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Comment le diagnostic du SIDA peut tuer : mieux vaut prévenir que mourir, rompre la honte pour rompre le silence
Cyline Adam
École de service social, Université d’Ottawa
La stigmatisation dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH/SIDA ou qui en sont affectées représente de nos jours, avec la honte et le silence qui l’accompagnent, la plus grande entrave à la prévention de cette maladie. Malgré les progrès de la médecine, le SIDA demeure une maladie incurable et un fléau social qui affecte tout particulièrement les pays et les communautés les plus démunis. Le SIDA prend une dimension catastrophique à partir du moment où il touche des personnes en situation précaire, c’est-à-dire des individus vivant déjà dans des conditions de pauvreté et d’exclusion, où l’accès à l’information est plus difficile et les possibilités de se prendre en charge, même lorsqu’il y a une volonté d’agir, sont quasi impossibles.
Il est clair aujourd’hui que le SIDA fait ressurgir des peurs semblables aux épidémies d’autrefois. Par contre, le SIDA est souvent défini comme une maladie pas comme les autres, du fait qu’il est associé à des métaphores conceptuelles liées au sexe, à la mort et au péché contre la volonté de Dieu.
À partir d’une recension des écrits, le présent mémoire a pour objet de faire l’analyse critique des dynamiques sociales qui façonnent la vie des personnes séropositives. Trois grands thèmes traverseront notre étude : la portée des discours sociaux sur le VIH/SIDA, la stigmatisation qui constitue un facteur déterminant dans la propagation de l’infection du VIH et la honte qui engendre le silence des personnes infectées et affectées. Ces thèmes visent à donner à cette recherche des éléments permettant de mieux comprendre la vie quotidienne des personnes atteintes du VIH/SIDA et de saisir la portée sociale de la maladie (c.-à-d. ses liens avec le stigmate, la honte et l’isolement) pouvant faire obstacle à son approche médicale. Les résultats de cette étude débouchent sur des pistes de réflexion pour les pratiques en service social.
L’approche narrative de Michael White et la pratique du service social
Margarida Antunes-Leckey
École de service social, Université d’Ottawa
Ce travail de recherche documentaire analyse et discute en détail l’approche narrative selon Michael White. De plus en plus de professionnels dans les domaines du counselling sont réceptifs à cette version de la thérapie narrative. La métaphore narrative est fondée sur des idéologies d’individualité, d’inégalité du pouvoir et de contexte social des théories du constructivisme et du constructionnisme social. Elle se situe dans un contexte post-moderne d’innovation et est le produit d’une collaboration interdisciplinaire et de théories féministes et littéraires.
Nous expliquons les influences théoriques sous-jacentes à l’approche narrative et leur apport particulier. Nous décrivons brièvement les caractéristiques de la thérapie narrative, plus particulièrement l’extériorisation, la rédaction et les groupes réfléchissants, qui représentent l’apport de la famille et du réseau d’aide à la personne.
Nous donnons ensuite des exemples d’intervention en thérapie familiale et en thérapie de groupe et la contribution potentielle de la thérapie narrative au domaine de la santé. Cette méthode a été prouvée efficace en santé mentale avec des enfants autistiques et des jeunes anorexiques. Non seulement Michael White a-t-il innové dans le domaine de la thérapie familiale, mais il a aussi été un pionnier en service social, grâce au Centre Dulwich dont il est le codirecteur.
Enfin, nous signalons que l’approche de Michael White est pertinente dans la pratique du service social par ses multiples possibilités d’utilisation, la protection qu’elle offre des droits des clients et sa structure démontrant le besoin d’un cadre de travail pour les intervenants. Cette étude nous a permis de prendre conscience de la complexité de l’approche narrative et de la congruence entre ses fondements théoriques et ses méthodes d’intervention.
La famille élargie comme source de soutien aux familles haïtiennes en difficulté : perception des intervenants
Stéphanie Dauphin
École de service social, Université d’Ottawa
La présence de la communauté haïtienne au Québec date de plus de quarante ans. Elle constitue actuellement l’une des plus importantes minorités ethniques de cette province. Au cours de leur processus d’intégration, les familles haïtiennes rencontrent de nombreux défis qui freinent leur implication dans leur société d’accueil. Par contre, le soutien offert par les diverses ressources et les intervenants ne répond souvent que partiellement aux spécificités des difficultés d’adaptation de ces familles.
