Recensions

Les systèmes électoraux et les modes de scrutin de Pierre Martin, Paris, Montchrestien, 2006, 3e éd., 156 p.[Notice]

  • Ronan Teyssier

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  • Ronan Teyssier
    Département de science politique, Université Laval

Tant de politologues ont écrit sur les systèmes électoraux et les modes de scrutin que le sujet semble ne pouvoir être envisagé ni de manière totalement originale, ni de manière véritablement synthétique. Pour autant, si cet ouvrage, publié dans la collection « Clefs Politique » de l’éditeur Montchrestien, n’a pas prétention d’innover, il vise bien à rassembler en un nombre limité de pages une grande quantité d’information et d’illustrations sur le fonctionnement des modes de scrutin. Partant d’une définition de ces derniers comme étant les mécanismes par lesquels les suffrages exprimés par les électeurs sont transformés en sièges parlementaires (p. 9 et 35), Pierre Martin se donne la double tâche de présenter dans le détail les familles majoritaire et proportionnelle et de discuter de l’impact des modes de scrutin (les règles du jeu politique) sur les calculs et les stratégies des acteurs politiques (p. 10). Avant d’aborder la description proprement dite des modes de scrutin, P. Martin peint à grands traits dans le premier chapitre les caractéristiques générales des pratiques électorales des démocraties représentatives. Après avoir rappelé la centralité de l’élection dans la vie politique démocratique, l’auteur passe en effet rapidement en revue la composition du corps électoral, les modalités du vote, le mandat électoral ainsi que les pressions et les fraudes électorales. Plus fondamentalement pour la suite de l’ouvrage, le premier chapitre se termine sur l’évocation de la « double dynamique » de « dualisme » et de « dispersion » présente selon l’auteur dans toute démocratie représentative (p. 30-32). Ces deux mouvements potentiellement contradictoires découlent des fonctions de désignation des dirigeants politiques et de représentation de la société qui appartiennent aux élections. Suivant que l’on valorise l’une par rapport l’autre, on se rangera, dans le débat entre partisans des scrutins majoritaires et proportionnalistes, du côté des premiers ou au contraire des seconds. Le deuxième chapitre est consacré aux modes de scrutin majoritaires. Après un rappel de leur origine et de leurs premières applications historiques, P. Martin procède successivement à l’examen des scrutins uninominaux et plurinominaux. Ce chapitre comporte de nombreux exemples provenant d’époques et de lieux divers, mais on y trouve surtout l’énoncé systématique, pour chaque mode de scrutin envisagé, des quelques règles générales de son fonctionnement. Par exemple, il explique que l’utilisation du scrutin uninominal à un tour se traduit généralement par « une amplification de la victoire du premier parti sur le second », par l’écrasement de la représentation des autres partis et par la dépendance qu’entretient la représentation d’un parti avec la répartition géographique de ses suffrages (p. 38). L’auteur étaie son propos en faisant notamment référence à l’élection fédérale canadienne de 1993. Il poursuit logiquement en énonçant les règles de fonctionnement des scrutins uninominaux à deux tours, qu’il choisit d’illustrer en se référant aux élections législatives françaises de 1993 (p. 47-49), puis aborde de manière similaire les scrutins plurinominaux à un tour, alternatif et à deux tours (p. 51-57). L’examen des modes de scrutin majoritaires se termine sur l’énoncé des cinq règles caractérisant leur fonctionnement habituel. Le troisième chapitre porte quant à lui sur les modes de scrutin proportionnels. Comme précédemment, P. Martin ouvre la discussion en rappelant l’origine historique de ces modes de scrutin puis présente successivement les « méthodes par quotient » et les « méthodes par diviseurs ». Utilisant le même procédé que dans le deuxième chapitre, l’auteur offre de nombreuses illustrations de son propos et énonce les règles régissant habituellement le fonctionnement des modes de scrutin proportionnels (p. 85). Cependant, en raison de la complexité relative de leur application, il présente plusieurs exemples théoriques permettant d’exposer clairement au lecteur la …