Recensions

Les mutations de l’espace public de Jean Mouchon (dir.), Paris, L’esprit du livre, 2005, 283 p.[Notice]

  • Adriana Dudas

…plus d’informations

  • Adriana Dudas
    Université Laval

Abordant une thématique d’actualité qui reste encore peu connue (ou analysée) dans plusieurs champs d’étude, les articles rassemblés dans le livre Les mutations de l’espace public représentent les résultats des recherches menées sur le sujet au séminaire doctoral de l’Université de Paris X. Différents du point de vue de la perspective de recherche, du pays de référence ou du corpus de travail, les textes portent un intérêt commun aux changements dans l’espace public et se donnent un même objectif de recherche : « par-delà du constat quotidien de transformations intuitivement ressenties comme importantes, l’objectif de ce travail collectif est d’en identifier les formes récurrentes et de mesurer leurs effets sur les processus de régulation de la démocratie » (p. 9). L’ouverture et les perspectives différentes dans la recherche à l’intérieur de l’ouvrage ne viennent pas seulement du mélange de plusieurs références culturelles ou de la diversité des corpus d’analyse, mais aussi de la diversité de profils des chercheurs-auteurs qui donne au coordonnateur la conviction profonde « que le croisement des compétences données par la formation disciplinaire, la culture d’appartenance ou la sensibilité générationnelle augmente l’acuité de perception et la faculté de compréhension des phénomènes observés ». Le livre comprend neuf articles précédés par une introduction et complétés par une conclusion, rédigées, les deux, par le coordonnateur de l’ouvrage, Jean Mouchon. Pour les articles, la bibliographie combine les notes de bas de pages avec les références de fin d’article. L’introduction organise déjà la lecture, divisant les sujets et les manières d’analyser les sujets selon trois critères : l’espace public aux prises avec les TIC (technologies de l’information et de la communication), le reformatage de l’espace public et la mutation de l’espace public. Aussi divers qu’ils semblent être, nous croyons que les textes peuvent être organisés selon deux axes principaux, soit l’étendue spatiale de leurs contenus et intérêts de recherche et les outils médiatiques et/ou de communication qu’ils analysent. Selon l’étendue spatiale de leurs intérêts, nous avons identifié des études qui, quoique partant des corpus d’analyse nationaux, ont une ouverture internationale dans leur questionnement et leur visée. Les textes de Jean Mouchon, d’Anne-Marie Gingras, d’Amar Lakel, de Laurence Favier et Joel Mekhantar, d’Arnaud Mercier et Brigitte Juanals interrogent ainsi l’internationalisation à travers les mouvements sociaux, les e-gouvernements nationaux, les structures de régulation de l’Internet, les syndicats ou, plus encore, les spécificités des études des deux sciences s’intéressant aux transformations dans l’espace public. Partant du constat que « l’épuisement de certaines formes traditionnelles de la représentation politique va de concert avec l’émergence des nouveaux modes d’échange dans la sphère publique » (p. 20) et, donc, des nouvelles formes de délibération, J. Mouchon se donne comme objectif dans son article d’interroger « ces formes émergentes de délibération publique » (p. 21). C’est en analysant les nouvelles formes de débat public à la télévision (plus exactement le passage du débat public au talk-show) que l’auteur constate un élargissement de participation aux consultations / décisions. L’auteur remarque que les nouvelles formes de participation citoyenne ou les nouvelles formes de consultation populaire provoquent et/ou suivent les mutations dans les formes de démocratie et il conclut en dressant un portrait (« forcément provisoire ») des formes de l’engagement collectif dans la société actuelle. Leur mise en rapport avec les caractéristiques des anciennes formes ne se veut donc pas un constat final et clos sur la société contemporaine, mais surtout une ouverture vers la compréhension du nouvel espace public autant national qu’international. A.-M. Gingras considère, elle aussi, que « la question de l’espace public se pose avec une acuité toute particulière au moment où les formes de …