Résumés
Résumé
Alors que les phénomènes de désaffection, de perte de confiance ou d’apathie interrogent les démocraties contemporaines, l’implication de citoyens ordinaires au sein d’institutions de démocratie participative semblerait en mesure d’accroître leur compétence civique. Ils y acquièrent une formation à l’action collective, des connaissances techniques et politiques, autant de compétences susceptibles de faire bifurquer significativement leur trajectoire politique. Si ces processus de politisation, fruits de l’engagement participatif, sont en partie issus des dispositions initiales des acteurs et de certaines données générationnelles, ils pourraient néanmoins avoir un impact significatif sur le fonctionnement du gouvernement représentatif, par l’émergence de nouvelles élites politiques et associatives locales.
Abstract
While the growing defiance and apathy of the public question contemporary democracies, ordinary citizens’ involvement in participatory democracy institutions seems to have a positive impact on their civic competence. They gain a training in collective action, increase their technical and political knowledge, i.e., acquire new competences, significantly shaping their political trajectory. Even if these politicization processes – stemming from participatory engagement – are also due to actors’ initial dispositions and to some generational factors, they could nevertheless have a decisive impact on the way representative government works, by fostering the emergence of new political and associative elites at the local level.
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Parties annexes
Notes
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[1]
Voir notamment : Pippa Norris (dir.), 1999, Critical Citizens : Global Support for Democratic Government, Oxford, Oxford University Press ; Donatella Della Porta, 2002, « Social Capital, Beliefs in Government and Political Corruption », dans Disaffected Democracies. What’s Troubling the Trilateral Countries, sous la dir. de Susan Pharr et Robert Putnam, Princeton, Princeton University Press, p. 202-229 ; Richard Balme, Jean-Louis Marie et Olivier Rozenberg, 2003, « Les motifs de la confiance (et de la défiance) politique : intérêt, connaissance et conviction dans les formes du raisonnement politique », Revue internationale de politique comparée, vol. 1, no 3, p. 433-461.
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[2]
Colin Crouch, 2004, Post-democracy, Malden, Polity.
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[3]
Voir notamment le très beau travail de Cécile Braconnier et Jean-Yves Dormagen, 2007, La démocratie de l’abstention, aux origines de la démobilisation électorale en milieu populaire, Paris, Folio.
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[4]
Archon Fung et Erik Olin Wright (dir.), 2004, Deepening Democracy, Institutional Innovations in Empowered Participatory Governance, Londres, Verso.
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[5]
Sur le recrutement de plus en plus élitiste de la classe politique française, voir entre autres Mickael Koebel, 2006, Le pouvoir local ou la démocratie improbable, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant.
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[6]
Voir par exemple Michel Callon, Pierre Lascoumes et Yannick Barthe, 2001, Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Seuil. Ce discours se retrouve également très largement dans les entretiens réalisés avec les promoteurs politiques des institutions de démocratie participative étudiées.
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[7]
Philip Converse, 1964, « The Nature of Belief Systems in Mass Publics », dans Ideology and Discontent, sous la dir. de David Apter, New York, Free Press ; Philip Converse, 1970, « Attitudes and Non-attitudes : Continuation of a Dialogue », dans The Quantitative Analysis of Social Problems, sous la dir. d’Erik Tufte, Reading, Mass., Addison-Wesley ; Daniel Gaxie, 1978, Le cens caché, Paris, Seuil ; Pierre Bourdieu, 1979, La distinction, critique sociale du jugement, Paris, Minuit.
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[8]
William Gamson, 1992, Talking Politics, Cambridge, Cambridge University Press ; Sophie Duchesne et Florence Haegel, 2007, « Avoiding or Accepting Conflict in Public Talk », British Journal of Political Science, vol. 37, no 1, p. 1-22.
-
[9]
Nina Eliasoph, 1998, Avoiding Politics. How Americans Produce Apathy in their Everyday Life, Cambridge, Cambridge University Press.
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[10]
Voir Carole Pateman, 1970, Participation and Democratic Theory, Cambridge, Cambridge University Press ; Benjamin Barber, 1984, Démocratie forte, Paris, Desclée de Brouwer ; et Jane Mansbridge, 1999, « On the Idea That Participation Makes Better Citizens », dans Citizen Competence and Democratic Institutions, sous la dir. de Stephen Elkin et Karol Soltan, Philadelphie, The Pennsylvania University Press, p. 291-325.
