Résumés
Résumé
La châsse de Sainte-Gertrude de Nivelles reste en orfèvrerie un exemple précoce de “micro-architecture.” Le contrat qui existe toujours remonte à 1272 et montre clairement que le projet et l’exécution étaient deux opérations complètement séparées. Cela laisse aussi entendre qu’un dessin du projet accompagnait le contrat. À mon avis, le dessin représentait une élévation architecturale très minutieusement tracée et les nombreuses références architecturales de la châsse renvoyaient à des édifices plus anciens d’Ile-de-France et, sans aucun doute, les dessins d’architecture constituaient les moyens par lesquels ils étaient fixés dans le projet. En fait, on retrouve d’autres exemples de dessins d’architecture accompagnant les contrats à cette époque, période pendant laquelle la séparation entre le concept et l’exécution s’affirmait de plus en plus dans un grand nombre de traditions artisanales. La conception du projet qui peut être perçue dans la châsse de Sainte-Gertrude offrait beaucoup de similitude avec les écrits de saint Thomas d’Aquin qui assimilent la pureté formelle et la réalisation précise d’un concept. Le fondement géométrique du dessin d’architecture le rangeait du côté de la forme intelligible, ce qui permettait de croire également dans les qualités transcendantes du dessein. Cette nouvelle méthode de transfert de la forme devenait possible grâce aux nouvelles techniques de dessin, y compris l’élévation architecturale, et favorisait l’éclosion de la “micro-architecture.” Cette méthode indique aussi un développement substantiel dans le processus de la conceptualisation “gothique” qui eut des effets sur la formation artisanale, les pratiques d’atelier, le statut des objets d’art et dans la position sociale du concepteur.
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