Cette recherche qualitative, de type exploratoire, a pour objectif d’identifier, par l’entremise de la perception des intervenants sociaux, certains des facteurs liés aux difficultés rencontrées par les familles haïtiennes, les particularités de leur intervention auprès d’elles et le soutien pouvant leur être offert par les membres de la famille élargie. Pour ce faire, nous avons effectué des entrevues semi-dirigées auprès de huit intervenants du Centre jeunesse de Montréal et de la Maison d’Haïti, deux organismes desservant cette communauté.
L’analyse de nos données d’entrevue nous a permis de faire émerger quatre thèmes principaux. Ceux-ci traitent notamment des divers chocs culturels vécus par les familles haïtiennes dans le cadre de leur processus d’intégration, des forces qu’elles démontrent et qui contribuent à faciliter leur adaptation à la société d’accueil ainsi que du soutien pouvant être offert par la famille élargie à des proches qui vivent des difficultés. Finalement, nos répondants suggèrent des pistes afin de mieux adapter les pratiques d’intervention en tenant compte des forces et des spécificités de la culture d’origine et de la société d’accueil.
Prévention ou exclusion? Le rôle des victimes de violence conjugale dans le processus judiciaire
Lina Deschamps
École de service social, Université d’Ottawa
Tant la définition que le rôle dans le droit pénal ont évolué considérablement à travers les siècles. Par conséquent, le concept de victime d’acte criminel est une notion relativement moderne dans l’histoire de la criminologie. L’historique de l’évolution de rôle de la victime dans le système pénal permet de retracer les valeurs et idéologies perpétuées par la société occidentale, plus spécifiquement lorsqu’il s’agit de victimes de violence conjugale. Et que les valeurs et idéologies concernent les femmes et les hommes ainsi que les rapports de pouvoir existant entre eux. Par contre, trop peu a été fait; il faut persévérer dans ce domaine.
Une des conséquences du système pénal actuel est la place trop négligeable qui est faite aux victimes. Celles-ci occupent maintenant le rôle de simples témoins. Les conséquences d’une telle fonction sont encore trop peu développées. Plus récemment, cette problématique a réussi à faire l’objet d’une attention gouvernementale.
Ce travail se veut donc un survol de la problématique du rôle de la victime et de la place qui lui est accordée dans le système juridique. Son objectif est de démontrer, à l’aide d’une analyse féministe, comment un système encore très patriarcal a un impact sur la prise en charge de la victime de violence conjugale.
La résilience chez les femmes réfugiées originaires du Rwanda
Marie-Pierre Flament
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire fait suite à une recherche commanditée par le Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones, le MOFIF. Le rapport s’intitule « L’impact du conflit armé sur l’intégration des femmes immigrantes et des réfugiées francophones en Ontario ». Basée sur des entrevues auprès de femmes francophones survivantes de guerre et vivant en Ontario, cette recherche avait pour objectif de documenter l’expérience d’intégration de ces dernières et d’analyser leurs besoins en matière de services en français.
Reprenant les récits de certaines survivantes, ce mémoire a cherché à comprendre l’un des aspects de l’expérience des répondantes originaires du Rwanda et rescapées du génocide, en ciblant davantage comment elles parviennent à reprendre pied dans leur nouvelle société. Le mémoire s’est attardé à analyser les phénomènes de la résilience chez ces femmes, alors que le sujet de la résilience a été peu abordé par la recherche originelle. Ces femmes ont vécu dans un contexte de violence et de pertes subies directement en tant que victimes ou en tant que témoins du génocide rwandais, parfois les deux. Nous avons cherché à savoir si la résilience nous permettait de comprendre comment les femmes réfugiées et immigrantes parvenaient à survivre aux impacts du génocide rwandais, puis à la fuite et à l’installation au Canada. Nous nous sommes demandé, de manière explicite, à quels signes on pouvait repérer la résilience dans la vie de ces femmes. Le concept de résilience permet-il de comprendre comment elles réussissent à dépasser les difficultés inhérentes à leur arrivée dans un autre continent? Nous nous sommes enfin demandé comment la résilience peut être intégrée à nos pratiques d’accueil et d’intervention.