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[11]
Fabrizio Cantelli, Steve Jacob, Jean-Louis Genard et Christian de Visscher (dir.), 2006, Les constructions de l’action publique, Paris, L’Harmattan.
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[12]
Callon et al., Agir dans un monde incertain, op. cit.
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[13]
Pour une critique du concept de « citoyen profane », voir Loïc Blondiaux, 2008 [à paraître], « Introduction générale. Le profane comme concept et comme fiction politique. Du vocabulaire des sciences sociales aux dispositifs participatifs contemporains : les avatars d’une notion », dans Au-tour du « profane ». Usages sociaux et discours savants, sous la dir. de Thomas Fromentin et Stéphanie Wojcik, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques politiques ».
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[14]
Voir notamment Doug McAdam, 1989, « The Biographical Consequences of Activism », American Sociological Review, vol. 54, p. 744-760.
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[15]
Sur l’usage du concept de « carrière » dans la sociologie des mouvements sociaux, voir Olivier Fillieule, 2001, « Pour une analyse processuelle de l’engagement individuel », Revue française de science politique, vol. 51, nos 1-2, p. 199-217.
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[16]
Pour les meilleurs exemples d’utilisation de questionnaires avant/après, voir James Fishkin, Robert Luskin et Richard Jowell, 2002, « Considered Opinions : Deliberative Polling in Britain », British Journal of Political Science, vol. 32 ; Robert Goodin et Simon Niemeyer, 2003, « When Does Deliberation Begin ? Internal Reflection Versus Public Discussion in Deliberative Democracy », Political Studies, vol. 51, p. 627-649 ; Mickael Delli Carpini, Franck Lomax Cook et Laurence Jacobs, 2004, « Public Deliberation, Discursive Participation, and Citizen Engagement : A Review of the Empirical Literature », Annual Review of Political Science, vol. 7, p. 315-344 ; et David Ryfe, 2005, « Does Deliberative Democracy Work ? », Annual Review of Political Science, vol. 8, p. 49-71.
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[17]
Sur la critique de la méthode des sondages d’opinion, qui s’apparente très largement à celle des questionnaires portant sur les préférences des acteurs, voir Pierre Bourdieu, 1984, « L’opinion publique n’existe pas », dans Questions de sociologie, Paris, Minuit, p. 222-235 ; Patrick Champagne, 1990, Faire l’opinion, Paris, Minuit ; et Patrick Lehingue, 2007, Subunda. Coups de sonde dans l’océan des sondages, Paris, Éditions du Croquant.
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[18]
Les méthodes de recherche utilisées ont été principalement qualitatives, reposant à la fois sur l’observation directe des assemblées du budget participatif (l’institution centrale du processus) – 124 réunions publiques ont été observées au total pour les trois cas – et 41 entretiens semi-directifs (avec les instigateurs des BP et différents types de participants, plus ou moins engagés). Afin de comprendre l’impact que la participation répétée à des BP pouvait avoir sur les acteurs, il s’agissait d’observer et de suivre les acteurs en situation – dans le but d’évaluer si leur façon d’interagir en public évoluait avec le temps –, ce que nous avons pu effectuer à partir de l’observation répétée des réunions publiques des BP. Il s’agissait, ensuite, de replacer ces interactions dans la biographie individuelle des acteurs, afin d’évaluer la nouveauté des compétences observées et le sens qu’elles revêtaient pour les acteurs, d’où la réalisation d’entretiens de type « récits de vie », avec une dizaine de participants dans chaque cas, qui ont permis d’approfondir la connaissance et la compréhension des acteurs participant au BP.
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[19]
Soulignons également que les contextes politique et administratif dans lesquels sont inscrites les trois expériences de budget participatif étudiées sont relativement similaires. Dans chaque cas, la municipalité est orientée à gauche, regroupant des coalitions allant du centre-gauche aux communistes, ces derniers occupant souvent des postes clés en rapport avec la démocratie participative et apparaissant comme les instigateurs principaux de ces expériences. Les communes françaises, italiennes et espagnoles disposent en outre de compétences relativement similaires.
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[20]
Loïc Blondiaux et Yves Sintomer, 2002, « L’impératif délibératif », Politix, vol. 57, no 15.
