Recensions

La capacité de choisir : Le Canada dans une nouvelle Amérique du Nord, sous la direction de George Hoberg, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2002, 379 p.[Notice]

  • Peter Graefe

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  • Peter Graefe
    Université McMaster

Cette collection de textes fait partie du projet des « Tendances », un partenariat du Secrétariat de la recherche sur les politiques du gouvernement fédéral et du Conseil de recherches en sciences humaines. Dans le cadre de ce projet, on a créé des équipes multidisciplinaires pour sonder et « évaluer les principales forces susceptibles d’influencer la société canadienne, ainsi que l’action qu’elles pourraient exercer sur les politiques futures » (p. 9). L’intégration du Canada dans l’espace continental est la principale force en question pour les textes réunis ici par George Hoberg et elle est traitée selon ses incidences sur les plans économiques, culturels et politiques. Cette division s’avère toutefois un peu artificielle puisque tous les chapitres traitent de l’effet des forces économiques sur les choix en matière de politiques publiques. Le fait que le projet traite de « tendances » prépare le lecteur à des textes de synthèse qui discutent de ce qui se passe aux frontières de la recherche, et qui essayent d’orienter les recherches futures. Une courte introduction de G. Hoberg situe la question de l’intégration continentale grâce à un historique des tentatives en matière commerciale entre le Canada et les États-Unis depuis le xixe siècle, et à quelques chiffres sur la montée en flèche des échanges avec les États-Unis depuis 15 ans. Les chapitres économiques traitent de quatre enjeux. John Helliwell, Frank C. Lee et Hans Messinger reprennent les travaux antérieurs de J. Helliwell sur l’effet de la frontière sur la densité des échanges pour souligner que la libéralisation des commerces n’a exercé qu’une influence limitée sur l’expansion et le renforcement du commerce interprovincial. Ronald Kneebone évalue, à son tour, la politique macroéconomique récente du Canada pour souligner la présence d’une marge de manoeuvre, bien que cette marge ait été réduite par le haut niveau d’endettement public. Rafael Gomez et Morley Gunderson analysent les effets probables de l’intégration des marchés du travail. Ils concluent que celle-ci augmente les pressions en faveur de la libéralisation de ces marchés et de la réduction des protections pour les travailleurs, mais que les politiques publiques pourront donner lieu à plusieurs équilibres autres qu’une harmonisation vers le bas. Enfin, J. Helliwell fait une recension des écrits sur l’exode des cerveaux pour suggérer que les données disponibles, bien qu’elles soient très incomplètes, montrant que ce phénomène a été exagéré et que le taux d’émigration de Canadiens hautement qualifiés vers les États-Unis est nettement plus bas qu’il y a 30 ans. La partie politique de la collection présente trois textes. Laura Macdonald analyse les relations entre l’État et la société civile dans l’élaboration des politiques d’intégration libre-échangistes. Elle suggère que le processus politique autour de la négociation et de la ratification des accords de libre-échange n’était démocratique que dans un sens très restreint, même si elle pense observer une ouverture à une plus grande participation de la société civile. François Rocher et Christian Rouillard, à leur tour, demandent si une intégration continentale basée sur la quête d’une plus grande efficacité économique peut être conciliée avec les principes du fédéralisme, notamment la diversité. Ils répondent par la négative, tout en soulignant que l’intégration semble avoir tendance à accroître la présence du gouvernement central dans le système fédéral canadien. Enfin, G. Hoberg, Keith Banting et Richard Simeon poursuivent la réflexion féconde entamée dans leur livre Degrees of Freedom (1997) pour analyser le degré de convergence entre le Canada et les États-Unis. Ils concluent que les pressions internationales ont des effets critiques sur les capacités des gouvernements de gérer leurs programmes, mais que la convergence entre les pays ne se fait pas pour autant grâce à …