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Dans le numéro spécial « Union européenne : atouts, défis et enjeux » des Cahiers de science politique de l’Université de Liège, les coordinateurs, Liridon Lika, chargé de cours adjoint du Département de science politique de l’Université de Liège, et Audrey Weerts, assistante au Département de science politique, ont invité des chercheurs spécialistes de politique comparée, de relations internationales, de politique publique, de droit économique et de politique interne à réfléchir sur l’Union européenne (UE). Les réflexions présentées dans le numéro découlent de la douzième édition des Après-midis de recherche du Département de science politique de l’Université de Liège qui a eu lieu le 3 mai 2019. La plupart des participants à cet événement sont des chercheurs en science politique qui travaillent à l’Université de Liège, à temps plein ou à temps partiel.
Le numéro spécial, disponible en ligne sans restriction, comprend six articles, dont le premier (de Sebastian Santander) présente une introduction générale et le sixième (de Liridon Lika et Audrey Weerts) trace les chemins de recherche à venir. Les quatre autres articles, thématiques, traitent de sujets forts variés et spécifiques relevant de la politique internationale et de la sécurité de l’Union européenne, de la politique commerciale, ainsi que de la place des institutions européennes et des États nationaux dans le processus de prise des décisions. Cette variété de sujets explique la diversité des approches théoriques et méthodologiques dans ce numéro.
Dans « Le processus de plasticité stratégique et tactico-opérationnelle des pays membres de l’Union européenne », André Dumoulin réfléchit aux rapports entre l’Union et ses membres à travers la politique de la sécurité. L’Europe a besoin de parler avec une seule voix sur l’échelle internationale et c’est pour cette raison que l’auteur cherche les conditionnalités structurelles pour construire une politique européenne de sécurité autonome parallèlement à la souveraineté des États membres. Dans « La limite de puissance de l’Union européenne dans les relations internationales », Kamal Bayramzadeh s’intéresse à l’action extérieure de l’UE et plus particulièrement au rôle qu’elle exerce dans la résolution des crises internationales. L’étude de cas utilisée pour illustrer cette recherche est la crise du nucléaire iranien et le rôle exercé par l’UE dans la conclusion de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015. Dans « Les nouveaux accords commerciaux conclus par l’Union européenne », Philippe Vincent se concentre pour sa part sur l’étude de la politique commerciale européenne et montre comment, à la suite du blocage des négociations commerciales multilatérale au sein de l’Organisation mondiale du commerce, l’UE cherche des voies alternatives afin d’avoir accès à de nouveaux marchés et de signer des accords commerciaux bilatéraux de nouvelle génération avec des acteurs tiers. Finalement, dans « La politique commerciale extérieure : quel rôle pour les assemblées parlementaires ? », Vincent Bricart s’intéresse aux rôles grandissants des assemblées parlementaires des États-Unis et de l’Union européenne en matière de politique commerciale et plus précisément comment celles-ci gagnent en importance et en visibilité dans leur fonction en lien avec les accords de nouvelle génération.
La force principale du numéro spécial Union européenne : atouts, défis et enjeux est l’utilisation de cas d’étude spécifiques pour faire la démonstration des points théoriques. Cette opérationnalisation méthodologique éloigne les articles présentés d’une analyse formelle, normative et stérile. Une autre de ses forces est le dialogue implicite entre les travaux d’André Dumoulin et de Kamal Bayramzadeh, ainsi qu’entre les recherches de Philippe Vincent et de Vincent Bricart, en raison de la proximité de leurs sujets.
En ce qui concerne les faiblesses, la première est liée aux priorités de recherche pour un numéro spécial qui porte sur les atouts, défis et enjeux de l’Union européenne. Personnellement, je considère comme secondaires les thèmes traités dans ce numéro. D’autres sujets de taille, comme le Brexit et l’euroscepticisme grandissant, la crise des réfugiés et la crise financière, sont marginalisés. Une autre faiblesse, liée à la première, est l’accent des recherches comprises dans ce numéro spécial mis sur ceux qui s’intéressent à la politique internationale de l’Union européenne, soit de la sécurité, soit de la politique commerciale. Sans sous-estimer l’importance de ces thèmes, l’absence de recherches sur les défis internes diminue la valeur de l’ouvrage.
Du point de vue théorique, les publications du numéro spécial présentent des récits analytiques, un type de recherche qui se trouve entre les recherches formelles et normatives, d’un côté, et les publications purement descriptives, de l’autre. Les articles s’adressent principalement aux chercheurs, aux enseignants ainsi qu’aux étudiants en études européennes.