Recensions

Femmes artisanes de paix : Des profils à découvrir, sous la dir. de Pierrette Daviau, Montréal, Médiaspaul, 2013, 288 p.[Notice]

  • Boni Guy-Roland Kadio

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L’histoire de la paix et de la guerre a été longtemps écrite par et pour des hommes. Cet ouvrage collectif, Femmes artisanes de paix : Des profils à découvrir, vient déconstruire ce mythe en restituant la place des femmes dans la promotion et la construction de la paix. Dans la première partie, « Les activités audacieuses et courageuses », Susan Roll et Amber Lloydlangton exposent le rôle de paix des femmes en période de grande tension. Pendant « l’effort de guerre sous Adolph Hitler » où se terre le silence de la peur, la première auteure montre que la résistance à la guerre porte un nom féminin : Sophie Scholl et le mouvement estudiantin Rose Blanche. Son rôle a été d’oser, c’est-à-dire de distribuer des tracts anonymes désapprouvant la démarche militaire du gouvernement hitlérien et demandant aux citoyens de retirer leur soutien à la guerre. En 1943, dans le cours de son activisme, elle fut arrêtée et guillotinée. Dans le chapitre 2, il est question du rôle d’Eva Sanderson, une Canadienne, dans son activisme anti-nucléaire. Pour Amber Lloydlangton, Sanderson s’inscrit dans le personnalisme politique qui pose comme postulats la liberté de la personne et la dignité humaine. Cette philosophie de la vie l’a fortement inspirée à oeuvrer contre l’armement nucléaire pour un Canada et un monde en paix. Ses initiatives ont consisté à influencer la politique de défense canadienne par des documentations approfondies, un « parentage activiste » incitant le peuple canadien à se mobiliser contre la course nucléaire. La deuxième partie, intitulée « Groupes de femmes engagées dans la construction de la paix », aborde les mouvements de femmes dans des actions concrètes pour la paix. Le chapitre 3 présente les Soeurs par l’esprit, un mouvement de femmes de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), constitué pour veiller contre la violence faite aux femmes autochtones. Ses membres dénoncent la double violence sexiste et raciste dont ces femmes sont victimes et l’intersectionnalité de cette violence avec d’autres systèmes d’oppression comme la pauvreté. Soeurs par l’esprit veut montrer que ce n’est pas seulement la femme autochtone qui est meurtrie ; c’est surtout la parole de celle-ci qui est « assassinée ». Derrière chaque disparition se cache une histoire qui s’écrit en lettres de souffrance et de tragédie. Ce mouvement est un espace sécuritaire qui permet aux familles de s’exprimer librement et de s’impliquer socialement. Comme Joëlle Morgan le suggère, il faut une « guérison sociale » qui passe par le rétablissement de la vérité historique en positionnant le peuple autochtone comme un sujet historique et non psychique : « re-conter » pour guérir. Au chapitre 4, la contribution pour la paix des femmes chiliennes est évoquée. Leur courage qui a déjoué les stéréotypes concernant les femmes est souligné. Par exemple, Ramon Martinez de Pison signale leur détermination contre le régime dictatorial d’Augusto Pinochet. Cela s’est concrétisé par une plus grande structuration des mouvements de femmes pour mieux harmoniser leurs stratégies de résistance. Pour lui, la cause de cette détermination est leur « foi enracinée » dans trois grands moments ecclésiastiques, dont la théologie de la libération de Gustavo Gutierrez. Cette théologie a joué un grand rôle pédagogique pour dynamiser l’engagement de ces femmes pour la paix au Chili. Le chapitre 5 discute des actions de PACT-Ottawa (Personnes en action contre la traite des personnes) visant à mettre fin à la traite humaine en solidarité avec d’autres organismes qui poursuivent le même objectif. L’association sensibilise et apporte un soutien personnalisé aux victimes de la traite. Pour Eileen Kerwin Jones, l’esclavage contemporain est réel et très déshumanisant et …