Résumés
Résumé
L’abbé Jean-Marie Perrot occupe une place originale et restée longtemps méconnue dans le domaine de la collecte ethnographique en Bretagne à l’aube du xxe siècle. Ordonné prêtre dans un contexte tendu de remise en cause des acquis de l’Église par la République radicale, il entend recourir aux traditions populaires comme moyen de réaffirmer la foi, la langue et la culture bretonnes. Pour mettre en pratique ce projet, il organise un concours de vaste ampleur, nommé Barzaz Bro-Leon, qui vise à rassembler une grande collecte de chansons en breton. Grâce à cette méthode originale d’enquête orale, à ses importants réseaux ecclésiastiques et laïques, à son énergie et à son fort charisme personnel, Jean-Marie Perrot parvient à rassembler en quelques mois la plus importante collecte de chansons jamais réunie en Léon (Nord-Finistère). Le but de cette entreprise est la publication d’un ouvrage valorisant ces savoirs et destiné à l’éducation des jeunes générations, qui n’est finalement jamais publié de son vivant. Par son souci de transmission intergénérationnelle et populaire, par son désir de revitalisation de la « nation » bretonne à travers les traditions orales autant que par son recours à un concours pour mener à bien son projet, Jean-Marie Perrot se distingue nettement, dans ses discours comme dans ses actes, de l’esprit qui anime la plupart des collecteurs-folkloristes du xixe siècle. Après avoir présenté le contexte, le contenu et les enjeux du Barzaz Bro-Leon, cette communication évoque la pertinence que conserve une telle collecte au début du xxie siècle, tant du point de vue de la méthodologie d’enquête ethnographique que de la valeur patrimoniale d’un répertoire chanté qui, un siècle après sa collecte, parvient à garder sens dans la société bretonne d’aujourd’hui.
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Parties annexes
Note biographique
Éva Guillorel est titulaire d’un doctorat en histoire moderne à l’Université Rennes 2, portant sur les comportements et les sensibilités dans la Bretagne d’Ancien Régime. Sa thèse a été publiée en 2010 sous le titre La Complainte et la plainte. Chansons, justice, culture en Bretagne (xvie-xviiie siècles). Après des recherches postdoctorales aux États-Unis (Université Harvard) et au Québec (Université Laval), elle est désormais maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Caen Basse-Normandie. À la suite d’un master en ethnologie soutenu à l’Université de Bretagne Occidentale, elle travaille actuellement, en collaboration avec Donatien Laurent, à la publication du fonds de chansons constitué par l’abbé Jean-Marie Perrot en 1906.