Disputatio

Réponses à mes critiques[Notice]

  • David Davies

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J’aimerais d’abord remercier mes trois critiques de l’empressement avec lequel ils se sont prêtés à ce débat, de leurs commentaires précieux et pertinents sur mon livre ainsi que de l’amabilité des propos qui précèdent et concluent leurs observations critiques. Bien entendu, comme l’a remarqué Marc Anthony, la première tâche d’un commentateur critique n’est pas de faire l’éloge de son sujet, mais d’y plonger. Ou, peut-être plus aimablement, la tâche est-elle de soulever des questions concernant la position de l’auteur en répondant à celles qui du point de vue même de celui-ci sont susceptibles d’être plus nuancées ou moins confuses. Mes critiques, et c’est avec plaisir que je le dis, ont exécuté leur part de ce pas de deux avec beaucoup d’élan, en suggérant de nouveaux développements à mes opinions, en émettant des critiques fondamentales à propos de certaines des hypothèses sous-jacentes à mon livre et en révélant les endroits où la formulation de mon argumentation manquait de clarté, puisqu’elle a été mal comprise de la part de mes critiques. J’essaierai de rédiger mes propres réponses de telle sorte qu’elles soient à la hauteur de leur habileté ; je recevrai avec plaisir la première catégorie de ces réactions, proposerai d’autres clarifications en réponse à la troisième et fournirai de solides réflexions supplémentaires — dont plusieurs ont déjà retenu mon attention depuis que j’ai terminé ce livre — en réponse à la deuxième catégorie. Paisley Livingston exprime trois sortes de préoccupations. Premièrement, il conteste la cohérence de la notion de valeur artistique à laquelle je souscris, dans le chapitre X, dans mon argument contre « l’empirisme éclairé » et contre les prétendues conséquences ontologiques de cet argument. En deuxième lieu, et plus fondamentalement, il met en cause la force de la « contrainte pragmatique » en tant qu’outil méthodologique dans la philosophie de l’art, et il se demande si mon propre argument contre l’empirisme éclairé peut répondre à cette contrainte. Finalement, il fait apparaître des difficultés concernant mon emploi du terme « énoncé artistique » dans l’analyse de la délicate structure du centre d’appréciation. Livingston formule ses idées à propos de mon argument contre l’empirisme éclairé sous l’angle de deux questions auxquelles, croit-il, on devrait répondre par la négative : « A-t-on raison de croire : 1) qu’il existe une valeur artistique incompatible avec une thèse expérientialiste raisonnable ; et 2) que seule l’ontologie de l’art comme action particulière puisse reconnaître cette valeur correctement ? ». Je suis tout à fait d’accord avec lui sur la deuxième question, mais je m’oppose lorsqu’il insinue que, comme il l’a déclaré précédemment, je crois que « l’une des raisons pour lesquelles nous devrions préférer [la] théorie de l’oeuvre comme action particulière aux autres options est une considération d’ordre axiologique : l’option “contextualiste”, y compris une variante que Davies nomme “l’empirisme éclairé” [enlightenened empiricism], souffre de ne pas pouvoir reconnaître une des espèces de la valeur artistique ». L’argument présenté contre l’empirisme éclairé complète ma critique des hypothèses « empiristes » au sens large à propos de l’art telles que contenues dans la vision du « sens commun » exposée dans le premier chapitre. L’empiriste éclairé cherche à préserver une axiologie empiriste de l’art tout en la refusant à l’épistémologie empiriste. Je dirais que l’empirisme éclairé est une option attrayante pour ceux qui lisent l’argument contre l’épistémologie empiriste de la manière dont les empiristes ont tendance à le lire. Mais, comme je l’ai indiqué à deux reprises (255, 260), que Levinson — un contextualiste par excellence — souscrive à l’empirisme éclairé, cela est discutable. Dans Art as Performance, je laisse entendre que, tout …