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I. Nouveauté à la revue : intégration d’une nouvelle forme d’articles selon la méthode des 4P issue des recherches menées par l’équipe de LMM[1]

Depuis plusieurs années, le Groupe de recherche en LMM, puis la Chaire de recherche en LMM, mène plusieurs projets et collaborations afin de favoriser le développement de savoirs et le transfert de connaissances dans son champ d’expertise. S’inscrivant à la croisée de plusieurs disciplines (dont celles des langues, des arts et des sciences humaines et sociales), la Chaire en LMM a poursuivi ces objectifs (2017-2024) : 1) structurer les fondements d’une didactique intersémiotique de la réception et de la production de contenus multimodaux sur différents supports; 2) documenter les pratiques en LMM des ressources enseignantes et des jeunes en contextes formel et informel; et 3) déployer des partenariats avec des acteurs éducatifs et des entreprises culturelles préoccupés par les avancées des recherches en LMM. C’est ainsi que le Groupe de recherche en LMM a pu se doter de fondements, d’un modèle de compétences et de partenariats avec les praticiens des milieux éducatifs et culturels.

Soucieux de participer à la conception et à la réalisation de projets éducatifs en littératie ou d’activités favorables à son développement, des projets de recherche de ses membres, en recherche-design et en recherche-action, ont permis de démontrer la pertinence de recourir à la cocréation pour développer des compétences en LMM. Adaptée à la pédagogie active, la cocréation didactique se « base sur une théorie du savoir voulant que le sens émerge et s’incarne dans la coparticipation de chercheurs, de praticiens et de participants dans des contextes complexes, variés et bien définis » (Lacelle et al., 2022). Elle implique donc la participation collaborative de divers acteurs en fonction de contextes scolaires et culturels dans toutes les étapes de la création d’une activité ou d’un objet didactique. De son côté, la recherche design en milieux culturels et scolaires s’incarne, selon une récente recension réalisée par Lacelle et Lalonde (sous presse), dans quatre dimensions qui lui sont propres et qui trouvent écho à une approche de cocréation didactique, soit les dimensions pragmatique, collaborative, exploratoire et itérative.

Au cours des dernières années, ces projets prenant appui sur une démarche de cocréation didactique (entre autres, ceux de Lacelle et Lalonde, sous presse; Lacelle et al., 2019, 2022; Martel et al., 2020; Richard et al., 2017; Richard et Lacelle, 2020) ont permis de dégager des principes directeurs de la cocréation et d’asseoir les bases de ce que nous appelons aujourd’hui la méthode des 4P (Portrait du milieu; Processus de cocréation; Projet; Production).

En plus d’offrir un cadre à toute démarche de cocréation d’objets didactiques, ces principes directeurs offrent l’avantage de baliser avec succès la documentation et la description de celle-ci. Ils constituent un appui sur lequel le comité de direction de la revue a décidé de structurer une nouvelle forme d’articles pouvant être soumis et publiés au sein de la R2LMM : la documentation de pratiques de cocréation.

1.1 La documentation de pratiques de cocréation – précisions sur la forme d’article attendue

Les principes directeurs de la cocréation didactique issus des récents travaux menés dans le Groupe de recherche en LMM, rassemblés en catégories (les 4P), sont dans ce qui suit explicités pour encadrer l’écriture d’un article prenant la forme d’une documentation de pratiques. Pour connaître plus en détail ce qui a mené à leur identification, nous encourageons la lecture des articles placés en référence.

1.1.1. Décrire selon les 4P

Dans une perspective d’abord pragmatique, la première catégorie des 4P réfère à l’importance de bien connaître et décrire le portrait ethnographique et socioculturel des acteurs et des milieux impliqués dans le projet présenté et réfléchi. Dans un premier temps, il importe donc de brosser le portrait des personnes impliquées (chercheurs universitaires et praticiens, assistants, jeunes ou élèves), des établissements scolaires et culturels et des ressources matérielles disponibles. Au besoin, les banques de données statistiques et ethnographiques peuvent être consultées.

Considérant l’importance accordée à la dimension collaborative, la deuxième catégorie des 4P touche au processus de cocréation en lui-même. Celui-ci doit être circonscrit et décrit pour, entre autres, identifier les débats autour des différents enjeux de développement et les actions de négociation menant à une culture commune où un consensus est atteint au regard de la compréhension de l’objet d’étude. Dans la perspective du processus de cocréation, il importe aussi d’identifier les facilitateurs et les freins à celui-ci. De même, les rôles et les apports de chacun des acteurs dans les différentes étapes relevant de la cocréation doivent être bien mis en lumière.

Le projet cocréé de manière exploratoire (troisième catégorie des 4P) doit être ensuite présenté pour que l’on en comprenne les tenants et les aboutissants. Les étapes de la réalisation des activités pédagogiques, les documents utilisés pour encadrer leur réalisation, les ressources et les outils mobilisés doivent être consciencieusement décrits et expérimentés. Si des itérations ont permis d’explorer sur le terrain la manière dont évolue le projet, il est aussi entendu de les résumer.

Finalement, les productions (4e catégorie des 4P; celles des élèves ou des jeunes à qui se destine le projet, mais aussi, le cas échéant, celles des partenaires à la recherche) doivent être présentées et décrites. Leur forme et les éléments de contenu (au regard, entre autres, des disciplines ou des champs de formation ciblés par le projet) peuvent être précisés selon leur pertinence à une problématique. Si un choix est réalisé quant aux productions présentées (quelques-unes parmi un ensemble), celui-ci doit être argumenté. Il est souhaitable aussi à cette étape que la mobilisation des compétences de LMM dans ces productions soit traitée.

En résumé. En recourant à la méthode des 4P, le portrait du milieu où s’est déroulé le projet doit donc être décrit, le processus de cocréation ayant mené à son élaboration doit être explicité, le projet en lui-même doit être caractérisé et décrit et les productions en découlant doivent être présentées.

1.1.2. Contextualiser et prendre de la distance

En amont de cette partie plus descriptive, il convient de contextualiser et de problématiser la démarche de cocréation entreprise (idéalement, mais pas nécessairement liée à une étude scientifique). Ultimement, il est aussi attendu de réaliser à la suite de cette présentation descriptive autour des 4P une analyse interprétative et critique – voire autorégulatoire – de l’expérience de cocréation vécue en mettant en lumière les principaux constats qui en émanent.

Dans le 15e numéro de la R2LMM, trois premiers articles organisés selon cette forme attendue sont présents. Ils peuvent être consultés pour s’approprier davantage de l’organisation recherchée de cette forme d’article qui, nous l’espérons, ouvrira les horizons en matière de diffusion des pratiques innovantes en LMM.

Sur le site de la revue, il est aussi possible de consulter la fiche d’évaluation pour le processus d’arbitrage qui sera dévolue à cette forme d’article.