FR :

Pour commémorer le centenaire de la naissance de Robert-Lionel Séguin (1920-1982), Rabaska a convié un certain nombre de spécialistes à rendre compte de son legs scientifique. Leurs contributions remplissent les pages de la section Terrains. À tour de rôle, Paul-Louis Martin, Jeanne Pomerleau, Sophie-Laurence Lamontagne, Laurence Provencher-St-Pierre, Louis-Edmond Hamelin, Michel Côté et Nathalie Boudreault, à travers le regard pluriel de leurs disciplines, dressent le portrait d’un pionnier des études ethnohistoriques au Québec. Robert-Lionel Séguin fit de son oeuvre une école et de sa collection d’archives figurées, un immense fonds matériel de la culture québécoise qu’abrite désormais le Musée Pop de Trois-Rivières. Cette collection nationale revêt aujourd’hui un statut unique de collection de référence scientifique et d’objets patrimoniaux classés par l’État québécois.

EN :

In order to commemorate the centenary of Robert-Lionel Séguin’s birth (1920-1982), Rabaska has gathered a number of scholars who each present an aspect of his research legacy. The contributions of Paul-Louis Martin, Jeanne Pomerleau, Sophie-Laurence Lamontagne, Laurence Provencher-St-Pierre, Louis-Edmond Hamelin, Michel Côté and Nathalie Boudreault fill the pages of this section devoted to fieldworkers. From each one’s particular disciplinary viewpoint, we obtain a portrait of this pioneer in ethnohistorical research in Québec. Robert-Lionel Séguin’s work has become a true school of knowledge and his archival collection is a huge repository of Québec material culture that is now based in Trois-Rivières’s folk culture museum, the Musée Pop. This collection is of national significance. It has a unique status as a benchmark in the field of material culture and is a recognized national heritage in Québec.

FR :

Pendant une douzaine d’années, j’ai eu le privilège de côtoyer Monsieur Séguin, tout d’abord en tant qu’élève de son cours sur L’équipement de la ferme canadienne aux xvii^e et xviii^e siècles, qu’il donnait en 1966 aux Archives de folklore de l’Université Laval, puis en tant que collègue trois ans plus tard au sein de l’Institut national de la civilisation, sorte d’embryon d’un musée de l’homme mis sur pied par le ministre des Affaires culturelles de l’époque, Jean-Noël Tremblay. J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de le suivre sur le terrain, dans Charlevoix et en Mauricie et, par la suite, chez moi dans Kamouraska si bien que j’ai pu vivre en toute amitié ce rapport prolongé de maître à élève, de mentor hautement bienveillant et empreint de simplicité à l’égard du blanc-bec que j’étais.

EN :

I had the privilege of being in contact with Monsieur Séguin for a dozen years, first as a student of his at Laval University’s Archives de folklore in 1966, when he taught the course entitled L’équipement de la ferme canadienne aux xvii^e et xviii^e siècles, and three years later as a colleague in the Institut national de la civilisation. This embryonic institution, that led to the creation of Québec’s museum of civilization, was founded by Jean-Noël Tremblay, who was Minister of Cultural Affairs at the time. On many occasions, I followed Séguin in his fieldwork in the Charlevoix and Mauricie regions, and later on in my own county of Kamouraska. In this way, we experienced a sustained and friendly master/apprentice relationship. As a mentor, he always had a relaxed and well-intentioned attitude toward me, his novice pupil.

FR :

Au début des années 1980, l’auteure visite l’imposante collection de plus de 20 000 objets de Rls à sa demeure de Rigaud. Elle raconte comment, avec l’aide de son épouse, Huguette Servant, l’ethnologue-chercheur n’a cessé de collectionner les objets jusqu’au soir de sa vie. Elle se remémore, en particulier, une rencontre émouvante de Rls avec son époux, l’ethnologue Jean-Claude Dupont, son grand ami et confrère dans l’étude de la culture matérielle. L’histoire tourne autour d’une lignette, un piège très populaire à l’île d’Orléans pour capturer les plectrophanes des neiges, ces oiseaux blancs si nombreux qu’ils créaient sur leur passage comme « un nuage qui coupaient les rayons du soleil ».

