Résumés
Résumé
Cet article est publié en deux parties. La première, parue dans notre dernier numéro (43, nos 2-3), portait sur les débats concernant l’origine du contrôle territorial et sur la reconnaissance des territoires nationaux. La seconde partie, qui apparaît dans le présent numéro, traite de la gestion des districts de chasse.
Dans le nord-est de l’Amérique du Nord, l’origine précolombienne des territoires familiaux autochtones a suscité une controverse chez les anthropologues, tout comme la possibilité que les Algonquiens aient élaboré par eux-mêmes des mesures de conservation des ressources fauniques. Pourtant, au début du xviie siècle, les Français n’ont aucune difficulté à reconnaître l’existence de territoires dont l’accès est contrôlé par des nations autochtones et qui constituent la propriété collective de l’une d’entre elles ; par conséquent, ses chefs en supervisent l’usage par ses membres. Avec le temps, les représentants du roi s’emploient à convaincre les peuples « frères » de s’accorder un droit mutuel de chasser sur leurs terres. Comme en Acadie, il existe en Nouvelle-France des « districts » de chasse bien délimités exploités sous la direction d’un chef de bande familiale. Les membres d’une autre bande ou les étrangers doivent obtenir la permission d’y chasser, quoique les incursions occasionnelles soient acceptées. À compter de 1660, des mesures de conservation sont observées dans la région des Grands Lacs et même dans celle du lac Champlain, mais au xviiie siècle, elles ne semblent pas connues sur la côte Nord ; cependant il paraît peu probable que les autochtones n’aient pas eu les connaissances suffisantes pour en élaborer eux-mêmes. Dans l’ensemble, leur conception du territoire semble d’origine autochtone plutôt que française. Elle repose sur l’existence de limites nationales et de districts bien définis, même si les observateurs français ne cherchent pas à décrire ceux-ci précisément.
Mots-clés :
- territoires familiaux autochtones,
- districts de chasse,
- nations autochtones,
- Algonquiens,
- Nouvelle-France
Abstract
This paper is being published in two parts. The first, which appeared in our last issue (vol. 43, nos 2-3), focused on the debates concerning the origins of territorial control and the recognition of national territories. The second part, which appears in this issue, deals with the management of hunting districts.
In northeastern America, the pre-Columbian origins of aboriginal family territories has created controversy in the past among anthropologists, just as the possibility that Algonquian peoples devised wildlife conservation measures by themselves. At the beginning of the 17th century, however, the French had no difficulty recognizing the territories of Indigenous Nations who controlled access to the area and exercised a form of collective ownership over it. Their chiefs also supervised the use of these lands. With time, the King’s representatives tried to convince the aboriginal inhabitants, who they called “brothers”, to grant each other the mutual right to hunt on each other’s lands. As was the case in Acadia, there existed in New France well-defined hunting “districts” that were exploited under the guidance of the head of a family band. Members from another band or outsiders had to obtain permission to hunt there, although occasional incursions without permission were tolerated. From 1660 on, conservation measures can be seen in the Great Lakes and Lake Champlain regions. In the 18th century, these conservation practices are not documented for the North Shore of the St. Lawrence River, but it seems unlikely that Indigenous people did not have the wherewithal to devise such measures on their own. Overall, this conception of territory and ownership seems to have an Indigenous rather than a French origin. It is based on the existence of national boundaries and well-defined districts, even though French observers did not attempt to describe these with precision.
Keywords:
- aboriginal family territories,
- hunting districts,
- Indigenous Nations,
- Algonquians,
- New France
Resumen
Este artículo es publicado en dos partes. La primera, que apareció en el último número (vol. 43, nos 2-3), se centró en los debates sobre el origen del control territorial, y en el reconocimiento de los territorios nacionales. La segunda parte del artículo, que aparece en este número, aborda la gestión de los distritos de caza.
En el nor-este de América del Norte, el origen precolombino de los territorios familiares indígenas ha suscitado una controversia entre los antropólogos, en torno a la posibilidad de que los Algonquinos hayan elaborado por sí mismos las medidas de conservación de los recursos faunísticos. Sin embargo, a principios del siglo XVII, los franceses no tenían dificultad en reconocer la existencia de territorios donde el acceso era controlado por naciones originarias y que constituían su propiedad colectiva, en la cual sus jefes supervisaban su uso por parte de los miembros. Con el tiempo, los representantes del rey se dedicaron a convencer a los pueblos “hermanos” de darse un derecho mutuo de cazar en sus tierras. Como en Acadie, existe en Nueva Francia “distritos” de caza bien delimitados, explotados bajo la dirección de un jefe familiar. Los miembros de otra otra familia extendida o los foráneos deben obtener el permiso de cazar allí, aunque las incursiones ocasionales son aceptadas. A partir de 1660, se observan medidas de conservación en la región de los Grandes Lagos (Grands Lacs) e incluso en la del lago Champlain, pero en el siglo XVIII, no parecen haber sido conocidas en la costa Norte. Sin embargo parece poco probable que los indígenas no hayan tenido los conocimientos suficientes para elaborar ellos mismos dichas medidas. En conjunto, su concepción de territorio parece de origen indígena más que francés. Ella reposa sobre la existencia de límites nacionales y de distritos bien definidos, a pesar de que los observadores franceses no buscaron describir dichos límites con precisión.
Palabras clave:
- territorios familiares indígenas,
- distritos de caza,
- naciones originarias,
- Algonquinos,
- Nueva Francia
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Parties annexes
Remerciements
L’auteur a bénéficié d’une subvention du projet « Peuples autochtones et gouvernance », financé par le CRSH. Il remercie M. Alexandre Courtemanche de sa collaboration à la recherche documentaire, ainsi que les deux évaluateurs anonymes qui l’ont poussé à approfondir sa réflexion, l’un dans un style cinglant, l’autre avec une délicatesse exquise.
Note biographique
Michel Morin est professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Il détient un baccalauréat en droit de cette université ainsi qu’une maîtrise en économique de l’Université du Québec à Montréal. De 1986 à 2003, il a enseigné à la section de droit civil de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa. Ses activités d’enseignement et de recherche portent sur l’histoire comparative du droit public ou du droit privé, l’évolution des droits des peuples autochtones et le droit comparé. En 1998, la Fédération canadienne des sciences humaines et sociales lui a décerné le prix Jean-Charles Falardeau pour son ouvrage L’Usurpation de la souveraineté autochtone (Boréal, Montréal, 1997). Il a publié récemment « Fraternité, souveraineté et autonomie des Autochtones en Nouvelle-France » (Revue générale de droit 43[2], 2013 : 531-598).