Le concept de la résilience est très pertinent selon nous, d’autant plus que l’intervention se déroule avec des personnes réfugiées qui, en plus d’avoir vécu dans un pays frappé par le génocide et d’en avoir été victimes, sont en quelque sorte re-victimisées par les préjugés, l’incompréhension et les difficultés matérielles et sociales dues aux processus d’immigration et d’installation. Elles veulent reconstruire une vie en sol étranger, mais les services et les politiques ne sont pas à la hauteur des attentes. Cependant, les répondantes ne veulent pas seulement être identifiées à leur parcours parfois traumatisant. Elles ne sont pas « que » des réfugiées, malgré l’image que nous avons d’elles au Canada. Avec des tuteurs de résilience et l’approche relationnelle orientée par la résilience, elles peuvent aussi se tourner vers l’avenir, s’appuyant sur leurs forces. À travers ces témoignages, nous avons voulu montrer que « la résilience passe par un geste de retournement intérieur, dont le but est de retrouver les forces vives en soi » (Cyrulnik). Dans ce contexte, l’intervention doit avant tout porter sur l’amélioration des conditions de vie des femmes réfugiées. Les nombreux obstacles qu’elles rencontrent doivent être surmontés avant que le long travail de reconstruction de soi puisse être possible. L’aiguillage vers des ressources concrètes, l’accompagnement et la défense des droits de chacune dans un système d’aide fragmenté et compliqué constituent les premières interventions à réaliser. Par la suite ou parallèlement, l’intervenante ou l’intervenant pourra agir en tuteur de résilience, permettant l’expression de la souffrance et comme initiateur potentiel des réseaux nécessaires à rompre leur isolement.
Liens sociaux et handicap : la situation de femmes atteintes de la sclérose en plaques
Suzy Fortier
École de service social, Université d’Ottawa
La sclérose en plaques est une maladie dégénérative qui affecte le système nerveux central et qui se caractérise par des pertes d’habiletés motrices et sensorielles. Au Canada, 50,000 personnes en sont atteintes et, selon les recherches, trois nouveaux cas sont enregistrés chaque jour au pays (Société canadienne de la SP 2003). Par sa nature invalidante, la sclérose en plaques se situe en quelque sorte à la frontière entre maladie et handicap et elle participe de façon générale aux problématiques entourant le handicap. Cette particularité constitue le noyau de cette recherche documentaire. Dans une perspective critique et constructiviste de la santé et du handicap, nous avons cherché à comprendre comment la construction sociale du handicap influence les liens sociaux des femmes ainsi que les réseaux qu’elles avaient avant la maladie.
Pour analyser le handicap comme construction sociale, deux modèles bien distincts sont examinés : biomédical et social. Pour le premier, le handicap est essentiellement la conséquence d’un état pathologique et l’intervention porte sur la personne. Pour le second, c’est à l’intersection de la relation personne-environnement que se construit la situation de handicap. Les problématiques entourant l’espace social et les attitudes sociales permettent de faire ressortir que plusieurs barrières physiques et symboliques nuisent à la pleine citoyenneté de la population handicapée. Par ailleurs, les idéologies de la santé, les stéréotypes et représentations sociales sont appréhendés comme des « situations handicapantes ».
Nous avons centré notre analyse sur les femmes pour différentes raisons. Non seulement la SP touche deux fois plus de femmes que d’hommes (Société canadienne de la SP 2003) mais surtout, nous croyons que le genre et la socialisation ont une influence directe sur l’expérience de la maladie. L’accent mis sur le vécu des femmes aux prises avec la SP est pertinent, car ce que plusieurs écrits reprochent aux recherches sur le handicap, c’est d’en omettre la dimension sexuée.