EN :

In the early 1980s, the author had the opportunity to see Robert-Lionel Séguin’s vast collection of 20,000 artifacts at his home in Rigaud, Québec. She tells of how Séguin, along with his wife Huguette Servant, continued adding objects to the collection during his entire life. One meeting in particular stands out. It was an emotional occasion when the author visited Robert-Lionel Séguin along with her husband, ethnologist Jean-Claude Dupont, who was his close friend and colleague in the field of material culture research. Their discussion was mainly about the “lignette”, a type of trap that was very often used on Île d’Orléans to capture Snow Buntings, the white birds that were so numerous it was said their passage was like a cloud that blocked out the sun’s rays.

FR :

La Civilisation traditionnelle de l’« habitant » aux 17^e et 18^e siècles, l’oeuvre imposante de Robert-Lionel Séguin, a été revisitée sous un angle particulier, soit son titre même. Les concepts ethnologiques, sociologiques, historiques et géographiques qu’il sous-tend ont suscité une réflexion sur la notion de « civilisation traditionnelle », sur celle d’« habitant » et sur ce temps déterminant de l’histoire qu’a été la période des xvii^e et xviii^e siècles. Cette démarche permet de situer dans une perspective critique le sens et la profondeur des mots utilisés par Robert-Lionel Séguin pour présenter son oeuvre.

EN :

La Civilisation traditionnelle de « l’habitant » aux 17^e et 18^e siècles, Robert-Lionel Séguin’s masterwork, is revisited here by looking particularly at its title, one which refers to ethnological, sociological, historical and geographical concepts. This causes us to reflect on the concept of traditional society, on that of the “habitant” and on the important historical era that spanned the 17^th and 18^th centuries. Thanks to this approach, the author can observe through a critical lens the meaning and scope of the terms used by Robert-Lionel Séguin to present his work.

FR :

La collection de plus de 20 000 objets accumulés par Robert-Lionel Séguin demeure l’un des résultats les plus visibles de l’héritage de cet ethnologue passionné. À la fin des années 1970, Séguin amorce la rédaction de fiches d’objet détaillées. Que nous apprend ce premier travail d’inventaire ? D’abord, il s’agit de présenter le contenu de ces fiches et d’en extraire les éléments les plus révélateurs de son collectionnement. Puis, le croisement de ces données avec d’autres documents d’archives, comme la correspondance entre Séguin et le folkloriste Luc Lacourcière, expose le déploiement de son réseau d’informateurs et du rôle central de celui-ci dans sa démarche de collecte. Enfin, documenter cette collection par ses archives permet d’ouvrir la réflexion sur le projet scientifique de ce chercheur-collectionneur.

EN :

The more than 20,000 objects collected by Robert-Lionel Séguin make up the most tangible aspect of this dedicated ethnologist’s legacy. Towards the end of the 1970s, Séguin began work on a detailed index of all these objects. What can we learn from his preliminary inventory of the collection ? First of all, we present the contents of his index files in order to highlight the most revealing aspects of the collection. By then confronting this data with other archival documents, such as Séguin’s correspondence with ethnologist Luc Lacourcière, we present a portrait of his network of informants and show how this network played a determining role in his collecting. Finally, by surveying the collection through archival documents, we can reflect on Séguin’s academic pursuits as a researcher and collector.

FR :

Louis Edmond-Hamelin est dans le dernier droit de son rectorat à l’Uqtr quand il prononce cette allocution, le 13 juin 1983, à l’occasion de l’acquisition de la collection Robert-Lionel Séguin par son université. Plus qu’un simple discours de circonstance, ce texte prend vite les allures d’un manifeste en faveur d’une approche interdisciplinaire du champ des « Études québécoises ». Grâce à l’immense valeur documentaire du fonds Séguin, le plus grand trésor de culture matérielle du Québec, ce sont en effet trois siècles de culture francophonienne qui pourront être approfondis. Cet exposé s’avère en même temps un programme de développement intellectuel de cette collection monumentale qui touche le catalogage, l’enseignement au premier cycle, la recherche et les études postérieures, la pédagogie muséologique et la collaboration interinstitutionnelle. Ce texte fait l’objet d’une présentation contextuelle et d’un appareil de notes qui en situent la portée institutionnelle novatrice et originale.

