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L’autisme est un trouble du développement ayant un impact considérable sur l’adaptation de la personne à son environnement. Notamment, ce trouble est caractérisé par une altération qualitative de la communication et des interactions sociales par des comportements stéréotypés et des intérêts restreints (American Psychiatric Association, 2013). Dans cet ouvrage, Marie-Hélène Plumet, maître de conférences en psychopathologie du développement à l’Université Paris Descartes en France, traite de l’impact de ces caractéristiques sur le développement sociocognitif de l’enfant autiste. Pour ce faire, elle présente une synthèse des travaux de recherche les plus récents sur les développements social et cognitif chez cette population. L’information est organisée autour de cinq chapitres : 1) Qu’est-ce que l’autisme, 2) Fonctionnements et dysfonctionnements des interactions sociales et de la communication, 3) Fonctionnements et dysfonctionnements cognitifs, 4) Discussion autour des modèles cognitifs de l’autisme et 5) Implications pour la prise en charge.

Dans le cadre de cette recension, nous tenterons de répondre à deux questions : Ce livre représente-t-il un outil pertinent pour les clientèles visées par l’auteure, c’est-à-dire les étudiants et les professionnels oeuvrant auprès des personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA)?Le contenu est-il représentatif des dernières avancées scientifiques dans le domaine?

Après un bref rappel historique, le premier chapitre expose les critères diagnostiques du trouble compte tenu des différentes modifications inhérentes à la troisième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux jusqu’à sa cinquième et dernière édition. L’auteure expose également les caractéristiques épidémiologiques du trouble, identifie les signes précoces du diagnostic et discute de quelques hypothèses étiologiques de l’autisme, en rappelant qu’à ce jour, les causes de cette pathologie demeurent encore inconnues. Le deuxième chapitre présente les études systématiques portant sur les interactions sociales et la communication chez les personnes présentant un TSA, et dresse un portrait de l’évolution des relations sociales à moyen et à long terme. Le troisième chapitre traite des fonctionnements et des dysfonctionnements cognitifs des enfants concernés par cette problématique. L’auteure traite notamment des processus liés aux cognitions sociales et aux fonctions cognitives globales. Le chapitre se termine par une présentation des facteurs qui influent l’évolution des caractéristiques psychologiques de ces enfants et quelques tendances générales associées au développement de ces caractéristiques.

Le quatrième chapitre examine trois modèles cognitifs de l’autisme : les modèles qui mettent l’accent sur les dysfonctionnements sociocognitifs spécifiques, ceux qui mettent l’accent sur les dysfonctionnements cognitifs plus généraux et enfin les modèles neurodéveloppementaux. Le cinquième chapitre, concernant les implications pour la prise en charge, est celui qui nous apparaissaient le plus intéressant du fait que l’auteure s’adresse aux étudiants et aux professionnels impliqués auprès des enfants présentant un TSA. Elle insiste d’abord sur l’importance de tenir compte dans la pratique des avancées récentes de la recherche. Elle propose en outre quelques recommandations pour favoriser l’intégration des données de la recherche dans la prise en charge : favoriser un diagnostic précoce, une évaluation approfondie et un rigoureux suivi du développement de l’individu. L’auteure met aussi l’accent sur la mise en place de programmes d’accompagnement individualisés.

Ce livre de Marie-Hélène Plumet présente plusieurs points positifs. Il constitue une excellente recension des connaissances récentes et exactes dans le domaine de l’autisme. Dans sa présentation de l’information, l’auteure tient compte de l’aspect hétérogène de cette population et souligne à plusieurs reprises que différents individus, atteints du même trouble, peuvent avoir des performances différentielles en termes de tâches et de contextes. De plus, les différentes limites théoriques et méthodologiques des recherches présentées sont exposées en début ou en fin de chapitre. La lecture de cet ouvrage permet de se faire une idée précise de la nature de la symptomatologie de l’autisme. Les propos de l’auteure sont nuancés et encouragent un esprit critique tout au long de la lecture. Il s’agit d’une introduction exhaustive aux caractéristiques du TSA. En ce sens, cet ouvrage est pertinent pour toute personne qui voudrait améliorer ses connaissances et sa compréhension des particularités de ce trouble.

Si, de façon générale, l’organisation de l’information par thèmes facilite la compréhension du lecteur, certains aspects pourraient être améliorés. Tout d’abord, bien que cela n’enlève rien à la qualité de l’information contenue dans le livre, l’ouvrage aurait pu bénéficier d’une révision linguistique supplémentaire, car il contient certaines fautes d’orthographes et de frappes qui peuvent distraire le lecteur et nuire à sa compréhension. Deuxièmement, nous trouvons que le mot « enfant » dans le titre porte à confusion ; les chapitres offrent souvent un survol intéressant d’études effectuées auprès d’adolescents et d’adultes. À notre avis, ce livre est en effet pertinent même pour quiconque désire en comprendre davantage sur l’adulte autiste. Ensuite, nous trouvons dommage que l’auteure n’ait pas accordé plus d’importance au chapitre 5 qui traite des implications pour la prise en charge. Bien que ce ne soit pas l’objectif de l’ouvrage, les recommandations formulées ne sont pas nécessairement basées sur des données probantes. Par exemple, l’auteure discute longuement du modèle SCERTS (Prizant, Wetherby, Rubin, Laurent et Rydell, 2005), lequel n’a pas fait l’objet d’études scientifiques rigoureuses. De plus, les descriptions des approches sont parfois inexactes ou incomplètes (entre autre les programmes ABA, Pivotal-Response-Teaching) et certaines interventions validées n’apparaissent pas (le modelage par vidéo). Par ailleurs, comme l’information reste générale, le lecteur n’est pas mieux outillé pour intégrer ces recommandations dans la pratique de tous les jours.

Dans l’optique où le livre est destiné aux étudiants et aux professionnels oeuvrant auprès d’une clientèle présentant un TSA, il aurait peut-être été préférable de mettre de l’avant les meilleures pratiques soutenues par la recherche, et d’offrir davantage de détails. Toutefois, à la lumière de ces informations, nous pensons que ce livre est représentatif des dernières avancées scientifiques dans le domaine du développement sociocognitif de l’enfant autiste. Il s’agit donc d’un ouvrage intéressant pour les étudiants et les professionnels qui voudraient se familiariser avec les caractéristiques et les particularités du TSA. Cependant, il ne constitue pas un outil pertinent pour les étudiants ni pour les professionnels qui voudraient apprendre comment intervenir ou améliorer leur pratique auprès d’enfants concernés par cette problématique.