Résumés
Résumé
Les jeunes contrevenants représentent une population particulièrement à risque de comportements suicidaires (tentatives et suicides complétés). La littérature à ce sujet révèle que plusieurs facteurs, telles la violence et l’instabilité familiale, sont associés tout autant au risque suicidaire qu’au risque de délinquance. En outre, certaines caractéristiques associées au mode de vie délinquant, tels le port d’armes et la consommation de substances, contribuent à amplifier le risque de passage à l’acte suicidaire. À l’inverse, la délinquance entraîne des conséquences pouvant exacerber le risque suicidaire : ruptures relationnelles ordonnées par le tribunal, incertitudes liées aux problèmes légaux et l’hébergement en centres pour jeunes contrevenants en constituent des exemples. Dans ce contexte, les résultats d’une étude portant sur le risque suicidaire chez des jeunes contrevenants pris en charge par le Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire sont présentés dans cet article. Cette étude de nature quantitative a inclus 49 jeunes contrevenants sous la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents. Les analyses révèlent que 37,6 % des jeunes rencontrés présentent un risque suicidaire. Une analyse en grappes (cluster analysis) a ensuite permis la création de deux groupes de jeunes contrevenants : le premier comprend des adolescents (n=20) présentant de mulitples difficultés psychologiques (groupe multirisque) et le second (n=28) regroupe des adolescents qui en présentent moins (groupe faible risque). Ces groupes sont décrits en fonction de leurs caractéristiques associées, permettant l’ébauche d’une classification distinguant les jeunes contrevenants les plus à risque et les moins à risque de présenter des difficultés psychologiques, dont un risque suicidaire. Par l’étude des différences entre ces deux groupes, il est possible de dégager les facteurs les plus susceptibles d’influencer le risque suicidaire. Finalement, la prévalence du trouble de stress post-traumatique (TSPT) est observée plus spécifiquement selon les deux groupes précédemment créés. Les jeunes du groupe multirisque présentent significativement plus fréquemment un TSPT que les jeunes du groupe faible risque malgré une prévalence comparable des traumatismes vécus par les individus des deux groupes. En conclusion, cette étude a permis de dresser un portrait des adolescents les plus à risque de suicide parmi un groupe de jeunes contrevenants. Par la mise en lumière d’une problématique associée caractérisée par des difficultés psychologiques multiples et multifactorielles, cette étude souligne l’importance d’une prise en charge et d’un traitement global des jeunes contrevenants, incluant les aspects psychologiques et les expériences passées.
Mots-clés :
- comportements suicidaires,
- suicide,
- jeunes contrevenants,
- délinquance
Abstract
Young offenders are at risk for suicide (completed suicides and attempts). Risk factors, such as violence and family instability, are linked both to suicide and delinquency. Moreover, other factors, such as carrying of weapon and substance abuse, are associated to delinquent lifestyle and could therefore increase the risk of suicide behaviours. In addition to these factors, the consequences of delinquency (e.g.: court-ordered break ups with friends, uncertainties concerning legal problems, living in centres for young offenders) can contribute to heighten the risk of suicide. In this context, results from a study on suicidal risk in young offenders who are taken in charge by Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire (CJM-IU) are discussed in this paper. This quantitative study includes 49 young offenders under the Youth Criminal Justice Act. From this sample, 37.6% showed a suicidal risk. We then ran a cluster analysis to distinguish two groups of young offenders: the first group comprises 20 adolescents with multiple psychological difficulties (multi-risks), the second group consists of 28 youths who present less difficulties (low risk). These two groups of juvenile offenders are described by their associated characteristics, leading to a preliminary classification of young offenders who are more and less at risk for psychological difficulties, including suicide. Finally, we study the prevalence of post-traumatic stress disorder (PTSD) with regards of the two groups created by the cluster analysis. Young offenders from the multi-risk group more frequently suffer from a PTSD than low risk youths, despite an equivalent prevalence of traumas. In conclusion, this study propose a description of young offenders the most at risk of suicide. From our results, we then propose recommendations for global interventions and treatment for young offenders, including psychological aspects and past experiences.
Keywords:
- suicidal behaviours,
- suicide,
- young offenders,
- delinquency
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