Éclairer et chercher à comprendre le lien social permet de constater que toute vie humaine, avec ou sans handicap, est faite de dépendances mutuelles et que le lien social favorise la citoyenneté. Les pistes d’intervention proposées à la fin de ce mémoire mettent donc en valeur l’importance de la création et du maintien des réseaux sociaux pour des personnes qui voient ces réseaux fragilisés par la maladie et le handicap.
Les mauvais traitements et la négligence à l’égard des personnes âgées en milieu institutionnel
Manuelle Grandmaison
École de service social, Université d’Ottawa
Le vieillissement est une réalité qui nous touche tous, que nous le réalisions ou non. Plus nous avançons en âge, plus il s’impose à notre conscience, même si nous cherchons généralement à l’éviter. Mais, le processus du vieillissement devient inévitable. Que dire de cette société qui a tendance à valoriser la jeunesse et non le vieillissement! De plus en plus, les pressions sociales de préserver la beauté, celle associée à la jeunesse, entraînent avec elles la peur de vieillir. Actuellement, la place qu’occupent les personnes âgées est présentée comme étant un fardeau pour la société. Ces dernières se sentent socialement dévalorisées par des âgismes et des stéréotypes. Comment est-il possible alors de vivre cette tranche de vie de façon satisfaisante?
De nos jours, plusieurs projets novateurs cherchent à prolonger aussi longtemps que possible la demeure au domicile. Des programmes, tels ceux de la popote roulante, de l’entretien ménager, des services de santé, du soutien et d’escorte aux rendez-vous médicaux, aident les personnes âgées en perte d’autonomie partielle d’accroître la durée de temps pendant laquelle elles peuvent encore demeurer chez elles. Dans plusieurs cas, pour des raisons de sécurité, le temps viendra où la personne âgée ne pourra plus habiter dans le confort familier de son foyer. Elle sera éventuellement placée dans un milieu institutionnel afin d’y recevoir des soins de base et, possiblement, des soins médicaux. S’occuper d’une personne âgée plus ou moins autonome est un travail très exigeant, que ce soit dans notre propre domicile en accueillant un membre de la famille ou en milieu institutionnel où plusieurs requièrent des soins d’un aidant ou d’une aidante. Une des conséquences de ce travail exigeant est la négligence et l’abus à l’égard des personnes âgées, tant en milieu institutionnel qu’à domicile.
Ce mémoire de recherche porte sur l’abus à l’égard des personnes âgées en milieu institutionnel. La recherche est d’origine documentaire et regroupe une diversité de documents qui traitent du sujet. Le terme « milieu institutionnel » désigne une variété d’établissements : les centres d’hébergement, les établissements de soins de longue durée et les nursings homes qui offrent des services de base et des soins médicaux à ceux et à celles qui ne sont plus capables de vivre indépendamment.
Vivre dans un de ces milieux peut comporter des conséquences néfastes. Certaines personnes qui souffrent de problèmes physiques ou psychologiques s’exposent à un risque. Plus dépendante est la personne, plus elle devient sujette d’abus dans un milieu institutionnel (Wood et Stephen, 2003 :753). Plusieurs facteurs contribuent à la violence dans ces milieux : la pénurie du personnel, un évident problème d’absentéisme, le manque de formation adéquate, les compressions budgétaires et la structure organisationnelle.
Bien qu’il ne soit pas toujours évident de trouver toutes les solutions à cette problématique, nous ne pouvons pas demeurer inactifs face aux moyens disponibles. Sensibiliser la population vieillissante sur ces types de comportements est primordial! Nous devons également améliorer les conditions de travail des travailleurs et travailleuses de ces milieux institutionnels dans le but d’améliorer le mode de vie des personnes âgées et de briser leur isolement. De plus, le rôle du travailleur social ou de la travailleuse sociale dans ce milieu est fondamental afin d’aider à réduire la fréquence des abus et même et d’abolir éventuellement cette problématique.
