Compte rendu

Quand travailler enferme dans la pauvreté et la précarité : Travailleuses et travailleurs pauvres au Québec et dans le monde, Carole Yerochewski, Québec, Presses de l’Université du Québec, 222 p.[Notice]

  • Edvaldo Alves dos Anjos Filho

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  • Edvaldo Alves dos Anjos Filho
    Étudiant à la Maîtrise en Service Social, Université de Montréal 

Trouvant ses fondements dans les écrits classiques d’économistes allant de Adam Smith à Ricardo, et appuyée par différentes institutions contemporaines internationales dont l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la mondialisation est le résultat de l’effondrement des barrières nationales au profit d’une libéralisation de l’économie de tous les pays. En son fondement, la mondialisation est l’extension de l’activité économique répartie par les différents acteurs, que ce soient les compagnies privées ou les États, par la différenciation de la production en fonction des avantages comparatifs. Brièvement, un pays qui possède une meilleure expertise dans sa production de vin aurait avantage à échanger et établir des routes commerciales avec un pays qui possède une autre expertise, comme la production de produits laitiers. À long terme, ceux-ci doivent se spécialiser afin d’accroître leur production nationale de biens échangeables (vin pour le pays A et produits laitiers pour le pays B). Libérés de leur production inefficace, les pays délaisseront donc les activités économiques dans lesquelles ils sont moins aptes. Cette spécialisation amène, théoriquement, la création de la richesse : les deux pays créeront ainsi plus de richesse au moyen de la spécialisation. Étant plus riches, ces nations auront donc plus de ressources à distribuer en leur sein, produisant ainsi un cercle vertueux de bien-être et de croissance tant économique que sociale. Carole Yerochewski, au moyen de son oeuvre Quand travailler enferme dans la pauvreté et la précarité : Travailleuses et travailleurs pauvres au Québec et dans le monde, soulève toutefois qu’il y a eu une évolution de la question sociale dont les travailleurs écopent les frais face à ce contexte de mondialisation. Pour le démontrer, elle remet en question les constructions statistiques établies par les différentes institutions dominantes afin de faire soulever des situations de vie bien réelles, mais plus facilement dissimulées derrière les chiffres officiels. Elle le démontre d’ailleurs d’une façon brillante avec l’exemple d’une côtelette de porc : une femme qui reçoit chez elle le lecteur et qui lui offre un repas succulent, c’est-à-dire un morceau de jambon qu’elle a préparé et cuisiné toute la journée. Selon les indicateurs économiques actuels, le bien-être rapporté par ce repas pour les invités n’est pas calculé dans le grand schème de l’activité nationale. Toutefois, la préparation de ce repas a néanmoins nécessité du travail. L’auteure a d’ailleurs raison : en économie, le travail est un entrant indispensable à la création de richesse, reconnu par Adam Smith comme la « valeur travail ». Ainsi, un morceau de bois peut procurer une certaine utilité ou bien-être, mais à travers de son travail, c’est le menuisier qui vient augmenter la valeur de cette ressource naturelle en la transformant en meuble. Il s’agit ici d’un autre exemple qui supporte l’idée que le travail est indispensable à la création de la valeur ajoutée. À travers l’exemple de la côtelette de porc, l’auteure nous invite à réfléchir sur le travail invisible et non valorisé, mais hautement nécessaire à toute société, effectué quotidiennement par tous les citoyens et citoyennes, qui ne sont pas forcément rémunérés ou reconnus pour leur participation à l’effort collectif social. Ceci est encore plus vrai lorsque ces mêmes personnes offrent des services essentiels non reconnus, comme le soutien à une personne en perte d’autonomie ou l’éducation des enfants, qui traditionnellement étaient des activités quasi réservées aux femmes. Cet exemple sert à propulser un argument majeur que tente de démontrer l’auteure : celui de la construction statistique en relation avec la pauvreté. L’auteure avance, par exemple, que les statistiques officielles ne démontrent pas l’ampleur de la transformation des formes d’emploi. Elle cite notamment le critère des 910 heures, c’est-à-dire le …

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