Recensions

Les partis politiques québécois dans la tourmente. Mieux comprendre et évaluer leur rôle, sous la dir. de Réjean Pelletier, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2012, 411 p.[Notice]

  • Louis-Philippe Savoie

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Comme le souligne Réjean Pelletier en introduction de l’ouvrage collectif Les partis politiques québécois dans la tourmente : mieux comprendre et évaluer leur rôle, les partis politiques sont durement critiqués dans les pays démocratiques, que ce soit en termes de légitimité ou de capacité à former des projets qui sauront rallier une fraction suffisante de la population, et le Québec n’y fait pas exception. Ils demeurent toutefois des acteurs incontournables de la scène politique, mais ont été négligés dans la science politique québécoise. L’ouvrage a comme ambition d’offrir un tour d’horizon de la question des partis politiques au Québec, en faisant appel à une variété d’auteurs et d’approches théoriques. Il s’attarde à trois grandes thématiques : les questions organisationnelles, les partis face à l’électorat et au gouvernement et des études de cas du Parti libéral du Québec (PLQ), du Parti québécois (PQ), de l’Action démocratique du Québec (ADQ), de Québec solidaire (QS) et du Bloc québécois (BQ). Vincent Lemieux signe une conclusion sur la question des partis générationnels. La première partie se penche sur les aspects organisationnels. Pelletier survole d’abord l’histoire du système de partis québécois et distingue trois grandes périodes : l’affrontement entre libéraux et conservateurs de 1867 à 1936, l’arrivée en scène de l’Union nationale et le système de partis contemporain, en place depuis l’arrivée du Parti québécois dans les années 1970. L’évolution du système de partis est marquée par une tendance lourde à l’autonomisation des partis politiques de leurs vis-à-vis fédéraux, par un bipartisme tenace et par la structuration de deux axes en superposition : à l’axe gauche-droite, typique en Occident, s’ajoute l’axe fédéralisme-souveraineté avec l’arrivée de formations politiques souverainistes. Le deuxième chapitre nous amène dans le monde du financement politique, alors que Réjean Pelletier et Éric Montigny présentent un état des lieux du financement politique au Québec : après avoir présenté l’encadrement juridique, ils remarquent une diminution du nombre de contributions et, surtout, que « le financement populaire, associé aux contributions de moins de 200 $, ne constitue pas une part importante du financement des principaux partis » (p. 61), alors que le financement public, lui, est en croissance. Finalement, Manon Tremblay analyse la place des femmes dans les partis politiques : elle en trace l’histoire et présente la place actuelle des femmes dans la politique et particulièrement dans les caucus et au Conseil des ministres, où elles sont, dans le dernier cas, aussi nombreuses que les hommes depuis 2007, mais souvent confinées à des missions socioculturelles. La deuxième partie dresse le portrait des partis dans l’électorat et au gouvernement. Benoit Collette et François Pétry se penchent sur l’idéologie : alors que les sondages d’experts considèrent le PQ plus à gauche que le PLQ, avec l’ADQ à droite, des résultats d’analyse textuelle sur l’ensemble des plateformes de ces partis de 1978 à 2008, reprenant la méthode du Comparative Manifesto Project (CMP), classent l’ADQ à droite, mais ne font pas de distinction statistiquement significative entre le PLQ et le PQ, sauf en 1985 et en 1998, où le PQ se classait légèrement plus à gauche. Un flou similaire se manifeste dans l’analyse textuelle sur le clivage souveraineté-fédéralisme, où les positions du PLQ, du PQ et de l’ADQ sont rarement très différentes d’un point de vue statistique (le PQ et le PLQ se distinguant en 1998, et l’ADQ se distinguant du PQ en 1994 et en 1998). Les deux chapitres suivants sont des analyses électorales. Sur le plan macrosociologique, Pierre Drouilly présente les appuis aux partis politiques entre 1998 et 2008 en étudiant entre autres le taux de participation et le vote par groupe linguistique, en estimant …