EN :

On June 13^th, 1983, Louis-Edmond Hamelin was nearing the end of his term as President at Université du Québec à Trois-Rivières (Uqtr) when he gave this talk marking the University’s acquisition of the Robert-Lionel Séguin collection. His speech was much more than simply an official address. It revealed itself to be a manifesto in favour of an interdisciplinary approach to “Québec Studies”. Thanks to its tremendous documentary value, the Séguin collection, Québec’s largest repository of material culture, has provided us with a profound understanding of Francophone culture spanning three centuries. The presentation included scholarly development plans for the monumental collection, encompassing cataloguing, undergraduate teaching, museum pedagogy, research and further study, as well as collaboration with other institutions. The text of the address is presented here in context, along with notes that highlight its original and innovative approach.

FR :

Lorsque l’Université du Québec reçoit la collection de Robert-Lionel Séguin, le recteur Louis-Edmond Hamelin mesure tout le potentiel scientifique et pédagogique de cette acquisition unique, mais aussi l’ensemble des défis qui se posent désormais à l’institution. Le projet scientifique et culturel de Séguin s’inscrit dans un environnement universitaire et avec une responsabilité publique ; comment collaborer avec le réseau muséal ? Comment assurer la pérennité de la collection et de sa mise en valeur ? Comment mettre en place une gouvernance appropriée ? La collection Séguin nous rappelle l’importance de l’affirmation d’un projet culturel inspirant et nous questionne sur le rôle des collectionneurs privés et sur les fonctions et les opérations d’un centre de conservation et d’études sur les collections.

EN :

When the Université du Québec obtained the Robert-Lionel Séguin collection, President Louis-Edmond Hamelin evaluated the scholarly potential represented by this unique acquisition, while reflecting also on the challenges it created for the institution. Séguin’s intellectual and cultural endeavour was then integrated into a university environment with a unique responsibility, leading to questions about collaboration with museum networks, about long-term conservation and uses and also about how to appropriately administer the collection. The Séguin collection reaffirms the need for an inspirational cultural framework and leads us to consider the role of private collectors, as well as the function and mode of operation of a collections-based research and conservation centre.

FR :

Quelles sont les valeurs qui confèrent à la collection Robert-Lionel Séguin son importance si particulière d’un point de vue muséologique ? À travers l’histoire du Musée de culture populaire de Trois-Rivières, l’auteure se penche sur les rapports de cette institution avec un ensemble d’archives figurées propulsé au rang des symboles identitaires québécois les plus visibles dans les décennies 1970-1980. Par l’analyse des grandes composantes de cette collection, tant sur le plan des diverses catégories d’objets qui la composent que sur le plan de leur qualité scientifique comme marqueurs du développement de la culture matérielle du Québec, l’auteure dégage les forces et quelques lacunes de cette collection de plus de 20 000 objets. En fin de parcours, elle cible les défis muséologiques posés par la mise en valeur d’une collection unique, caractérisée entre autres par son statut de collection de référence scientifique et par sa reconnaissance comme bien national par l’État québécois.

EN :

What attributes explain the Robert-Lionel Séguin collection’s huge importance from a museological perspective ? The author recounts the history of Trois-Rivières’s folk culture museum (Musée de culture populaire) in order to examine the way this institution dealt with a body of archival objects that attained a very high profile as a symbol of Québécois identity during the 1970s and 80s. She highlights the strengths of this collection comprising in all 20,000 objects and points out a few aspects that are lacking from the whole. In doing so, the author analyzes the main components of the collection, looking at the diverse categories of objects that are included and considering the body of knowledge it represents as being an indicator of Québec’s evolution from a material culture viewpoint. She concludes the article by identifying the museological challenges represented by this unique collection, one that stands out because of its status as a fundamental reference for scholarly research, while at the same time being recognized as a national treasure by the Québec government.