Comptes rendus

Aidan McGlynn. Knowledge First ?, Houndmills, Palgrave Macmillan, 2016, 227 pages[Notice]

  • SIMON-PIERRE CHEVARIE-COSSETTE

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  • SIMON-PIERRE CHEVARIE-COSSETTE
    University College, Oxford

Après quarante ans de tentatives de réduction de la connaissance après Gettier, le système nouveau proposé par Williamson dans Knowledge and its Limits, qui propose d’abandonner l’analyse de la connaissance et de la considérer comme « première » (Knowledge First), a certainement été un vent de fraîcheur. Quinze ans plus tard, Aidan McGlynn entreprend, dans Knowledge First ?, de faire l’évaluation méticuleuse de ce projet, dont les disciples se sont récemment multipliés. McGlynn propose six éléments principaux de la Knowledge First (p. 15-18) : Après une introduction fort édifiante et accessible (§ 1), McGlynn explore les thèses (1.-5.) à travers les thèmes de la croyance (§ 2), de la justification (§ 3), des états évidentiels (evidence) (§ 4), de l’assertion (§ 5) et de l’action (§ 6). Il consacre la deuxième partie de son livre (§ 7 et § 8) à la connaissance comme état mental (6). Si McGlynn reconnaît que l’approche de Williamson est « la contribution la plus systématique à la philosophie analytique depuis David Lewis » (p. x), son livre est un constat d’échec. Les nuances que la Knowledge First met au rencart valent mieux que sa systématicité (p. xi). Il convient d’ajourner l’évaluation globale du projet de McGlynn (qui serait une évaluation d’évaluation !). Je concentrerai mon attention sur certains de ses arguments sur la croyance (§ 2) et sur l’état évidentiel (§ 4) qui m’ont semblé déficients. Cela dit, il faut souligner la qualité du travail de McGlynn, en particulier dans la cinquième partie, où il consacre près de cinquante pages aux assertions paradoxales comme « il pleut, mais je ne sais pas qu’il pleut » et « ceci est un billet de loterie perdant qui a une chance sur un million d’être gagnant ». Le partisan de la Knowledge First a le luxe d’en expliquer l’absurdité par le fait qu’elles ne sont pas des connaissances : ce sont des croyances manquées (2) que nous devons abandonner (5). Le défi pour McGlynn est de proposer un autre diagnostic. Dans § 2, McGlynn entend mettre à mal la thèse selon laquelle la connaissance prime sur la croyance (2) et selon laquelle la norme de la croyance est la connaissance (5). Il procède ainsi (p. 23) : Il me semble que McGlynn réussit à miner (2), mais pas (5). Voici pourquoi. I. D’abord, voici une paraphrase de l’exemple qu’il propose (p. 26-27) : En effet, il y a un monde pertinent dans lequel le billet de Jane est gagnant. Malgré tout, ce serait une chance extrême que d’avoir un billet gagnant ! McGlynn nous invite à juger que Jane est tout à fait raisonnable et rationnelle. En conservant sa croyance, Jane n’est pas coupable d’un « échec normatif flagrant » (« gross normative failure », p. 28). Jusqu’ici, tout va bien. II. Ensuite, McGlynn affirme que son diagnostic sur Jane contredit les quatre thèses suivantes : Le diagnostic de McGlynn sur Jane implique la négation de (A), de (B) et de (D). Mais (C) est parfaitement compatible avec Jane et la loterie. McGlynn tente bien sûr de nous persuader du contraire. Pour ce faire, il mobilise l’argument suivant (p. 31) : Cet argument n’est pas valide. Tout ce qu’on peut tirer de ses prémisses est « Jane ne croit pas que la norme de la croyance est la connaissance ». Pour croire que l’on …

Parties annexes