Résumés
Résumé
L’histoire de la collecte ethnologique au Canada français pourrait-elle faire fi de la contribution des prêtres et des religieux ? La réponse serait négative dans la plupart des cas, tellement leur apport paraît primordial : depuis le mot d’ordre lancé par l’abbé Henri-Raymond Casgrain (« Hâtons-nous de recueillir… », 1863), en passant par les religieux lexicographes, la Société du parler français au Canada (1902) et le mouvement de « nationalisation de la littérature » de l’abbé Camille Roy (1904-1905) qui allait ouvrir la voie à la littérature du terroir (1914-1945), au travail des généalogistes (Cyprien Tanguay), au déploiement des sociétés d’histoire au Canada français (Lionel Groulx, Victor Tremblay, Lorenzo Cadieux), aux prêtres éducateurs qui collectionnent des objets muséographiques dans les collèges (Paul-André Leclerc), qui photographient et filment la vie traditionnelle (Maurice Proulx et Albert Tessier), en visitant la fondation des Archives de folklore par Luc Lacourcière et Félix-Antoine Savard en 1944 et son rayonnement en Amérique française (Germain Lemieux en Ontario et au Québec, et Anselme Chiasson en Acadie) jusqu’à la Révolution tranquille, période de transition qui connaîtra l’entrée en masse de religieuses (Catherine Jolicoeur, Denise Rodrigue, etc.,1960-1975) après le passage éclair de soeur Marie-Ursule (1946-1951) et mènera à la laïcisation de l’État, la quête patrimoniale par les clercs confirmerait que « la foi est gardienne de la langue » comme « la langue est gardienne de la foi ».
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Parties annexes
Note biographique
Ethnologue et professeur titulaire à l’Université Sainte-Anne (2004-2011), Jean-Pierre Pichette a occupé la chaire de recherche du Canada en oralité des francophonies minoritaires d’Amérique (Cofram). Nommé professeur associé à cette université (2011) et à l’Université de Moncton (2013), il poursuit son programme d’édition d’un corpus de littérature orale (Éclore). Il est membre du Groupe de recherche en études acadiennes (Gréa) et de la Société Charlevoix, vouée à l’étude de l’Ontario français. Il a dirigé des collections d’ouvrages en ethnologie (« Mémoires d’homme », « Les Archives de folklore »), des revues (Revue du Nouvel-Ontario, Rabaska, Port-Acadie), publié ses thèses (le Guide raisonné des jurons, 1980 ; L’Observance des conseils du maître, Médaille Luc-Lacourcière 1991, Le Répertoire ethnologique de l’Ontario français, 1992) et assuré la direction d’une quinzaine d’ouvrages collectifs, notamment L’Œuvre de Germain Lemieux, s.j. (1993), les Cahiers Charlevoix (1995-2010) et, avec Gaétan Gervais, la codirection du Dictionnaire des écrits de l’Ontario français (2010).