Pistes à suivre

Syndicalisme et santé au travail de Goussard et Tiffon[Notice]

  • Jessica Dubé

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  • Jessica Dubé
    Professionnelle scientifique, IRSST, chargée de cours RH/SST, ESG-UQAM, jessica.dube@irsst.qc.ca

À l’ère où se multiplient les nombreuses transformations du travail ainsi que les témoignages des salariés en souffrance, les organisations syndicales ne sont plus jamais attendues sur le terrain pour agir en prévention des risques professionnels. Cet ouvrage avait comme objectif de répondre aux questions suivantes : Comment s’emparent-elles de ce sujet, longtemps resté dans l’ombre des revendications sur l’emploi et la rémunération ? Dans quelle mesure parviennent-elles à s’extraire des raisonnements hygiénistes et individualisants qui rendent les salariés responsables des maux dont ils souffrent ? En quoi sont-elles amenées à renouveler leurs pratiques ou, au contraire, à réinvestir des questions déjà posées dans les années 1960-70, au moment où certaines d’entre elles critiquaient le taylorisme, militaient pour le droit d’expression des travailleurs et luttaient contre les cadences infernales ? En somme, quelles revendications portent-elles aujourd’hui sur le travail, son organisation et ses finalités ? Pour répondre à ces diverses questions, cet ouvrage réunit à la fois des contributions d’universitaires, de syndicalistes et d’experts des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Il s’adresse aussi bien aux chercheurs en sciences sociales qu’aux acteurs de la prévention des risques professionnels (p. ex. inspecteurs du travail, formateurs, ergonomes, etc.) souhaitant s’emparer de cette thématique pour redynamiser le conflit social et penser à des nouvelles voies d’émancipation des travailleurs. Cet ouvrage collectif, sous la direction de Lucie Goussard et Guillaume Tiffon, est structuré de façon à vous proposer les six parties suivantes : 1. Transformation du travail et santé des salariés : Nouvelle donne pour les organisations syndicales ? 2. Le CHSCT, portée et limites 3. Savoirs militants, savoirs experts. Quelles articulations ? 4. La santé au travail se négocie-t-elle ? 5. Comment (re)politiser les débats sur la santé au travail ? 6. La santé au travail, une opportunité pour repenser l’action syndicale ? Retour sur quelques expérimentations. La première partie présente les nombreuses transformations dans le monde du travail ayant comme impact une individualisation, une psychologisation et une précarisation subjective des salariés. Dans ce contexte, le premier chapitre montre que l’action syndicale en matière de prévention des risques professionnels est devenue d’autant plus difficile à mener que les salariés sont de plus en plus mis en concurrence et isolés qu’avant et que cela a comme effet l’éclatement des collectifs de travail. Le chapitre suivant porte sur le regard des différents acteurs dans les organisations qui ont comme objectif la santé et sécurité au travail des salariés. Nous y découvrons une injonction paradoxale chez les gestionnaires. Ils sont à la fois désignés comme les responsables de la souffrance des salariés et comme les acteurs décisifs de la politique de prévention des risques professionnels, tout en étant porteurs d’un style de gestion « plus souple » et « plus humain », au moment où les contraintes se resserrent et les moyens diminuent. Ces deux chapitres proposent au syndicalisme de repenser ses modes d’action. La deuxième partie analyse l’évolution du travail syndical sur ces différentes sphères d’action à partir de trois points de vue différents : de chercheur, d’expert CHSCT et de syndicaliste. Plusieurs enjeux sont mis en lumière afin de mieux comprendre l’affaiblissement du rapport de force auquel les élus sont confrontés pour orienter les politiques de prévention, qui demeurent en dernier ressort une prérogative de l’employeur. Ensuite, les savoirs militants et les savoirs experts essaient de se rencontrer dans la troisième partie de cet ouvrage. Différents chapitres abordent, chacun à leur manière, les questions suivantes : quels usages les uns et les autres ont-ils de la science, en tant qu’institution légitime pour produire un « savoir savant », présenté comme …