Corps de l’article

Depuis plus de 30 ans, Glaudette Guilmaine, travailleuse sociale et médiatrice familiale, « s’intéresse à la famille « dans tous ses états et sous toutes ses formes » . Le contexte social en ce début du XXIe siècle se caractérise d’ailleurs par une diversification sans précédent des structures familiales. Alors que la proportion des familles est en baisse depuis vingt ans, nous rencontrons, de plus en plus, « des familles à parent unique par choix, comme lorsqu’un homme ou une femme décide d’adopter en solo, des familles de parents de même sexe, des couples ayant recours à la procréation assistée, des familles élargies incluant plus d’une génération, des familles recomposées sur plusieurs airs différents » (p. 13). Les ruptures conjugales, survenant généralement tôt dans la vie des couples, touchent de plus en plus de jeunes enfants appelés à grandir dans deux univers distincts, alternant d’un domicile à l’autre, chez papa et chez maman.

Sous le thème « couple un jour, parents toujours », l’ouvrage s’adresse d’abord aux parents désireux de poursuivre leur engagement auprès des enfants « par-delà les méandres des émotions postruptures et de la réorganisation familiale » (p. 15). Il s’adresse également aux intervenants « amenés à accompagner ou conseiller les parents ou les enfants dans des périodes difficiles ou lors des remises en question du plan parental » (p. 15).

Au-delà du couple parental et transcendant la diversité des conflits conjugaux, ce qui subsiste après la rupture est bien « le maintien et la reconnaissance de la responsabilité et des devoirs des deux parents envers l’enfant » (p. 17). En droit québécois, la rupture n’affecte pas comme telle l’autorité parentale qui se réfère au pouvoir de prendre ensemble des décisions importantes touchant l’enfant (p.ex. l’éducation, la santé, la sécurité, la subsistance et le bien-être). Se pose toutefois la question de la garde des enfants se rapportant au partage du temps ou de résidence avec chacun des parents. La garde est dite « partagée » ou alternée lorsque l’enfant passe entre 40 % et 60 % de son temps chez chacun des parents.

Cette garde partagée ou résidence alternée ne va pas de soi ni n’est à privilégier dans tous les cas. Elle comporte son lot d’avantages et d’inconvénients, des mythes comme des motivations à clarifier. C’est ce que l’auteure nous présente dans le chapitre 1 de l’ouvrage. Elle aborde ensuite les grands principes pour réussir une garde partagée (chapitre 2), tout en soulignant les défis que posent le délicat passage du couple parental à l’équipe parentale (chapitre 3) : « Comment séparer le vécu de couple (et parfois l’hostilité conjugale) des obligations parentales? Tout le défi est là! » (p. 63). Le chapitre 4 s’attarde aux différentes modalités susceptibles de favoriser, pour l’enfant, la transition – matérielle et psychologique –d’un parent à l’autre au fil des semaines, en portant une attention particulière aux tout-petits ainsi qu’aux préférences des adolescents. Enfin, une liste de situations « à ne pas faire » sont explicitées au chapitre 5, tout en en proposant des pistes d’amélioration ou de solution.

Au fil des pages, l’ouvrage s’enrichit des témoignages vibrants du vécu des familles ayant réussi ou non la garde partagée. À l’aide de « cette trame universelle des sentiments humains » (p. 15), l’auteure répond aux questions les plus communément posées ainsi qu’aux défis rencontrés par les parents quand vient le temps de décider d’adopter ou non une garde partagée : La garde partagée peut-elle être imposée à l’autre parent? (p. 34) Quelle est la limite acceptable à la proximité ou à la distance entre les domiciles? (p. 37) Les parents doivent-ils absolument être amis? (p. 67) Qui bougera? Les parents ou les enfants? (p. 102) …

Des boîtes à outils présentés à la fin de chaque chapitre contiennent de précieux conseils et suggestions pratiques pour aider les parents à y voir plus clair, dont un test d’autoévaluation utile (p. 88-92) pour permettre aux parents de se tracer leur profil d’intérêt, d’attitudes et d’aptitudes envers la résidence alternée.

Au-delà des conseils pratiques, ce guide se veut avant tout une source de réflexion pour aider les parents à mieux saisir les enjeux de la coparentalité postrupture sans imposer ou limiter les arrangements possibles. Si le fil conducteur est bien l’intérêt de l’enfant qui doit demeurer au coeur des préoccupations, les moyens pour y arriver doivent rester aussi flexibles que la diversité des familles. Par exemple, dans le cas où il y a une grande distance entre les résidences de l’un et de l’autre, des situations inédites n’empêchent pas des expériences positives de résidence alternée annuelle, voire bisannuelle entre deux pays différents (p. 38). Si les grands principes restent les mêmes, chaque cas est un cas d’espèce et il revient ultimement aux parents de choisir un mode de coparentalité qui convient le mieux à leur situation.

Une autre particularité de l’ouvrage réside dans les apports non seulement des principes juridiques comparés relatifs à la (non-)présomption de la garde partagée en y incluant l’apport des intervenants et professionnels du Québec et d’outre-mer qui ont permis « d’élargir l’éventail des illustrations de la garde partagée et de profiter de cette riche mosaïque d’avis et d’expertises ».

Enfin, pour ceux et celles qui souhaitent aller plus loin que les conseils présentés dans l’ouvrage, ils pourront consulter les références à la fin de chaque chapitre pour parfaire leur compréhension de certains problèmes plus ciblés. Des suggestions de lecture pour les parents et leurs enfants et adolescents confrontés à la réalité de la garde partagée sont également présentées dans la section « Ressources » à la fin du livre.