Comptes rendus

Nicholas Rescher, Metaphysics: The Key Issues From A Realistic Perspective, Amherst (NY): Prometheus Books, 2006, 352 pages.[Notice]

  • Frédéric Tremblay

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  • Frédéric Tremblay
    SUNY at Buffalo

S’inscrivant dans la tradition de la métaphysique aristotélicienne, l’auteur rassemble les idées, thèses et théories qu’il a soutenues et défendues au cours de sa carrière sur des thèmes de métaphysique contemporaine: l’existence, les catégories et les distinctions, la complexité, la vérité et la réalité, les lois de la nature, l’ontologie du processus, l’idéalisme pragmatique et le réalisme métaphysique, le réalisme scientifique, la non-existence, les mondes possibles, les limites de la connaissance, l’explicabilité, la raison suffisante et la théorie ultime, l’optimalisme et l’avenir de l’explication axiologique. Ces thèmes ne sont rattachés par aucune thèse directrice, sinon par deux prémisses méthodologiques qui traversent l’ouvrage: le réalisme pragmatique et le faillibilisme. Selon l’auteur, la notion d’être est toujours corrélative à un domaine (realm). Être, c’est: 1) appartenir à un domaine indépendant de la pensée; et 2) participer au commerce de la causalité du monde. L’existence est attribuée aux choses (et à leurs parties) qui conviennent à ces deux critères, mais aussi à leurs propriétés, relations, processus, champs de force, etc. L’observabilité n’est pas une condition nécessaire d’existence. En effet, les nombres, par exemple, sans être observables, ont néanmoins une existence concep­tuelle. Cependant, l’auteur remet en question que les assomptions, suppositions, hypothèses et fictions littéraires puissent avoir une existence (conceptuelle ou non). L’auteur qualifie sa position de réalisme métaphysique: doctrine suivant laquelle le monde existe de façon substantiellement indépendante de la pensée des êtres qu’il contient. Plus précisément, le réaliste métaphysique se commet à quatre thèses générales. Il admet que ce qui existe est: 1) autosubsistant (c.-à-d. a une identité endurante); 2) à l’intérieur de l’ordre causal des choses; 3) public; et 4) indépendant de l’esprit. Malgré ce dernier critère, la réalité n’est pas distincte de l’apparence mais lui est plutôt coordonnée, lorsque les apparences sont adéquates. Cependant, l’expérience objective n’est possible qu’à condition que soit présupposée l’existence du réel, et la présupposition ontologique demeure un postulat fonctionnel. Certes, c’est par l’observation — la systématisation inductive — que la vérification de nos postulats doit s’accomplir, mais la postulation a priori du réel est néanmoins nécessaire pour ouvrir le chemin à l’investigation. En d’autres termes, la justification méthodologique du réalisme est pragmatique. De plus, parce que l’idée du réalisme est notre idée, elle suppose aussi une certaine forme d’idéalisme. Ainsi donc, la fondation méthodologique du réalisme est paradoxalement pragmatique et idéa­liste. Dans les deux cas, l’influence de C. S. Peirce est indéniable. Conformément au fondement pragmatico-idéaliste du réalisme, les caté­gories ontologiques sont traitées comme des schèmes conceptuels relatifs aux cultures et formes biologiques. Les protocatégories répondent alors aux questions de base: lequel? combien? de quel genre? comme quoi? etc. La thèse de la relativité des schèmes est confrontée à l’argument de la traductibilité de Davidson. Or, selon l’auteur, si l’argument de la traductibilité était correct, nous pourrions traduire un traité de chimie contemporaine en ionien de l’époque de Thalès et d’Anaximandre. Quant aux différences catégorielles, elles sont exprimées par des distinctions. Pour être valides, celles-ci doivent être non seulement rationnelles (distinctio rationis), mais aussi réelles (distinctio realis), comme Suárez l’enseignait. De plus, elles doivent découper la réalité à ses joints, comme l’affirmait déjà Platon. L’auteur dresse une table des erreurs courantes de distinctions, qui se divisent en matérielles et formelles: les espèces de l’erreur matérielle sont la vacuité, la trivialité et la futilité; celles de l’erreur formelle sont l’imprécision, la nonexclusivité et la nonexhaustivité. En ce qui concerne le thème de la complexité, un chapitre en décrit les différents modes: épistémique (descriptif, génératif, computationnel), ontologique (compositionnel, taxonomique), structurel (organisationnel, hiérarchique), fonctionnel (opérationnel, nomique). Ces modes, …

Parties annexes