Résumés
Résumé
En matière de culture populaire, l’innovation et le renouvellement viennent en général des milieux dits « lettrés ». Empruntés et assimilés par des milieux analphabètes, de culture orale, les textes écrits reçoivent une seconde vie, que ces milieux populaires leur offrent en en faisant leur bien. On se trouve donc en face de deux « objets » : un antécédent figé, daté, accompagné de ses éventuelles copies, qui va vivre, le temps que la mode lui conserve une actualité ou lui concède un intérêt, et une adaptation vivante et mouvante, portée par une culture orale qui va continuer à se nourrir de l’oeuvre et à la transmettre tant qu’elle conservera sens et valeur. Si l’oeuvre première passe, aux marges, dans un univers linguistique différent, elle va prendre un relief particulier, acquérir une autonomie qui donnera du prix à sa descendance « sauvage ». Notons que ce type de processus est observable aussi bien en matière de prose narrative que de poésie, de musique que de théâtre ou même de danse, et concerne finalement toutes les formes d’art.
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Parties annexes
Note biographique
Donatien Laurent a été directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS). Il a été professeur à l’Université de Bretagne Occidentale à Brest, où il a été nommé en 1974, et directeur du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de 1987 à 1999. Après des études supérieures de linguistique, d’archéologie, d’histoire des religions et d’ethnologie à l’Université de Paris V-Sorbonne et à l’Institut d’ethnologie du Musée de l’Homme, il a présenté en 1974, sous la direction du professeur André Leroi-Gourhan, une importante thèse de doctorat d’État à l’Université René-Descartes/Paris V : « La Villemarqué, collecteur de chants populaires : étude des sources du premier Barzaz-Breiz à partir des originaux de collecte (1833–1840) », qui a été publiée en 1989. Chercheur de terrain, ses travaux ont principalement porté sur les traditions et les pratiques orales de la Bretagne (chansons, gwerz, contes), leur histoire et leurs rapports à l’écrit, de même que sur les folkloristes qui les ont recueillies.
Notes
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[1]
George Doncieux, Le Romancero populaire de la France, Paris, Librairie Émile Bouillon, éditeur, 1904, p. 96.
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[2]
Voir Geneviève Massignon, Trésors de la chanson populaire française : autour de 50 chansons recueillies en Acadie, 2 vol. revus, corrigés et édités par Georges Delarue, Paris, Bibliothèque Nationale de France, 1994, 371 p. (textes) + 161 p.
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[3]
F. J. Child, The English and Scottish popular ballads, New York, nouvelle édition 1965, tome i, n˚ 42, Clerk Colvill, p. 371–389.
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[4]
Parenté toujours évidente pour les chercheurs spécialistes. Je me rappelle avoir fait entendre à un colloque au Danemark un enregistrement d’« An aotrou Nann » chanté par les soeurs Goadec, que je traduisais en anglais au fur et à mesure. Lorsque les chanteuses en arrivèrent au dialogue entre le seigneur et la fée (« Préférez-vous m’épouser ou rester sept ans à languir? »), je vis dans l’assistance une rangée de personnes se dresser en levant les bras : il s’agissait du groupe des chercheurs des îles Féroé, qui reconnaissaient leur ballade d’« Elveskud ».
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[5]
L. Fleuriot, « Les lais bretons », dans Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne, Paris-Genève, Champion-Slatkine, 1987, t. 1 chapitre 5, p. 131.