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Le travail associatif, Matthieu Hély, Maud Simonet. Presses universitaires de Paris-Ouest, 2013[Notice]

  • Edith Archambault

Ce livre collectif issu d’un colloque sur le travail associatif organisé en 2008, qui réunissait principalement des sociologues, présente les qualités et les défauts inhérents à ce type d’ouvrage. Du côté des qualités, il faut noter l’apport souvent très riche de jeunes doctorants ou chercheurs qui ont un questionnement critique à l’égard de leur objet et une réelle démarche de recherche dans la plupart des contributions. Mais les défauts existent aussi : inégalité qualitative et hétérogénéité des chapitres en dépit des efforts des deux coordonnateurs pour trouver une unité dans l’introduction. Enfin, la publication tardive de l’ouvrage explique que les conséquences de la crise de 2008 ne soient pas mentionnées. L’introduction, rédigée plus récemment par Matthieu Hély et Maud Simonet, part de la grève des salariés d’Emmaüs en 2010 (mais sont-ils des salariés ou des bénéficiaires ? La jurisprudence a tranché en 2002 et il n’y est pas fait allusion) pour juger que le monde associatif ne peut plus être pensé comme un monde d’engagement et de citoyenneté, mais comme un marché du travail. Pour justifier le plan élégant de l’ouvrage (trois parties de quatre chapitres), les auteurs soulignent que le travail associatif (partie 1) doit être étudié à ses frontières avec l’entreprise (partie 2) et l’Etat (partie 3). La première partie, inégalement intéressante, colle au titre du livre et porte sur les travailleurs associatifs de toute nature. Dans un style différent des autres contributions, Mathieu Narcy considère, à partir d’un travail économétrique sur la riche banque de données des enquêtes Emploi, que les salariés des associations sont intrinsèquement motivés, puisqu’ils acceptent une diminution de salaire de 14 % par rapport aux autres salariés du privé tout en ayant un moindre absentéisme. La seule incitation monétaire ne permet donc pas d’expliquer leur forte implication au travail, ce qui est confirmé par leur plus grande satisfaction pour leurs conditions de travail (pour treize caractéristiques d’emploi). Francis Lebon et Emmanuel de Lescure traitent de « l’incertaine professionnalisation des animateurs socioculturels et des formateurs d’adultes », métiers précaires et peu rémunérateurs, mais très répandus : 120 000 animateurs et 180 000 formateurs en 2002. Entre 1983 et 2002, la précarité a augmenté pour l’animation (contractuels et vacataires) et baissé pour la formation, et les critères de professionnalisation sont clairement discutés. A côté de ces contributions solides, deux chapitres plus légers. Rebecca Taylor, dans un chapitre en anglais qui aurait pu être traduit, intitulé pompeusement « Repenser le travail bénévole : dimensions de classe, genre et culture », étudie en fait quatre cas très caricaturaux et sans doute peu représentatifs du monde associatif britannique : deux cas de salariées, deux cas de femmes bénévoles, dans une charity traditionnelle britannique et une association communautaire d’immigrants récente. Elle veut montrer comment le bénévolat est encastré dans l’habitus, mais ne convainc guère. La phrase finale, que je partage, n’est absolument pas étayée : « La compréhension du travail bénévole n’est pas une activité périphérique. Bien au contraire, elle est centrale pour comprendre la nature du travail dans la société contemporaine. » Enfin, Julien Bayou et Fanny Castel, dans « Sois stage et tais-toi : le sous-salariat démasqué », reprennent en style pamphlétaire les arguments de Génération précaire et les témoignages du forum Internet de ce mouvement pour donner du stage, en association comme en entreprise, une image de servitude volontaire. La deuxième partie, consacrée à l’entreprise associative au service de l’entreprise citoyenne, est la plus cohérente et la plus originale. Dans « Les bonnes volontés à l’épreuve de l’efficience dans le champ de l’aide alimentaire », Jean-Pierre Le Crom et Jean-Noël Retière étudient les résistances à …