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[21]
Les dispositifs participatifs constituent des « institutions » au sens durkheimien du terme, repris par Mary Douglas : ce sont des groupements sociaux légitimés, dotés d’une certaine pérennité dans le temps. Une institution définit par conséquent une règle du jeu perçue comme légitime et acceptée par les acteurs. Les dispositifs participatifs peuvent cependant être plus ou moins institutionnalisés, selon la stabilité des règles, leur légitimité et leur durée d’existence. (Mary Douglas, 2004 [1986], Comment pensent les institutions, Paris, La découverte.)
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[22]
Sur les conseils de quartier, voir Loïc Blondiaux et Sandrine Lévêque, 1999, « La politique locale à l’épreuve de la démocratie. Les formes paradoxales de la démocratie participative dans le XXème arrondissement de Paris », dans Espace public et engagement politique. Enjeux et logiques de la citoyenneté locale, sous la dir. de Catherine Neveu, Paris, L’Harmattan, p. 17-83 ; et Marie-Hélène Bacqué et Yves Sintomer, 1999, « L’espace public dans les quartiers populaires d’habitat social », dans Espace public et engagement politique. Enjeux et logiques de la citoyenneté locale, sous la dir. de Catherine Neveu, Paris, L’Harmattan. Sur les conférences de consensus, voir Daniel Boy, Dominique Donnet Kamel et Philippe Roqueplo, 2000, « Un exemple de démocratie participative. La ‘conférence de citoyens’ sur les organismes génétiquement modifiés », Revue française de science politique, vol. 50, nos 4-5, p. 779-810. Sur les jurys citoyens, voir Eleanor Koehl et Yves Sintomer, 2002, Les jurys de citoyens berlinois, Rapport final pour la Direction interministérielle de la Ville. Plus largement, sur la question du tirage au sort en politique, voir Yves Sintomer, 2007, Le pouvoir au peuple. Jurys citoyens, tirage au sort et démocratie, Paris, La Découverte.
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[23]
Amy Lang, 2007, « But Is It for Real ? The British Columbia Citizens’ Assembly as a Model of State-Sponsored Citizen Empowerment », Politics and Society, vol. 35, no 1, p. 35-69.
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[24]
Sur le BP de Porto Alegre, voir Yves Sintomer et Marion Gret, 2002, Porto Alegre, l’espoir d’une autre démocratie, Paris, La Découverte ; et Gianpaolo Baiocchi, 2005, Militants and Citizens : the Politics of Participatory Democracy in Porto Alegre, Princeton, Princeton University Press.
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[25]
Voir Carsten Herzberg, Anja Röcke et Yves Sintomer, 2005, Participatory Budgets in a European Comparative Approach. Perspectives and Chances of the Cooperative State at the Municipal Level in Germany and Europe, Volume II, Berlin, Centre Marc Bloch / Hans-Böckler-Stiftung / Humboldt-Universität ; et Yves Cabannes (dir.), 2003, Budget participatif et finances locales. Document de base, PGU (Programme de gestion urbaine) (UN-Habitat), Séminaire de lancement du réseau URBAL, no 9.
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[26]
Sintomer et Gret, Porto Alegre, l’espoir d’une autre démocratie, op. cit. ; et Baiocchi, Militants and Citizens,op. cit.
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[27]
Voir David Narayan, 1999, Bonds and Bridges : Social Capital and Poverty, World Bank, Poverty Reduction and Economic Management Network, Poverty Division, Washington DC ; Paolo Viera da Cunha, 1997, The Limits and Merits of Participation, World Bank, Office of the Senior Vice President and Chief Economist, Development Economics, Washington, DC ; et Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 2001, Citizens as Partners : Information, Consultation and Public Participation in Policy-Making, Paris, OCDE.
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[28]
La majorité des expériences de budget participatif se déroule à l’échelle municipale (ou infra-municipale), à l’exception des budgets participatifs régionaux de Poitou-Charentes (ne concernant cependant que la gestion des lycées) et de la région de Lazio en Italie.
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[29]
Le processus décisionnel au sein des BP est en général assez complexe. (Julien Talpin, 2007, « Who Governs in Participatory Budgeting Institutions ? The Impact of Citizen Participation in Municipal Decision-Making Processes in a Comparative Perspective », dans Towards DIY-Politics. Participatory and Direct Democracy at the Local Level in Europe, sous la dir. de Pascal Dewitt, Jean-Benoît Pilet, Herwig Reynaert et Kristof Steyvers, Bruges, Vanden Broele, p. 103-125.)
