Résumés
Résumé
Les catastrophes naturelles qui ont frappé le Guatemala au cours des dernières décennies ont déclenché l’intervention de nombreuses organisations humanitaires non gouvernementales. Ces ONG véhiculent des savoirs et des discours qui marquent la préparation, l’action d’urgence et la reconstruction liées aux désastres. Ces discours portent sur les causes et la nature de l’urgence, de même qu’elles véhiculent des présupposés sur ce qui doit être reconstruit. Dans le présent texte, ces discours articulés sur le passé, le présent et le futur sont mis en rapport avec la mise en récit locale de la catastrophe. L’expérience de deux communautés guatémaltèques du département de Sacatépequez ayant vécu l’ouragan Agatha en 2010 est examinée. Nous nous intéressons particulièrement à la manière dont le discours des ONG et le parler ordinaire se comparent du point de vue de leur rapport au temps. Le contraste constaté entre la mobilisation de la longue durée dans le parler ordinaire et la temporalité beaucoup plus comprimée du discours des ONG qui ont oeuvré dans les communautés affectées nous laisse entrevoir une diversité de temps sociaux s’articulant avant, pendant et après la catastrophe. Ainsi, les données recueillies contribuent à complexifier notre compréhension de la temporalité des catastrophes naturelles en mettant en lumière la concomitance des temps sociaux à chaque moment de la crise et les rapports politiques qui sont produits dans les tensions entre eux.
Abstract
Natural disasters that hit Guatemala over the last decades have triggered the intervention of numerous non-governmental humanitarian organizations. These NGOs adhere to, and produce discourses that concern the preparation, emergency actions, and reconstruction associated with disasters. These discourses concern the causes and nature of the emergency, as well as the paths to reconstruction. In this paper, discursive productions about the past, the present, and the future are compared to local narratives of the disasters. The experience of two Guatemalan communities from the Department of Sacatépequez who lived through the devastation of hurricane Agatha in 2010 is considered. We look more specifically at how the NGOs’ discourses and local narratives mobilize different temporalities. We try to discern the political implications of the differences observable between the two, in particular the reference to long-term temporalities within local narratives compared with the relatively compressed temporalities within the NGOs’ discourses.
Parties annexes
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