Avant-propos

Contrer l’individualisation des problèmes sociaux[Notice]

  • Michel Parazelli

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  • Michel Parazelli
    École de travail social, Université du Québec à Montréal

Rappelons que le fil conducteur des articles du numéro précédent qui ne faisaient pas partie du dossier thématique était la question de l’individualisation des problèmes sociaux. Plusieurs des articles hors dossier thématique du présent numéro, de même que l’entrevue avec les militants d’Occupons Montréal et le débat sur l’adoption internationale, semblent suivre le même fil mais pour en contrer le processus. Qu’il s’agisse de contrer l’individualisation des problèmes d’inégalités socioéconomiques, ou l’individualisation des problèmes associés à la nouvelle gestion du travail social et l’individualisation des diagnostics en travail social, ou encore l’isolement des jeunes en situation de précarité, le contenu de ces articles contribue à nourrir les réflexions entourant le renouvellement démocratique des pratiques en interrogeant les pratiques hétéronomes limitant le déploiement d’un agir autonome, autant chez les intervenants que chez les destinataires de l’intervention. Ce dossier constitue la deuxième partie du dossier du numéro précédent (vol. 24, no 2). La thématique de la famille se poursuit donc avec les mêmes coresponsables, Denyse Côté et Isabel Côté, toutes deux professeures en travail social à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), et Sylvie Lévesque, directrice de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ). Vous retrouverez dans cette deuxième partie du dossier six articles abordant des thèmes très variés et qui font l’objet d’une présentation par les coresponsables. On pourra donc y lire des articles traitant des contraintes normatives que des familles ayant choisi de ne pas avoir d’enfant subissent, de la violence conjugale en contexte de garde partagée, des transformations de l’engagement au sein des liens conjugaux, du rôle des pères dans l’alimentation du nourrisson, des formes de parentalité dans le contexte des nouvelles configurations des familles, et des rapports intergénérationnels entre des femmes réfugiées au Québec. Un écho de pratique sur la médiation familiale en situation de violence conjugale accompagne les articles scientifiques. L’entrevue de ce numéro a été réalisée par Louis Gaudreau, professeur à l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et Élisabeth Côté, étudiante à la maîtrise en travail social à l’UQAM. Ils ont échangé avec trois militants et militantes du mouvement Occupons Montréal, Kristian Gareau, Josianne Millette et Valérie Provost, sur leurs motivations et leur analyse de cette expérience inédite de mobilisation citoyenne qui ne constituait pas un groupe de pression traditionnel. C’est sur la base d’un sentiment d’injustice devant les écarts grandissants dans la répartition de la richesse que ce type de mouvement a pu voir le jour selon eux. Par ce geste d’occupation de l’espace public, en l’occurrence, le square Victoria, les militants et militantes tentaient de marquer l’importance et la nécessité d’exprimer publiquement des désaccords avec des orientations politiques et économiques qui ne respecteraient pas les fondements d’une société démocratique. L’espace public appartenant à tous et toutes, son occupation serait le dernier recours démocratique, lorsque tous les autres moyens institutionnels mis à la disposition des citoyens échouent à faire entendre une parole collective citoyenne critique. Pour ces militants et militantes, cette manifestation pacifique aura aussi été une occasion pour plusieurs d’apprendre à participer à la vie publique, à négocier avec les autorités municipales et avec les médias. L’expérience aurait favorisé des liens de solidarité, sans en exclure les personnes itinérantes qui se sont jointes à eux à un moment de l’épisode. Bref, une manière originale de contrer l’individualisation des problèmes d’inégalités socioéconomiques. Dans ce numéro, nous présentons deux articles dans la rubrique « Perspectives étatiques » et un article dans la rubrique « Perspectives citoyennes ». Le premier article de cette rubrique s’intitule «Impasses éthiques des politiques sociales d’activation ». Il est signé par …