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[30]
Il s’agit là d’une spécificité française dans l’univers des budgets participatifs européens, qui a certainement à voir avec la culture politique républicaine qui fait de l’élu l’incarnation unique de l’intérêt général. Sur « la culture de la généralité », voir Pierre Rosanvallon, 2004, Le modèle politique français : la société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, Paris, Seuil.
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[31]
Pour une description détaillée des mécanismes de domination symbolique dans les assemblées du BP morsaintoise, voir Talpin « Who Governs in Participatory Budgeting Institutions ?… », p. 108-109.
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[32]
[Traduction de l’auteur] Massimiliano Smeriglio, 2005, « Il senso di un viaggio » [le sens d’un voyage], dans Pillola rossa o pillola blu ? Pratiche di Democrazia Partecipativa nel Municipio Roma XI [Pilule rouge ou pilule bleue ? Pratiques de démocratie participative dans le 11e arrondissement de Rome], sous la dir. de Massimiliano Smeriglio, Gianluca Peciola et Luciano Ummarino, Rome, Intra Moenia Edition, p. 25.
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[33]
Entretien avec Paula Garvin, conduit par Carsten Herzberg, Séville, mars 2005.
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[34]
Par bifurcation, nous entendons une modification substantielle des pratiques civiques ou politiques des individus. Il s’agit d’un processus, graduel et sans rupture, bien que l’on puisse distinguer un avant et un après. La notion de bifurcation se rapproche du concept d’« alternation » employé par McAdam (« The Biographical Consequences of Activism », p. 745-746) et distingué de celui de « conversion ».
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[35]
Nous pouvons à cet égard parler, pour les institutions de budget participatif, de « cercles de la participation », à l’image de ceux présentés pour la pratique électorale par Braconnier et Dormagen, dans La démocratie de l’abstention…, p. 128-129.
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[36]
Il ne faudrait pas en conclure que tous les participants sont hautement intégrés au sein des BP que nous avons étudiés. Il existe en effet plusieurs degrés d’engagement dans les budgets participatifs et un grand nombre de citoyens ne participent que de façon irrégulière. Nous avons néanmoins remarqué que les participants irréguliers n’étaient en général que peu affectés par leur engagement participatif.
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[37]
Dominique Cardon, Jean-Philippe Heurtin, Cyril Lemieux, 1995, « Parler en public », Politix, no 31, p. 5-19.
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[38]
Cette idée est centrale dans toute la littérature sur la démocratie délibérative, bien que différentes interprétations de ce phénomène soient fournies. Selon Jürgen Habermas (1987, Théorie de l’agir communicationnel, t. 1, Paris, Fayard), ce serait une contradiction de dire « nous devons faire X, parce que c’est dans mon intérêt ». Dans ce cas, le contenu du discours serait en contradiction avec les présupposés du langage (qui vise notamment l’entente et la reconnaissance mutuelle). Pour Jon Elster (1994, « Argumenter et négocier dans deux assemblées constituantes », Revue française de science politique, vol. 44, no 2, p. 187-257), c’est principalement pour des raisons stratégiques (essentiellement afin de convaincre les auditeurs indécis) que les individus tendent à prendre une position désintéressée en public. Enfin, et de façon peut-être plus convaincante par rapport à ce que nous avons observé dans les institutions du BP, James Fearon (1998, « Deliberation as Discussion », dans Deliberative Democracy, sous la dir. de Jon Elster, Cambridge, Cambridge University Press) avance que ce sont principalement certaines normes sociales qui empêchent d’apparaître égoïste en public. Dans la mesure où les individus se soucient de leur réputation et souhaitent être bien vus des autres et de leur entourage, ils doivent adopter une posture désintéressée.
-
[39]
Pour davantage de matériaux empiriques illustrant l’apprentissage du rôle de « bon citoyen », voir Julien Talpin, 2006, « Jouer les bons citoyens. Les effets contrastés de l’engagement au sein de dispositifs participatifs », Politix, no 19, vol. 75, p. 13-31.
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[40]
Notes d’observation, quartier de la Montagnola, Rome, janvier-mai 2005.
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[41]
Sur l’hybridation des savoirs citoyens et scientifiques et l’émergence d’une démocratie techniques, voir Callon et al., Agir dans un monde incertain,op. cit.
