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  • Patricia Toucas-Truyen,
  • Irena Tiselj-Kaluza,
  • Franck Thomas et
  • Jordane Legleye

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  • Patricia Toucas-Truyen

  • Irena Tiselj-Kaluza
    Directrice du développement et des opérations d’assurance, Vzajemna

  • Franck Thomas
    FNCuma

  • Jordane Legleye

Dans la série des séminaires organisés par l’Association pour le développement de la documentation sur l’économie sociale (Addes) concernant les problématiques émergentes, une table ronde s’est déroulée le 23 octobre 2012, sous la présidence d’Henry Noguès, professeur d’économie émérite, pour débattre du thème « Economie sociale et développement durable ». Chercheurs et acteurs  des secteurs coopératif, mutualiste et associatif ont apporté leurs témoignages et élaboré des hypothèses de recherche dans la perspective d’un colloque plus ambitieux. Comme l’a rappelé Henry Noguès, la corporate governance des années 80 adossée aux thèses de Milton Friedman et pierre d’angle de la politique thatchérienne a fait long feu. Exit l’idée que la seule responsabilité sociale d’une entreprise est de faire des profits et de rémunérer le capital dont elle est chargée par les activités qu’elle développe. De l’affaire Enron (2001) au krach boursier de 2008, la déréglementation bancaire et la rémunération scandaleuse des dirigeants d’entreprise, notamment par le biais des stock-options, ont cristallisé l’indignation, de telle sorte que les disciples de Friedman (prix Nobel d’économie en 1976) ne peuvent plus guère affirmer de façon décomplexée que, en s’occupant des intérêts de leurs actionnaires, les sociétés capitalistes contribuent automatiquement à l’utilité sociale. Le modèle du « gouvernement d’entreprise » a en fait été disqualifié dès 1987 par le rapport Brundtland pour les Nations unies, qui a défini le développement durable comme une réponse aux besoins du présent « sans compromettre la situation des générations futures ». Les trois dimensions essentielles du développement durable sont la qualité de l’environnement, l’équité sociale par l’accessibilité de tous aux biens permettant de mener une vie heureuse et la performance économique, nécessaire pour réaliser les objectifs sociaux. La mise en oeuvre de ces paramètres passe par une revitalisation de la démocratie, qui doit devenir participative, délibérative. Autant d’exigences étrangères au fonctionnement et aux objectifs de la corporate governance proposée par Milton Friedman, tandis qu’elles constituent les finalités mêmes de l’économie sociale. Cette dernière était ainsi prédisposée à prendre en compte le développement durable. Martin O’Connor (Centre d’économie et d’éthique pour l’environnement et le développement, université de Versailles, Saint-Quentin-en-Yvelines) plaide pour la construction de pratiques de « réciprocité élargie », allant au-delà du sens qui lui a été donné par Marcel Mauss : l’obligation de donner, l’obligation de recevoir et l’obligation de redonner. Selon lui, « le développement durable consiste à vouloir socialement, publiquement, politiquement et économiquement poser cette question : suis-je prêt à discuter et à chercher un compromis pour vivre ensemble plutôt qu’à sortir mon fusil pour tirer le plus vite ? C’est un questionnement, un défi sur le plan moral et éthique ». S’appuyant sur l’exemple de la démolition de l’économie de la pêche, il rappelle que les entreprises qui adoptent un comportement « sauvage » et ne cherchent pas à générer une richesse durable sombrent très vite dans la misère. Philippe Kaminski (http://prospective-sociale.org) remarque qu’il n’existe pas de statistiques sur le développement durable. Par contre, de par ses activités principales, l’entreprise d’économie sociale et solidaire (ESS) porte un certain regard sur la façon de construire, de produire et de distribuer manifestement compatible – ou du moins qui cherche à l’être – avec des objectifs de développement durable. L’exemple du logement est particulièrement éloquent pour illustrer en quoi les entreprises d’économie sociale peuvent se distinguer des autres. Certes, le logement n’est pas au centre des éco-activités, mais sa construction peut être guidée par le souci de sa durabilité et de l’économie énergétique (Isabelle Roudil, Fédération nationale des sociétés coopératives d’HLM, et Anne-Marie Becker, Fédération française des artisans constructeurs du bâtiment). Ces analyses confirment ce qu’avance …

Parties annexes