Résumés
Résumé
Loin d’une conception de la politique limitée aux seuls aspects institutionnels et indépendante des autres sphères de la société, cet article montre que, si la participation politique des femmes est tributaire d’une démocratie qui les a longtemps exclues, elle ne se réduit pas à cela. Dans la sphère politique, les femmes développent des pratiques alternatives d’engagement marquées par l’enchevêtrement des temps sociaux. Dans la sphère privée, elles engagent une dynamique d’individuation concertée dans le couple qui met en cause la domination masculine. Elles contribuent ainsi à renouveler les définitions normatives du politique et du domestique comme elles introduisent de nouvelles articulations entre les deux.
Abstract
Far from being limited only to institutional aspects of politics and independent from the other spheres of society, this article will show that even though women’s political participation is dependent on democracies that have long excluded them, it goes beyond that. In the political sphere, women have developed alternative practices characterized by an interweaving of social agendas. In the private sphere, they activate dynamics of concerted individuation that question male domination. They thus contribute to the renewal of normalizing definitions of the political and the domestic spheres, just as they introduce new structures between the two.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Notes
-
[1]
Au titre de la participation politique, la sociologie politique se centre sur la participation électorale, l’engagement dans un parti, la candidature à un mandat électif et l’exercice d’un mandat électif.
-
[2]
Geneviève Fraisse, 1992, La raison des femmes, Paris, Plon.
-
[3]
Janine Mossuz-Lavau, 1993, « Le vote des femmes en France (1945-1993) », Revue française de science politique, vol. 43, no 4, p. 673-689.
-
[4]
Michel Berger, 1993, « Mouvement ouvrier, femmes, pouvoirs », dans Femmes Pouvoirs, sous la dir. de Michèle Riot-Sarcey, Paris, Kimé, p. 108-123.
-
[5]
Laurence Klejman et Florence Rochefort, 1989, L’égalité en marche : Le féminisme sous la Troisième République, Paris, Presses Fondation nationale des sciences politiques / Éditions Des Femmes.
-
[6]
Danièle Kergoat, 2000, « Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe », dans Dictionnaire critique du féminisme, sous la dir. de Helena Hirata, Françoise Laborie, Hélène Le Doaré et Danièle Senotier, Paris, Presses universitaires de France, p. 35-44.
-
[7]
Il faut noter que la nature de la séparation public/privé n’est pas immuable et que les conceptions de cette séparation varient selon les époques. L’État a joué un rôle clé dans la définition et le maintien des différentes sphères d’action envisagées comme relevant du public et du privé. (Georgina Waylen, 2000, « Le genre, le féminisme et l’État : un survol », dans Genre et politique, sous la dir. de Véronique Motier, Lea Sgier et Thanh-Huyen Ballmer-Cao, Paris, Gallimard, coll. « Folio », p. 225.)
-
[8]
Véronique Motier, Lea Sgier et Thanh-Huyen Ballmer-Cao (dir.), 2000, Genre et politique, Débats et perspectives, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais ».
-
[9]
Yannick Le Quentrec et Annie Rieu, 2003, Femmes : engagements publics et vie privée, Paris, Syllepse.
-
[10]
Yannick Le Quentrec, 2004, « Genre et gestion locale du changement dans sept pays de l’Union européenne », sous la dir. de Jacqueline Heinen, Rapport de recherche, Commission européenne, Direction générale de la recherche, 5e Programme-cadre de recherche et de développement (PCRD) ; Yannick Le Quentrec, Daniel Welzer-Lang, Martine Corbière et Anita Meidani, 2005, Les hommes entre résistances et changements, Lyon, Éditions Aleas.
-
[11]
L’application des règles grammaticales se rapportant au masculin générique ou au pluriel du genre pose problème pour l’analyse des rapports sociaux de sexe. Elle invisibilise les femmes même dans les groupes où elles sont majoritaires. Nous l’employons par défaut ou pour respecter des catégorisations officielles ou d’auteurs. Le « é-es » et le « -e » marquent notre volonté de désigner des femmes et des hommes sans faire disparaître les femmes. Le féminin pluriel indique que l’on se centre sur la situation des femmes. (Thérèse Moreau, 2007, « Prière de ne pas épicéner partout », Nouvelles questions féministes, vol. 26, no 3, p. 14-24.)
