Résumés
Résumé
Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse sont au xxe siècle triplement minoritaire, d’une part en tant que franco-catholiques dans un milieu majoritairement unilingue anglais protestant, ensuite en tant que mince part d’une francophonie canadienne dominée par le Québec, et enfin en tant que minorité dans une Acadie dominée par le Nouveau-Brunswick. Pourtant, les Acadiens de la Nouvelle-Écosse ont beaucoup de raisons de célébrer au milieu du xxe siècle. On y découvre une concentration d’événements dignes d’être commémorés : le centenaire du décès de l’abbé Jean-Mandé Sigogne (1944), les cinquantième et soixantième anniversaires de la fondation du Collège Sainte-Anne (1940, 1950), le 300e de la fondation de la Baronnie de Pobomcoup (1951), le bicentenaire de la Déportation (1955), la survivance communautaire (le Festival acadien de Clare dès 1956). Malgré ce faste commémoratif, les célébrations commémoratives en Acadie de la Nouvelle-Écosse n’attirent pas l’attention des chercheurs. Ainsi, la majorité des études sur les commémorations acadiennes examinent uniquement les conventions nationales acadiennes et le bicentenaire de la Déportation en 1955 au Nouveau-Brunswick. Dans cette présentation, il apparaîtra que le discours commémoratif des Acadiens néo-écossais diffère du discours manifestement programmateur des commémorations acadiennes dites « nationales ». L’accent est mis sur les réussites, les fondations, les innovations et la survivance locales, tout en cherchant à compenser la suprématie des discours historiques proposés par les Anglo-protestants et les Acadiens du Nouveau-Brunswick.
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Parties annexes
Note biographique
Caroline-Isabelle Caron est professeur à Queen’s University, Kingston, où elle enseigne l’histoire du Québec et de l’Acadie. Titulaire d’un DÉA en Histoire et civilisations de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et d’un doctorat en histoire de l’Université McGill, elle porte un regard de Janus sur la culture populaire des communautés acadiennes et québécoises, en examinant leurs représentations du passé (mémoire, commémorations et légendes) et celle du futur (science-fiction). Elle a récemment publié Se créer des ancêtres (Septentrion, 2006) sur la pratique généalogique au Québec. Son plus récent projet, avec Lise Robichaud, dans le cadre des Grands Mystères de l’histoire canadienne (mystèresacadiens.ca), explore la légende de « Jérôme : l’inconnu de la baie Sainte-Marie ».
Notes
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[1]
Barbara Le Blanc, Postcards from Acadie : Grand-Pré, Evangeline & Acadian Identity, Kentville, Gaspereau Press, 2003.
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[2]
Voir Sheila Andrew, The Development of Elites in Acadian New Brunswick, 1861–1881, Montréal et Kingston, MQUP, 1996, ch. 8 notamment.
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[3]
Caroline-Isabelle Caron, « Se souvenir de l’Acadie d’antan : représentations du passé historique dans le cadre de célébrations commémoratrices locales en Nouvelle-Écosse au milieu du 20e siècle », Acadiensis, vol. 26, n˚ 2, 2007, p. 55–71.
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[4]
Ibid.
-
[5]
Charles Maier présente une bonne introduction à ce concept dans The Unmasterable Past : History, Holocaust and German National Identity, Cambridge et Londres, HUP, 1988.
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[6]
Jean-Paul Hautecoeur, L’Acadie du discours, Québec, PUL, 1975, p. 59–80.
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[7]
Terme d’abord anglais, pageant désigne un type de spectacle très particulier qui fait son apparition à la fin du xixe siècle d’abord en Angleterre, puis aux États-Unis, constitué d’une série de tableaux élaborés et colorés, le plus souvent accompagnés de danse et de musique, suivant une trame plus ou moins unifiée commémorant un événement ou une personnalité historiques. Cette forme de commémoration connut un grand succès au début et au milieu du xxe siècle dans les communautés de langue française au Canada. Depuis les années 1990, on voit une recrudescence de grands pageants au Québec, avec en tête de file « La Fabuleuse Histoire d’un Royaume » au Saguenay.