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[42]
Bourdieu,La distinction, critique sociale du jugement, p. 466.
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[43]
Voir Robert Luskin, 1990, « Explaining Political Sophistication », Political Behaviour, vol. 12, no 4, p. 331-361. Pour une critique pertinente de cette notion dans l’univers anglo-saxons, voir Loïc Blondiaux, 1996, « Mort et résurrection de l’électeur rationnel », Revue française de science politique, vol. 46, no 5, p. 753-791.
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[44]
Notes d’observation, quartier de la Garbatella, groupe de travail « mobilité », Rome, 16 février 2005.
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[45]
Entretien avec Floriana, Rome, 28 mars 2006.
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[46]
Le taux de rotation est extrêmement élevé dans le cas du BP romain, puisque, en 2004, 68,5 % des participants déclaraient ne pas avoir pris part au cycle l’année précédente. Même au sein d’un seul cycle le turnover est important puisque, en 2004, 68,9 % des participants aux assemblées finales déclaraient ne pas avoir pris part à l’élection des délégués en début d’année. (Giovanni Alegretti, et al., « Participatory Budgets in Italy », dans Herzberg, Röcke et, Sintomer, Participatory Budgets in a Comparative Approach…, op. cit.)
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[47]
Intervention lors de l’assemblée du groupe de travail « espaces verts », quartier de la Montagnola, Rome, 29 mars 2006.
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[48]
Entretien avec Christian L., Morsang-sur-Orge, 17 novembre 2005.
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[49]
Entretien avec Fausto, Séville, 13 mai 2006.
-
[50]
Sur le cynisme politique, voir Nina Eliasoph, 1990, « Political Culture and the Presentation of a Political Self. A Study of the Public Sphere in the Spirit of Erving Goffman », Theory and Society, vol. 19, particulièrement p. 473-475.
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[51]
Nous avons recensé quatre motivations principales à la participation au BP à la suite des entretiens effectués : 1) l’intérêt personnel (et matériel), les participants les plus mobilisés pouvant régler des problèmes liés à leur vie quotidienne (travaux de voierie, problèmes de sécurité ou d’insalubrité, etc.) grâce au BP ; 2) la réponse à un devoir civique, certains participants vivant leur engagement comme une nécessité pour la vitalité de la démocratie ; 3) l’intégration sociale, le BP permettant d’accroître le capital social des individus et, plus largement, de construire des liens sociaux entre habitants ; 4) l’enrichissement personnel. Il est rare que dans les entretiens effectués les participants n’évoquent la valeur d’une participation leur permettant d’apprendre à connaître le fonctionnement de la machine administrative, le positionnement politique des élus, les enjeux techniques de décisions urbanistiques ou tout simplement d’accroître leurs liens de sociabilité. Notons que ces motivations semblent recouper, en partie, les « rétributions du militantisme », dégagées par Daniel Gaxie (1977, « Économie des parties et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, vol. 27, no 1, en particulier p. 128-139). Nous pourrions ainsi formuler l’hypothèse selon laquelle ces rétributions pourraient être étendues à d’autres formes de militantisme que le simple engagement partisan, voire à toute forme d’action collective.
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[52]
Notes d’observation, comité de quartier Wallon, Morsang-sur-Orge, 10 janvier 2006.
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[53]
Entretien avec Nicole C., Morsang-sur-Orge, 24 février 2006.
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[54]
Ibid.
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[55]
Ibid.
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[56]
Par société civile locale, nous entendons les réseaux formels et informels d’organisations, d’associations et de groupes agissant indépendamment de l’État et de la sphère marchande, à l’échelle de la commune. Le degré d’autonomie à l’égard de la municipalité est cependant relativement variable, dans la mesure où le financement de ces organisations dépend très largement des subsides publics et que des liens personnels lient parfois les différents acteurs. Soulignons également que le degré de politisation de la société civile locale est variable d’une organisation à l’autre, certaines se définissant comme « apolitiques », d’autres au contraire comme directement « politiques » ou « critiques ». Sur le concept de société civile, voir Andrew Arato et Jean Cohen, 1992, Civil Society and Political Theory, Cambridge, Cambridge University Press.
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[57]
Pour des conclusions similaires, voir Donatella Della Porta, (dir.), 2004, Comitati di cittadini e democrazia urbana [Comités de quartier et démocratie urbaine], Soveria Mannelli, Rubbettino editore.
