Compte rendu

Du pouvoir sur nos actes : sujets de l’actepouvoir et sociopsychanalyse en mouvement, Jean-Luc Prades, Paris, L’Harmattan, 240 p.[Notice]

  • Yann Tremblay-Marcotte

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  • Yann Tremblay-Marcotte
    Étudiant à la Maîtrise en travail social, Université du Québec à Montréal

Dans Du pouvoir sur nos actes, Jean-Luc Prades reprend l’exercice de « penser à partir d’interventions » mises en place par son équipe et ses collaborateurs pour « faire évoluer le dispositif sociopsychanalytique ». Le livre présente sous forme descriptive et réflexive sept interventions menées depuis plus de 15 ans dans différents milieux du travail social, principalement en France. Il est question de l’évolution du contexte et du cadre de la pratique (partie 1), d’une discussion sur les effets sur les usagers et sur l’institution (partie 2) et enfin, une ouverture pour débattre de concepts fondamentaux en lien avec les courants voisins (partie 3). Si Gérard Mendel (1930-2004) a fourni les bases théoriques et méthodologiques de la sociopsychanalyse (SP), force est de constater, nous dit Prades, « qu’il n’est plus toujours possible de mettre en place le [Dispositif institutionnel] dans sa forme classique parce que le contexte ne s’y prête pas » (2017, p. 214). D’où l’intérêt de documenter le développement de cette approche d’intervention visant à considérer les effets psychologiques des conditions sociopolitiques d’existence dans la mise en place d’un dispositif d’appropriation des actes sociaux en contexte organisationnel. Dans cette perspective, le dispositif contribue à l’élaboration d’une psychologie sociale spécifique, s’articulant aux apports de la psychanalyse, mais sans interprétations psychologiques. Le résumé des concepts étant bref dans le livre (chapitre 1), les lectrices et lecteurs non initié.e.s à cette approche auraient intérêt à consulter le livre de Rueff-Escoubès (2008) ou de Prades (2011) pour une introduction à la sociopsychanalyse. Mais pour les besoins de cette recension d’écrit, les extraits suivants peuvent en constituer une amorce : Si le contexte ne s’y prête pas toujours pour implanter un Dispositif institutionnel (DI), dans plusieurs cas, c’est à partir d’une demande d’étude de cas entre intervenant.e.s, que Prades et son équipe ont d’abord proposé un « groupe Balint » qui a ouvert la porte à une intervention sociopsychanalytique. Le succès du groupe a mené d’autres membres de l’institution à vouloir créer des groupes entre eux. Il ne restait qu’à proposer l’intégration des usagers et usagères, et de mettre en place la communication intergroupe de la SP. Pour les intervenant.e.s qui s’y prêtent, il s’agit d’une sorte de continuité. Dans les groupes Balint comme en SP, l’identité professionnelle y est travaillée en socialisation non identificatoire, c’est-à-dire entre pairs de même niveau hiérarchique. Pour Prades, cette identité professionnelle est mise à mal notamment en raison de recours à des sciences positivistes et à des procédures technocratiques (rapports d’autorité) qui, faute de faire sens, obligent l’intervenant.e à mobiliser ses ressources personnelles pour répondre à l’unicité et à la complexité des situations rencontrées. Elle ou il peut aussi se retrouver dans des situations de proximité de vécu et parfois de précarité qui le laisse seul.e à répondre aux demandes, sans appui institutionnel. Ces arguments militent en faveur de constitutions de groupes homogènes de métier pour discuter entre pairs de ces risques et bénéficier d’une protection par le collectif. Cependant, pour éviter d’être en « apesanteur institutionnelle », comme le dit Prades, il est pertinent de relier ces discussions par un dispositif démocratique à l’intérieur de l’institution. En somme, ces moments d’élaboration et de discussion collectives entre pairs sur l’acte de travail permettent une distance face à certaines injonctions, la mise en rapport avec le reste des actes réalisés par les autres acteurs et actrices de l’institution et de faire bouger certaines dynamiques de l’institution induites notamment par la division du travail. Si plusieurs modèles d’intervention visent à diminuer la souffrance des destinataires de l’intervention, la sociopsychanalyse s’en distingue avec son objectif principal « d’une …

Parties annexes