Recensions

Global Ecopolitics. Crisis, Governance, and Justice, de Peter J. Stoett, Toronto, University of Toronto Press, 2012, 256 p.[Notice]

  • Xavier Deschênes-Philion

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Quel bilan peut-on tirer du développement de l’écopolitique internationale quarante ans après le Sommet de la Terre, tenu à Stockholm en 1972, qui éleva l’écologie au rang de préoccupation internationale ? Dans la lignée des ouvrages de Jennifer Clapp et Peter Dauvergne (Path to a Green World, Cambridge, MIT Press, 2011), Pamela Chasek, David Downie et Janet Welsh Brown (Global Environmental Politics, Boulder, Westview Press, 2009), Kate O’Neill (The Environment and International Relations, Cambridge, Cambridge University Press, 2009) et Elizabeth R. DeSombre (Global Environmental Institutions, London, Routledge, 2006), l’ouvrage de Peter J. Stoett propose une synthèse des enjeux environnementaux, des forces et faiblesses des institutions et des ententes internationales qui façonnent l’écopolitique internationale (global ecopolitics), dans une perspective de justice environnementale et de droits humains. Rédigé avant tout pour les étudiants qui s’initient à la politique mondiale de l’environnement, ce livre illustre les progrès remarquables qui ont été accomplis afin de mettre en oeuvre des ententes environnementales effectives, en démontrant aussi les difficultés encourues à ce jour et les défis qui se dressent pour l’avenir, et en questionnant notre capacité à renverser le déclin environnemental. Professeur de science politique à l’Université Concordia (Montréal), Stoett se spécialise en politique mondiale de l’environnement et en droits humains. Il a notamment travaillé sur les questions de sécurité humaine, de biodiversité, de changements climatiques, de pêche à la baleine et de bio-invasion. Afin d’évaluer l’effectivité des accords internationaux en environnement et leur capacité à atténuer les causes anthropiques de dégradation de l’environnement, il présente sept études de cas portant respectivement sur la perte de biodiversité, la déforestation, la désertification, la pollution atmosphérique, les changements climatiques, les océans et l’eau potable. Pour l’évaluation de ces cas, Stoett propose, au deuxième chapitre, un cadre d’analyse fondé sur quatre critères : 1) la trajectoire historique et le champ d’application d’un accord international ; 2) l’application effective des ententes internationales et leur capacité à améliorer concrètement l’environnement ; 3) la capacité des accords internationaux à accroître la conscience environnementale de l’opinion publique et des décideurs et à engendrer des efforts de protection supplémentaires ; 4) l’évaluation de la légitimité démocratique et de la justice environnementale dont font preuve les institutions multilatérales et les accords internationaux. En somme, ce cadre d’analyse vise à retracer le parcours historique des différentes ententes internationales pour ensuite évaluer leur succès normatif et leur effectivité. À titre d’exemple, l’enjeu de la perte de biodiversité, présenté au troisième chapitre, s’insère dans un processus historique émergent dès la fin du XIXe siècle, avec la création de parcs nationaux et de réserves fauniques en réponse à une préoccupation croissante face à la disparition d’espèces animales et végétales. Plusieurs conventions internationales, que ce soit pour la préservation d’espèces menacées (Convention de Bonn) ou pour la sauvegarde d’habitats naturels (Convention de Ramsar), ont émergé au cours des dernières décennies. Des conventions internationales spécifiques à certaines espèces (baleines, ours polaires, éléphants, espèces migratoires, etc.), la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (1994) et la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification (1996), de même que de nombreuses ententes régionales sont interpellées par cet enjeu transversal. Les deux principales ententes internationales sur la protection de la biodiversité – la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES, 1963) et la Convention sur la diversité biologique (CDB, 1993) – ont permis d’influencer une réflexion globale sur cet enjeu. Bien qu’elles reposent surtout sur la soft law (sans contrainte juridique sur les gouvernements) et que les États-Unis n’aient toujours pas signé …