvelles proportions dans les réformes de l’État en Occident. Il semble aujourd’hui pénétrer de toutes parts le champ sémantique scientifique, politique, social et, finalement, culturel du Québec, alors qu’il fait partie de la réalité du terrain politique et social depuis les années 1970. À l’instar des auteurs de ce livre, on peut se demander s’il existe un modèle propre au Québec. En d’autres termes, est-on en présence d’un effet de mode ou la participation est-elle plus aboutie qu’il n’y paraît ? Cet ouvrage s’inscrit dans les réflexions actuelles portant sur les enjeux de la participation de la société civile. En effet, à l’ère de la nouvelle gestion publique et du néolibéralisme, que signifie réellement la participation citoyenne, que ce soit du point de vue de l’État ou de la société civile ? Plus encore, comment s’est-elle construite et organisée au fil du temps ? Comment peut-elle évoluer dans l’avenir politique et social du pays ? Dans le contexte du « déclin des institutions », quels doivent être la place et le rôle de l’État et de la société civile aujourd’hui ? À travers des réflexions qui touchent plus particulièrement le champ de la santé et de l’éducation, les auteurs nous livrent un portrait de la situation actuelle sur la base des enjeux qui ont jalonné l’histoire du Québec depuis l’instauration de l’État providence. Les auteurs essaient de comprendre et d’expliquer la définition actuelle du pouvoir, passé d’une version centralisée à une version plurielle. L’originalité de cet ouvrage est sans doute qu’il repose, en partie, sur « […] une série d’entretiens semi-directifs (une vingtaine) auprès de professionnels [des secteurs de la santé publique et de l’éducation] mais aussi auprès de quelques autres catégories d’acteurs centraux pour le fonctionnement de ces réseaux, représentants syndicaux, gestionnaires, acteurs communautaires, en marge des établissements scolaires et des CSSS » (p. 19-20). D’après les auteurs, la participation de la société civile québécoise émerge dans le contexte de la crise du modèle bureaucratique keynésien ; plus précisément, à l’époque de la laïcisation, de l’accès des citoyens aux politiques publiques (le principe d’universalité), de la modernisation de la société et, enfin, de l’émancipation sociale et culturelle du Québec. La « citoyenneté active » marque ainsi la construction de l’État québécois des années 1970 (p. 40). L’histoire de la participation correspond à celle de la construction de l’État québécois. La première phase commence dans les années 1950, période d’émancipation institutionnelle. Cette première version de l’État providence, de type keynésien, est basée sur le centralisme, l’interventionnisme et la bureaucratie. Certains acteurs critiquent cette intrusion de l’État dans la vie économique, sociale et culturelle des Québécois, porteuse d’effets négatifs. On s’insurge notamment contre l’affaiblissement de l’esprit d’entreprise et du développement social du Québec. Dans ce sens, un retour à l’entraide s’impose et, par là même, au dynamisme communautaire. Ainsi, à la suite de l’émergence des mouvements sociaux des années 1960, les années 1970 marquent un premier pas vers la participation des citoyens dans la gestion publique. Le visage de l’État, mais surtout l’identité de la société dans son ensemble, est transformé ; on parle même de « sociétisation de l’État ». Les jalons du modèle québécois sont ainsi posés et ce sont sur ces bases que la redéfinition de rôle de l’État se poursuit à travers l’histoire récente du Québec. La crise économique et institutionnelle des années 1980 marque un temps de réformes importantes selon lesquelles on avance encore vers la contribution active de la société civile. Finalement, …

Parties annexes