-
[12]
Le terme de mairesse se réfère aux études québécoises.
-
[13]
Militantisme, engagement, participation politique des femmes, ne se confondent pas même si nous les employons parfois de façon indifférenciée.
-
[14]
Dans cette enquête réalisée au cours des années 1999 et 2000, donc dans la période de discussions et du vote de la loi sur la parité, nous avons conduit des entretiens approfondis auprès de huit élu-es politiques (sept femmes et un homme), mairesses et maire de commune (de 3500 âmes pour six d’entre eux) sur les pratiques et les perceptions de leur mandat et sur ses ajustements avec la vie professionnelle et familiale. Les conjoints et conjointes ont été interrogés dans un entretien séparé sur leurs perceptions du mandat de leur conjoint-e et sur ses interactions avec les sphères professionnelle, familiale et conjugale. Puis, considérant que le couple est constitué d’individualités mais aussi d’une vie en commun, nous avons abordé la participation politique dans le cadre d’un entretien du couple en simultané.
-
[15]
Robert W. Connell, « Masculinités et mondialisation », dans Nouvelles approches des hommes et du masculin, sous la dir. de Daniel Welzer-Lang, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, p. 203.
-
[16]
Michel Hastings, 1996, Aborder la science politique, Paris, Seuil.
-
[17]
Jacques Rancière, 1998, Aux bords de la politique, La fabrique éditions.
-
[18]
Armel Le Bras-Chopard, 2004, Le masculin, le sexuel et le politique, Paris, Plon, p. 25.
-
[19]
Diane Lamoureux, 2000, « Public-privé », dans Dictionnaire critique du féminisme, sous la dir. de Hirata et al., op. cit., p. 172-176.
-
[20]
Danièle Combes et Monique Haicault, 1984, « Production et reproduction. Rapports sociaux de sexe et de classe », Le sexe du travail. Structures familiales et système productif, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, p. 155-174.
-
[21]
Christine Delphy, 1998, L’ennemi principal, 1 : Économie politique du patriarcat, Paris, Syllepse, coll. « Nouvelles questions féministes ».
-
[22]
Monique Haicault, 1984, « La gestion ordinaire de la vie en deux », Sociologie du travail, no 3, spécial « Travail des femmes et famille », p. 268-278.
-
[23]
Danielle Chabaud-Richter, Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Françoise Sonthonnax, 1985, Espace et temps du travail domestique, Paris, La Librairie des Méridiens-Klincksieck.
-
[24]
Colette Guillaumin, 1992, Sexe, Race et Pratique du pouvoir, Paris, Éditions Coté-femmes, p. 19.
-
[25]
Evelyne Tardy, 2002, Les femmes et les conseils municipaux du Québec, Montréal, Cahiers du Québec, 175 p.
-
[26]
Sylvie Pionchon et Grégory Derville, 2004, Les femmes et la politique, Grenoble, Presses de l’Université de Grenoble, p. 27.
-
[27]
Catherine Achin, Lucie Bargel, Delphine Dulong, et al., 2007, Sexes, genre et politique, Paris, Economica, p. 161.
-
[28]
Pionchon et Derville, Les femmes et la politique, p. 27.
-
[29]
INSEE, Femmes et Hommes – Regards sur la parité, Édition 2008. Marie-Jo Zimmermann, « Élections municipales et cantonales 2008 : les partis politiques résistent encore à la parité », Observatoire de la parité entre les Femmes et les Hommes.
-
[30]
Catherine Achin, 2001, « Démocratisation du personnel politique et parité : un premier bilan », Mouvements, no 18/5, Paris, La Découverte, p. 57-61.
-
[31]
Responsables politiques interrogés : le secrétaire adjoint de la Fédération départementale du RPR (Rassemblement pour la République) de la Haute-Garonne, la secrétaire aux droits des femmes de la Fédération départementale du PS (Parti socialiste) de la Haute-Garonne, la porte-parole départementale des Verts de la Haute-Garonne, la secrétaire du Comité régional du PC (Parti communiste).
-
[32]
Eléonore Lépinard, 2007, L’égalité introuvable, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, p. 255.
-
[33]
Le secrétaire adjoint de la Fédération départementale du RPR de la Haute-Garonne (2000).