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[58]
Nous avons pu visiter le centre et observer son dynamisme à l’échelle locale, organisant des débats politiques, des actions de mobilisation de la population locale, des concerts, des cours particuliers, etc. (Voir le site [www.tetris70.org].)
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[59]
Cet effet apparaît encore plus important à Porto Alegre. (Baiocchi, Militants and Citizens,op. cit.)
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[60]
Entretien avec Mathieu D., Morsang-sur-Orge, 30 janvier 2006.
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[61]
Soulignons que le recrutement en dehors du parti est une pratique assez classique à l’échelon municipal, mais que celui-ci se faisait en général en direction des responsables associatifs locaux. Le recrutement au sein du BP apparaît de ce point de vue quelque peu différent, dans la mesure où les participants ont une expérience de la participation locale non associative, mais, en quelque sorte, infra-municipale. Le profil de ces nouveaux élus n’est donc pas tout à fait similaire à ceux issus d’associations, étant par exemple moins politisés ou expérimentés. À ce sujet, voir Christian Le Bart, 2003, Les Maires. Sociologie d’un rôle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.
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[62]
Voir Pierre Subra, 2004, « Île-de-France : la fin de la banlieue rouge », Hérodote, no 113, p. 14-27 ; sur Saint-Denis, voir Braconnier et Dormagen, La démocratie de l’abstention…, chap. 10, « La décomposition de l’encadrement politique », p. 277-302.
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[63]
Ainsi, dans le cas du BP Romain, le seul pour lequel nous disposons de données fiables, en 2003, 44 % des participants avaient plus de 61 ans et seulement 16 % avaient moins de 31 ans. Parmi le peu de jeunes participants, la majorité étaient étudiants. (Luciano Ummarino, 2005, « Bilancio Participativo » [Budget participatif], dans Pillola rossa o pillola blu ? [Pilule rouge ou pilule bleue ?], sous la dir. de Smeriglio, Peciola, Ummarino, op. cit., p. 162-196.)
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[64]
Sur le concept de « disponibilité biographique » voir Doug McAdam, 1986, « Recruitment of High-Risk Activism : The Case of Freedom Summer », American Journal of Sociology, vol. 92, p. 64-90.
-
[65]
Nous avons opté pour une approche pratique de la politisation. Il existe ainsi des degrés différenciés de politisation des acteurs, allant de la politisation professionnelle (vivre de la politique) au militantisme, à la pratique du vote et à la montée en généralité dans le cadre d’une réunion publique, etc. (Jacques Lagroye (dir.), 2003, La politisation, Paris, Belin.)
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[66]
Sources : « Pratiche partecipative a Roma » [Pratiques participatives à Rome], Ville de Rome, Dip. E Université de La Sapienza, Département Innovation et Société, 2005.
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[67]
Parmi tous les membres du « groupe de bons citoyens » que nous avons rencontrés, aucun n’a déclaré être un abstentionniste constant. Il s’agissait, dans une très large majorité, d’électeurs réguliers. Nous pouvons également souligner la surreprésentation des électeurs de gauche et des individus ayant déclaré voter « blanc » régulièrement, ces deux types de pratiques électorales reflétant l’existence d’acteurs assez différents au sein du BP, d’un côté des militants de gauche expérimentés, de l’autre de « bons voisins », participant par devoir civique, mais politisés a minima.
-
[68]
Braconnier et Dormagen, La démocratie de l’abstention…, op. cit.
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[69]
Entretien avec Alessandra, Rome, 29 mars 2006.
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[70]
Ces quatre scénarios sont en partie inspirés de Marie-Hélène Bacqué, Henry Rey et Yves Sintomer, 2005, Gestion de proximité et démocratie participative : une perspective comparative, Paris, La découverte, « Conclusion ».
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[71]
Eve Chiapello et Luc Boltanski, 1999, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard.
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[72]
Sur ce point, voir Marion Carrel, 2006, « Politisation et publicisation : les effets fragiles de la délibération en milieu populaire », Politix, vol. 19, no 75, p. 34-50.
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[73]
Robert Michels, 1914, Les partis politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Paris, Flammarion.
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[74]
Alexis de Tocqueville, 1840, De la démocratie en Amérique, t. 2, chap. IV § 6, Paris, Gallimard [1969].