Comptes rendus

Louis Favreau, Mouvement coopératif. Une mise en perspective, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2010, 156 p.[Notice]

  • Nathalie McSween

…plus d’informations

  • Nathalie McSween
    Doctorante en sciences sociales appliquées, Université du Québec en Outaouais

Le libre marché est de plus en plus discrédité comme instrument d’enrichissement collectif et de redistribution sociale, mais aussi comme instrument capable d’assurer la sécurité alimentaire du plus grand nombre et la survie de la planète. De plus en plus d’intellectuels et de militants (et d’intellectuels militants !) cherchent des alternatives au modèle économique capitaliste. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si le mouvement altermondialiste a pour slogan « Un autre monde est possible ! » : cet appel à penser des alternatives est révélateur du renouveau des imaginaires politiques qui est en cours dans différentes parties du monde, notamment au sein des mouvements sociaux et entre ceux-ci (dans le cadre des Forums sociaux mondiaux, par exemple). Incidemment, nombre de ces échanges entre mouvements sociaux portent sur les initiatives et alternatives concrètes imaginées et mises en oeuvre dans différentes parties du monde, et ce, afin d’en tirer des éléments de proposition pour donner forme à de nouveaux modèles. Le nouvel ouvrage de Louis Favreau, Mouvement coopératif. Une mise en perspective s’inscrit dans cette foulée. Dans cet ouvrage, Favreau défend deux thèses complémentaires : 1) que le réseau des coopératives québécoises constitue un « mouvement coopératif », en ce sens qu’il contribue à changer la société en mettant en oeuvre des alternatives concrètes au modèle dominant ; 2) que la logique coopérative constitue une piste porteuse – et concrète – de sortie du capitalisme. Dans les deux premiers chapitres de l’ouvrage, Favreau présente un portrait des coopératives québécoises, d’une part, en tant que réseau d’entreprises collectives qui contribue significativement à la santé et au développement de l’économie québécoise (88 000 emplois, 22 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, un taux de survie après 5 ans qui dépasse largement celui du privé…) et, d’autre part, en tant qu’acteurs socioéconomiques qui contribuent activement au développement des régions (mobilisation des acteurs locaux, levier de revitalisation, emplois et activités économiques non délocalisables…). En ce sens, Favreau souligne que les coopératives ne sont pas des acteurs marginaux au Québec, mais qu’elles constituent une force économique et un levier de développement. Par la suite, dans le troisième chapitre, Favreau présente le renouvellement du réseau coopératif québécois qui, interpellé par la mondialisation et les multiples crises en cours, est en train de se repenser et de se redéployer : nouveaux types de coopératives (ex. : coopératives de solidarité) ; nouveaux secteurs (ex. : commerce équitable, santé) ; accroissement des activités internationales du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM)… Bref, les trois premiers chapitres de l’ouvrage nous laissent avec l’idée que les coopératives québécoises sont solides au plan économique, qu’elles sont ancrées dans leur milieu et que la formule coopérative est suffisamment flexible pour apporter des réponses innovantes aux nouveaux besoins et aux nouvelles réalités de notre société. C’est ainsi qu’est mise la table pour ce qui m’apparaît être le coeur de l’argumentaire de l’auteur. En effet, dans les chapitres suivants (chapitres 4 à 6), Favreau s’applique à démontrer que les coopératives québécoises sont aussi des acteurs sociopolitiques. Sa démonstration s’appuie sur trois éléments : 1) les coopératives québécoises ont contribué et contribuent à la construction d’une économie solidaire (et donc à la construction d’une alternative concrète au modèle capitaliste) ; 2) ces coopératives ont souvent été constituées dans le prolongement de luttes sociales menées par des mouvements sociaux (ex. : les mutuelles d’assurance au sein du mouvement syndical, les coopératives scolaires au sein du mouvement étudiant, les garderies populaires au sein du mouvement des femmes, les coopératives d’habitation au sein du mouvement communautaire) ; 3) les coopératives québécoises participent, notamment grâce à leur …

Parties annexes