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  • Cécile Le Corroller,
  • Isabelle Guérin,
  • Isabelle Hillenkamp,
  • Christine Verschuur,
  • Gilles Caire,
  • Olivier Feiertag et
  • Yannick Marec

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  • Cécile Le Corroller
    Université de Caen

  • Isabelle Guérin
    IRD
    Cessma

  • Isabelle Hillenkamp
    IRD
    Cessma

  • Christine Verschuur
    Institut de hautes études internationales et du développement, IHEID

  • Gilles Caire
    Université de Poitiers

  • Olivier Feiertag
    Université de Normandie

  • Yannick Marec
    Université de Normandie

A l’occasion du IIe Sommet international des coopératives, qui s’est tenu du 5 au 9 octobre dernier à Québec (Canada), à l’initiative conjointe de l’Alliance coopérative internationale (ACI) et de la banque coopérative Desjardins, 3 000 personnes, de 93 pays différents, ont partagé leur passion pour les coopératives. Les chercheurs, préalablement réunis lors du symposium de recherche , et les praticiens ont, pendant quatre jours, fait avancer le mouvement coopératif, en interconnectant les avancées dans la réflexion sur les coopératives et les expérimentations menées sur le terrain. L’homo cooperativus, dans toute sa diversité, s’est exprimé dans les très nombreux ateliers organisés en petits comités. Il a « réseauté » dans les couloirs et les salons du palais des congrès de la ville de Québec ; il s’est instruit de l’expérience des autres, mais l’homo cooperativus d’Alphonse Desjardins, de Charles Gide, d’Henri Desroches et des autres s’est-il nourri et retrouvé dans les propos des « grands » conférenciers invités ? A croire que ces experts économistes des « grandes » universités américaines avaient plus à apprendre aux coopérateurs que l’inverse. Rien n’est moins sûr, plusieurs d’entre eux ayant sincèrement avoué avoir découvert avec un grand intérêt les pratiques et les principes coopératifs à l’occasion de cette invitation. Ce décalage est un reflet de l’écart particulièrement marqué, lors du sommet, entre les petites et moyennes coopératives où le groupement de personnes originel est encore identifiable, proche, et les grands groupes coopératifs sont chacun représentés par une personnalité, certes des plus charismatiques, mais qui apparaît parfois inapprochable, que l’on n’ose pas aborder, telle une idole. Les intérêts et les problématiques ne sont à l’évidence pas les mêmes. Entre la satisfaction des besoins primaires des habitants des villages coopératifs dans les territoires très isolés au Nord du Canada, les îles de la Madeleine par exemple, et les objectifs prioritairement économiques des coopératives géantes, l’écart a paru se creuser. La thématique de l’innovation fut choisie pour tenter de réunir tout le monde, même si, là encore, les démarches ne sont pas tout à fait les mêmes, les petites et moyennes coopératives innovant par le partage, les grandes favorisant peut-être plus l’innovation au sens classique du terme, suivant les préconisations des écoles de commerce. Néanmoins, des coopératives de santé japonaises aux transferts d’entreprises publiques et privées en coopératives à Cuba, en passant par les coopératives funéraires d’Amérique du Nord, les coopératives artisanales d’Afrique, les coopératives vinicoles et viticoles d’Europe – dans les faits, cette liste est beaucoup plus longue –, force est de constater l’engagement dans l’innovation, tout autant que l’innovation dans l’engagement des coopérateurs du monde entier. L’engagement dans l’innovation met en avant le caractère commercial des entreprises coopératives. Leur compétitivité, par les prix ou par la qualité, est garante du maintien des emplois et passe par l’innovation, qu’elle soit de produit, de procédé, organisationnelle, de marché, de matière première ou bien sociale. Encore faut-il croire au modèle de l’innovation comme principal facteur de croissance et de développement, ce qui ne va pas de soi. Entre autres arguments : l’innovation n’empêche ni les crises ni le chômage ; les entreprises de capitaux cotées consacreraient plus d’argent aux achats de titres boursiers (dont des leurs propres) qu’à la recherche et développement ; l’innovation technologique pour un développement plus durable ne rallie que les partisans de la soutenabilité faible, laissant perplexes et dubitatifs beaucoup d’autres. Pourquoi cette culture de l’innovation à tout prix, qui en deux siècles n’a pas fait ses preuves sur le plan macroéconomique ? Serait-elle plus opportune pour les coopératives qu’elle ne l’est pour les sociétés de capitaux ? Les …

Parties annexes