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[8]
Caron, loc. cit.
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[9]
Jean-Mandé Sigogne (1763–1844), missionnaire français, fondateur de la paroisse Sainte-Marie de la Pointe-de-l’Église, entre autres, et pionnier de l’Église catholique dans la région, arrivé en Nouvelle-Écosse en 1799.
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[10]
Lettre du R. P. Comeau au R. P. Tressel, 10 novembre 1939, citée dans René LeBlanc et Micheline Laliberté, Sainte-Anne : collège et université, 1890–1990, Pointe-de-l’Église, Université Sainte-Anne/Chaire d’étude en civilisation acadienne de la Nouvelle-Écosse, 1990, p. 162.
-
[11]
Collège Sainte-Anne, Church Point, N.S. Digby County, Saint Ann’s College, prospectus n˚ 50, 1939–1940, p. 67. Centre acadien, Université Sainte-Anne, MG1, boîte 9, dossier 78.
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[12]
Id., p. 70.
-
[13]
Mgr Labrie, vicaire apostolique du Golfe du Saint-Laurent, cité dans id., p. 69.
-
[14]
Id., p. 72.
-
[15]
Livre-souvenir Les cinquante ans du Collège Sainte-Anne, p. IV (Centre acadien, Fonds Université Sainte-Anne, MG1, boîte 38, dossier 284).
-
[16]
Yarmouth Herald, 6 mai 1952.
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[17]
Cette pièce n’est pas la première de ce genre présentée à Sainte-Anne portant sur un sujet acadien. Elle est en effet tout à fait cohérente avec la pièce Subercase, créée au CSA en 1902, écrite par l’eudiste français A.-G.-M. Braud (supérieur de 1917 à 1922) sur les dernières heures avant la prise du Port-Royal en 1710, et le Drame du peuple acadien, sur la Déportation, créé en 1930 au CSA et écrit par l’eudiste français Jean-Baptiste Jégo. Voir LeBlanc et Laliberté.
-
[18]
Annales, 12 nov. 1944 (Centre acadien, Fonds Université Sainte-Anne, MG1, boîte 38, dossier 283).
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[19]
Ibid.
-
[20]
Ibid.
-
[21]
Centenaire de la mort du Père Jean-Mandé Sigogne – Missionnaire de la Baie Ste-Marie et Premier curé de la paroisse Sainte-Marie [Pointe-de-l’Église, Collège Sainte-Anne, 1944], p. 25–27.
-
[22]
Id., p. 29.
-
[23]
LeBlanc et Laliberté, op. cit., p. 136.
-
[24]
Lettre du R.P. Quélo au R. P. Tressel, 4 jan. 1931, citée dans LeBlanc et Laliberté, op. cit., p. 136.
-
[25]
LeBlanc et Labiberté, op. cit., p. 136–141.
-
[26]
Lettre du P. Chiasson au P. LeDoré, 18 déc. 1916, citée dans LeBlanc et Laliberté, op. cit., p. 128.
-
[27]
Pierre-Marie Dagnaud, L’Évangéline, 21 juin 1916.
-
[28]
LeBlanc et Laliberté, op. cit., p. 147.
-
[29]
Annales, 7–8–9 mai 1955 (Centre acadien, Fonds Université Sainte-Anne, MG1, boîte 38, dossier 283).
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[30]
LeBlanc et Laliberté, op. cit., p. 305.
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[31]
Id., p. 304.
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[32]
Le comité organisateur comprend deux laïcs, F.G.J. Comeau et le Dr Émile Leblanc, et le curé de Pubnico, le R. P. LeBlanc.
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[33]
Delbé Comeau, Mémoires, 1905–1949, Delbé Comeau, prêtre, Wedgeport, Éditions Lescarbot, c1991, p. 520
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[34]
Id., p. 521.
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[35]
Annales, 25 juillet 1943 (Centre acadien, Fonds Université Sainte-Anne, MG1, boîte 38, dossier 283).
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[36]
Communication personnelle, Jean-Louis Robichaud, 17 août 2007.
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[37]
Communication personnelle, Marie-Colombe Robichaud, 18 août 2007.