Résumés
Résumé
Pour comprendre la genèse de la philosophie politique de Claude Lefort, il faut d’abord examiner la critique du marxisme que Maurice Merleau-Ponty propose dans Les aventures de la dialectique. Pour celui-ci, le marxisme est condamné à osciller entre deux pôles aussi intenables l’un que l’autre : ou bien il fait du prolétariat l’incarnation de la praxis, qui se définit comme fusion de la théorie et de la pratique, ou bien il objective le prolétariat et se fait par là le négateur de la praxis. Le marxisme de C. Lefort au cours des années 1950 est une illustration de cette oscillation. Or, l’analyse des écrits ultérieurs de Merleau-Ponty montre qu’il reconduit l’oscillation propre au marxisme après l’avoir pourtant critiquée. La philosophie politique de C. Lefort demeure aussi prise dans une telle oscillation, hésitant entre une théorie de la démocratie qui en fait une sorte de régime philosophique et une élaboration qui s’appuie sur l’idée que la démocratie est aveugle à elle-même et a besoin d’un « dehors » pour s’énoncer.
Abstract
In order to understand the genesis of Claude Lefort’s political philosophy, one must first examine Maurice Merleau-Ponty’s critique of marxism in Adventures of the Dialectics. For Merleau-Ponty, marxism will always be caught in an oscillation : either it identifies the proletariat to the praxis, or it objectifies the proletarian class, therefore negating the praxis. C. Lefort’s marxism during the 1950’s is an example of this oscillation. It is remarkable to see that Merleau-Ponty’s writings after his critique of marxism are still caught in that oscillation. The same can be said of C. Lefort’s political philosophy, which hesitates between a theory of democracy in which democracy is a kind of “philosophical regime” and a theory based on the idea that democracy is blind to itself and therefore needs an “outside” to get an exact idea of what it is.