-
[34]
Geneviève Fraisse, 1995, Muse de la Raison. Démocratie et exclusion des femmes en France, Paris, Gallimard, p. 104.
-
[35]
Le Bras-Chopard, Le masculin, le sexuel et le politique, op. cit.
-
[36]
Pionchon et Derville, Les femmes et la politique, chap. 3.
-
[37]
Achin et al., Sexes, genre et politique, p. 119.
-
[38]
Tardy, Les femmes et les conseils municipaux du Québec, p. 91.
-
[39]
Xavier Denuzat, 2006, « Syndicalisme et domination masculine en France : parcours bibliographique », Recherches féministes, Femmes et syndicalisme, vol. 19, no 1, p. 69-96.
-
[40]
Lépinard, L’égalité introuvable, p. 257.
-
[41]
La secrétaire aux droits des femmes de la Fédération départementale du PS de la Haute-Garonne (2000).
-
[42]
Il s’agit de ressources familiales, territoriales, professionnelles, associatives et immatérielles. (Jérôme Ferret, 1996, Paroles d’élus, Le travail politique au quotidien, Toulouse, Éditions Erès.)
-
[43]
Achin et al., Sexes, genre et politique, p. 135
-
[44]
La secrétaire aux droits des femmes de la Fédération départementale du PS de la Haute-Garonne (2000).
-
[45]
Le Quentrec et Rieu, Femmes : engagements publics et vie privée, p. 20.
-
[46]
Manon Tremblay et Réjean Pelletier, 1995, Que font-elles en politique ?, Québec, Presses de l’Université Laval.
-
[47]
Nicole-Claude Mathieu, 1991, L’anatomie politique, Paris, Éditions Coté-Femmes, p. 155.
-
[48]
Pionchon et Derville, Les femmes et la politique, p. 167.
-
[49]
Le Quentrec et Rieu, Femmes : engagements publics et vie privée, op. cit.
-
[50]
Mariette Sineau, 1988, Des femmes en politique, Paris, Éditions Economica, p. 75.
-
[51]
Mathieu, L’anatomie politique, p. 231.
-
[52]
Id., p. 230.
-
[53]
Roberta S. Sigel, 1996, Ambition and Accommodation : How Women View Gender Relations, Chicago, University of Chicago Press, p. 63.
-
[54]
Anne Guillou, 1998, Histoires d’élus. Enquête en Finistère, Presses universitaires de Rennes, p. 133.
-
[55]
Id., p. 150 ; Tardy, Les femmes et les conseils municipaux du Québec, p. 73.
-
[56]
Guillou, Histoires d’élus. Enquête en Finistère, p. 141.
-
[57]
Evelyne Tardy, 1998, « Profils d’élues municipales au Québec : des reines-abeilles aux féministes », dans La Parité. Enjeux et mise en oeuvre, sous la dir. de Jacqueline Martin, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, p. 111-126. Dans une recherche ultérieure (Tardy, Les femmes et les conseils municipaux du Québec, p. 133), l’auteure réitère le constat d’une forte proportion de reines abeilles parmi les élues municipales.
-
[58]
Mairesse, PS, sans profession, 53 ans, 1 enfant (2000).
-
[59]
Ibid.
-
[60]
Conseillère générale, PS, enseignante, 40 ans, 2 enfants (2000).
-
[61]
Adjointe au maire et conseillère générale, RPR, journaliste retraitée, 63 ans, 3 enfants (2000).
-
[62]
Achin et al., Sexes, genre et politique, p. 136.
-
[63]
Mairesse et conseillère régionale, PS, enseignante retraitée, 53 ans, 4 enfants (2000).
-
[64]
Mairesse, Parti radical, architecte, 48 ans, 2 enfants (2000).
-
[65]
La secrétaire aux droits des femmes de la Fédération départementale du PS de la Haute-Garonne (2000).
-
[66]
Achin et al., Sexes, genre et politique, p. 128.
-
[67]
Nous rejoignons ici le point de vue de Jill M. Bystydzienski, 1995, Women in Electoral Politics : Lessons from Norway, Bloomington, Praeger Publishers, p. 68.
-
[68]
Dominique Loiseau, 1996, Femmes et militantismes, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales ».
-
[69]
Kergoat, « Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe », op. cit.
-
[70]
Le Quentrec et al., Les hommes entre résistances et changements, op. cit.
