Résumés
Résumé
En droit civil, « l’enfant à naître » est indissociablement lié à la maxime romaine infans conceptus. C’est en effet à travers son prisme que les civilistes abordent la question de la personnalité juridique de l’embryon. Pour mettre en oeuvre cette technique juridique, ces auteurs mobilisent différentes constructions de la personnalité juridique de l’embryon. Ces dernières se rapportent à quatre courants interprétatifs préalablement identifiés par les auteures : celui de la fiction stricto sensu, celui de la personnalité juridique actuelle, et ceux de la personnalité juridique conditionnelle soumise à une condition suspensive ou résolutoire. Derrière ces courants se profile le statut juridique de l’embryon : « chose » pour la théorie de la fiction, « personne » pour les théories de la personnalité juridique actuelle et de la personnalité juridique soumise à condition résolutoire (personnalité précaire); « catégorie sui generis » pour la théorie de la personnalité juridique soumise à condition suspensive (personnalité fictivement anticipée).
À partir d’une étude des manuels de droit civil touchant au droit des personnes, auxquels quatre articles d’auteurs québécois ont été ajoutés, cet essai synthétise les idées de cette doctrine et mène une analyse minutieuse de la terminologie employée, identifiant le courant interprétatif de la maxime infans conceptus dans lequel s’insère leur pensée. Dévoilant ainsi leur qualification de l’embryon (chose, personne ou catégorie sui generis), il questionne la cohérence de leur présentation du statut juridique de l’embryon pour relever les dissonances entre sa nature et la description du régime juridique qui ressort du droit positif. À ce titre, plusieurs controverses, illustrant la difficulté de proposer une théorie cohérente de l’ensemble des règles qui régissent cet objet du droit, ont été mises à jour. Elles concernent, entre autre, l’étendue des droits reconnus à l’embryon (droits patrimoniaux et/ou extrapatrimoniaux), l’identification des mesures visant à protéger les intérêts de l’ « enfant conçu » (mesures conservatoires ou exécutoires) ou encore la possibilité ou non d’appliquer la maxime latine infans conceptus aux embryons ex utero.
Abstract
In civil law, “the unborn child” is inextricably linked to the Roman maxim of infans conceptus. It is through this concept that civilists address the issue of the legal personality of the embryo. To implement this legal technique, scholars of the civil law tradition utilize four different interpretative theories: that of a stricto sensu legal fiction, that of an actual legal personality, as well the concepts of a conditional legal personality subject to either a suspensive or resolutory condition. Underlying these concepts is the legal status of the embryo, considered to be an “object” for the tenants of the idea of a legal fiction, a “person” for those embracing the idea of a real legal personality or a status dependent on a resolutory condition (precarious legal personality), and a “sui generis category” for those advancing the idea that legal status is subject to a suspensive condition (anticipated legal personality).
This essay, through a detailed analysis of the terminology employed in civil law textbooks dealing with the subject of civil rights, as well as four articles written by Quebec authors in the same subject area, identifies the interpretative theory surrounding the use of the maxim infans conceptus that each respective author uses. This analysis has revealed certain divergences between the presentation that is made surrounding the embryo’s legal status (object, person, or sui generis category), and the ensuing applicable legal rules. This essay highlights and updates certain debates surrounding the concept of infans conceptus, illustrating the difficulty of elaborating a coherent theory in this area. This essay notably discusses the type of rights generally recognized for an embryo (patrimonial and/or extrapatrimonial rights), identifies certain mechanisms aimed at protecting the “unborn child” (conservative or executory measures), as well as the possibility of applying the Latin maxim infans conceptus to ex utero embryos.
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