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Toute personne qui, un jour, eut la chance de croiser la route de la professeure Monique Lebrun vous le confirmera sans ambages : elle frappe indélébilement les esprits! Pédagogue passionnée et des plus érudites, chercheuse insatiable, prolifique et toujours à l’affût de la moindre évolution, mentore dévouée et rigoureuse, professeure impliquée, collégiale et généreuse, Monique Lebrun a fortement marqué le champ de la didactique du français au Québec comme à l’international, et cela, tout au long d’une carrière universitaire foisonnante de plus de quatre décennies et marquée, conséquemment, par l’obtention du grade de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française (2000) et le statut de professeure émérite de l’UQAM (2009).

Au-delà de ces reconnaissances exceptionnelles et d’un portfolio colossal de réalisations marquantes en didactique générale, de la lecture, de l’écriture, de la littérature, de la grammaire, etc., c’est par son exploration pionnière d’un domaine alors en émergence au tournant du présent siècle que la professeure émérite Lebrun a su cristalliser définitivement son empreinte sur le champ disciplinaire de la didactique (du français) : la littératie médiatique multimodale (LMM). En effet, sa soif insatiable d’érudition l’ayant bien évidemment mise en contact avec les travaux anglo-saxons du New London Group et consorts à la fin des années 1990, Monique Lebrun eut l’irrésistible intuition d’entreprendre, cette fois en contexte francophone, et dans la foulée d’une révolution numérique désormais bien en marche, l’approfondissement d’un territoire encore vierge, du moins pour la didactique du français et la linguistique appliquée. Visionnaire, perspicace et tellement intéressée, elle sut dès le départ se faire convaincante et rapidement s’entourer, en grande cheffe d’exploration, d’une très fidèle troupe de collègues, étudiant.e.s et autres passionné.e.s par la littératie contemporaine et ses multiples transpositions scolaires et extrascolaires.

Afin de concrétiser ce désir d’ouverture disciplinaire avant son éventuelle prise de retraite de son université de coeur, l’UQAM, en 2009, la professeure Lebrun imagina toute une architecture de recherche qui allait permettre au domaine de la littératie médiatique et multimodale de prendre lentement, mais sûrement, son envol : d’abord, intéresser des étudiant.e.s à y entrer en recherche; convaincre des collègues universitaires de le rejoindre pour y investiguer et y débattre; réunir toutes ces personnes dans des espaces de diffusion critique, puis les associer au sein de groupes interinstitutionnels; obtenir la reconnaissance et le soutien des grands organismes nationaux de subvention; créer, enfin, un véhicule de diffusion scientifique adapté aux besoins et aux contraintes dudit domaine. Programme herculéen pour quiconque, on le devine, sauf pour… Monique Lebrun!

Sans énumérer tous les moments qui ont marqué la genèse et l’essor du champ de la LMM sous l’impulsion de la professeure émérite Lebrun, car cela serait ici trop long, il nous faut toutefois en présenter quelques saillies déterminantes (voir tableau 1) afin d’illustrer toute l’amplitude de son engagement personnel dans le domaine.

Tableau 1

Moments significatifs de la genèse et de l’essor du champ de la littératie médiatique multimodale sous l’impulsion de la professeure émérite Monique Lebrun (UQAM)

Moments significatifs de la genèse et de l’essor du champ de la littératie médiatique multimodale sous l’impulsion de la professeure émérite Monique Lebrun (UQAM)

Tableau 1 (suite)

Moments significatifs de la genèse et de l’essor du champ de la littératie médiatique multimodale sous l’impulsion de la professeure émérite Monique Lebrun (UQAM)

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Force est d’admettre que le domaine de la LMM, principalement dans l’espace scientifique francophone, est et restera toujours très fortement redevable de l’intuition initiale de la professeure Monique Lebrun, certes, mais aussi et surtout de son engagement entier de tous les instants dans son développement scientifique en sciences de l’éducation, du langage et de la communication. Il va de même de la R2LMM qui, bien plus qu’une fondatrice, aura trouvé en Monique Lebrun sa muse scientifique. La remercier pour de tels accomplissements s’avère bien sûr insatisfaisant. Voilà pourquoi il nous importe plus que tout de lui rendre véritablement hommage en ces lignes. Chapeaux bien bas, professeure émérite Lebrun!