-
[71]
Cécile Brousse, 1999, « La répartition du travail domestique entre conjoints reste très largement spécialisée et inégale », France, Portrait social, INSEE : 1999-2000, p. 135-151.
-
[72]
Dominique Fougeyrollas-Schwebel, 1994, « Si la famille m’était comptée », Le Nouveau Politis, no 8, p. 37-41.
-
[73]
Quantitativement, ce temps libre est de 2 heures 39 minutes pour les femmes (actives à temps plein) et de 3 heures 28 minutes pour les hommes au cours d’une journée moyenne. (INSEE, Enquête emploi du temps, 1999.)
-
[74]
Le Quentrec et al., Les hommes entre résistances et changements, p. 25.
-
[75]
Philippe Zarifian, 1996, « La notion de temps libre et les rapports sociaux de sexe dans le débat sur la réduction du temps de travail », dans Femmes et partage du travail, sous la dir. de Héléna Hirata et Danièle Sénotier, Paris, Syros, p. 30.
-
[76]
Mairesse, apolitique, tendance PS, enseignante, 50 ans, 2 enfants (2000).
-
[77]
Le petit Robert Dictionnaire de la langue française, 1992, Paris, Le Robert.
-
[78]
Christophe Dejours, 2000, « Le masculin entre sexualité et société », Nouvelles approches des hommes et du masculin, Daniel Welzer-Lang, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, p. 277.
-
[79]
Conjoint d’adjointe au maire et conseillère générale, RPR, agriculteur retraité, 67 ans, 3 enfants (2000).
-
[80]
Alexandra Emboulas, « L’amour en équation : Y=XX+XY, l’exemple de la Saint Valentin », dans Sexes, Espaces et Corps, sous la dir. de Monique Membrado et Annie Rieu, Toulouse, Éditions universitaires du Sud.
-
[81]
Olivier Schwartz, 1990, Le monde privé des ouvriers : hommes et femmes du Nord, Paris, Presses universitaires de France.
-
[82]
Pierre Bourdieu, 1990, « La domination masculine », Actes de la recherche en sciences sociales, no 84, p. 2-31.
-
[83]
L’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff), dans la partie intitulée « Le huis-clos conjugal, haut lieu des violences », distingue quatre types de violence : les insultes, menaces et chantage affectif, les pressions psychologiques (action de contrôle, action d’autorité, dénigrement, mépris), les agressions physiques, les viols et autres pratiques sexuelles imposées(Population et sociétés, 2001, Institut national d’études démographiques / INED, no 364.)
-
[84]
Mairesse et conseillère régionale, PS, enseignante retraitée, 53 ans, 4 enfants (2000).
-
[85]
Sonia Dayan-Herzbrun, 1982, « Sentiment amoureux et travail », Cahiers internationaux de sociologie, vol. LXXII, janvier-juin, p. 113-130.
-
[86]
Le Quentrec et Rieu, Femmes : engagements publics et vie privée, p. 68.
-
[87]
Conjoint d’adjointe au maire et conseillère générale, RPR, agriculteur retraité, 67 ans, 3 enfants (2000).
-
[88]
Nicky Le Feuvre, 2003, Penser la dynamique du genre : parcours de recherche, Toulouse, Dossier d’habilitation à diriger des recherches en sociologie, soutenu à l’Université de Toulouse Le Mirail, le 19 décembre, p. 8.
-
[89]
Pionchon et Derville, Les femmes et la politique, p. 155.
-
[90]
Kergoat, « Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe », p. 41.
-
[91]
Lépinard, L’égalité introuvable, op. cit.
-
[92]
Claude Dubar, 1991, La socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles, Paris, Armand Colin, p. 118.
-
[93]
Mathieu, L’anatomie politique, p. 55.
-
[94]
Yannick Le Quentrec, 2008 [à paraître], « Militants et hommes de militantes. Contrastes et variations de genre », Revue française de science politique.
-
[95]
Le Feuvre, Penser la dynamique du genre : parcours de recherche, p. 8.
-
[96]
Anne Phillips, 2000, « Espaces publics, vies privées », dans Genre et politique, Débats et perspectives, sous la dir. de Véronique Motier, Lea Sgier et Thanh-Huyen Ballmer-Cao, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », p. 405.