Dire l’adolescence : entre détresse et bien-être
Josette Kodsi
École de service social, Université d’Ottawa
À l’adolescence, cette période de transition qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte, la personne explore son être ainsi que son environnement afin de passer d’une situation de dépendance à un état d’autonomie. La société tente souvent d’encadrer cette étape de la vie afin d’assurer le « bien-être » de la personne tout au long de son développement. Dans cette perspective, les adolescentes et adolescents se voient limités, à certains égards, dans leur cheminement personnel et social parce que la société, de façon générale, cherche à leur inculquer les habitudes à adopter et celles à éviter afin de mener une vie saine. C’est ce même concept de bien-être qui justifie aujourd’hui le lancement de différents programmes de prévention adressés aux enfants et aux adolescents. Dans cet encadrement sociétal, les expériences associées au processus d’individualisation et d’autonomie de l’adolescence peuvent davantage être comprises comme des comportements « à risque », voire de la délinquance, qu’il faut alors cerner de façon professionnelle. Afin d’obtenir un autre point de vue sur la notion de bien-être, cette recherche se penche sur les discours d’adolescentes et d’adolescents au sujet des catégories mêmes qui servent à définir le bien-être dans une perspective de « santé des populations ». Les résultats de cette étude menée auprès de huit jeunes inscrits en 11e et en 12e année d’une école secondaire d’Ottawa mettent en évidence des différences dans les manières de « dire » et d’exprimer ce qu’ils entendent par l’adolescence tout en soulevant certains paradoxes qui font appel à l’intervention des travailleuses et travailleurs sociaux.
Enjeux concernant le placement d’enfant et le lien d’attachement : placer ou ne pas placer les enfants des parents éprouvant des difficultés de santé mentale
Polly-Anne Léveillé
École de service social, Université d’Ottawa
Cette recherche documentaire vise à cerner les enjeux concernant le placement d’un enfant dont l’un ou les deux parents vivent des difficultés de santé mentale.
Nous avons abordé le placement de l’enfant selon un parcours historique et exploré les différentes réalités que vivent les enfants placés dans des familles d’accueil. Ces derniers viennent souvent de familles qui éprouvent des difficultés majeures. Ils peuvent eux-mêmes en avoir au moment du placement. De plus, la séparation peut avoir sur eux des effets importants, surtout dans le cas d’enfants devant vivre des multiples placements. Un effet sur lequel nous nous sommes penchée particulièrement se rapporte aux liens d’attachement que l’enfant peut développer.
D’un autre côté, les difficultés de santé mentale qu’éprouvent les parents ont été examinées, tout comme leurs effets sur les enfants. Cela nous a permis de constater comment la vie d’un enfant qui vit avec un tel parent n’est pas toujours facile. L’enfant qui est laissé aux soins de ces parents a de plus fortes chances de développer des difficultés personnelles, étant donné que les soins reçus ne sont pas toujours stables. La remise en question des compétences parentales menant un grand nombre de parents à perdre la garde de leur enfant a été mise en lumière.
Puisque cette question en est une à laquelle il est difficile de répondre, étant donné les avantages et les désavantages à laisser, ou non, un enfant avec des parents confrontés à une problématique de santé mentale, des pistes d’interventions ont été suggérées à l’intention des intervenantes et des intervenants qui oeuvrent dans le domaine de la protection de l’enfance.
L’école et la construction identitaire francophone en Ontario : une analyse de la « politique d’aménagement linguistique de l’Ontario pour l’éducation en langue française »
Danielle Muise
École de service social, Université d’Ottawa
Dans le cadre de ce mémoire, nous présentons une analyse de la politique d’aménagement linguistique du gouvernement de l’Ontario dans le but d’en souligner les principales forces et faiblesses en tant qu’outil utilisé pour favoriser la construction identitaire francophone. L’analyse est basée sur le concept général d’identité, le processus de construction identitaire francophone au Canada, et le rôle de l’école dans la construction identitaire.
L’identité des francophones de l’Ontario a changé au fil des ans, étant largement influencée par leurs expériences de vie et les rapports sociaux qu’ils ont entretenus avec les anglophones majoritaires. Elle est passée d’une identité canadienne-française à une identité franco-ontarienne. De plus, étant donné la nature changeante d’une identité, il est juste de croire que l’identité des francophones de l’Ontario se redéfinit continuellement et qu’elle est actuellement en train de se transformer. Néanmoins, ce ne sont pas tous les francophones qui s’identifient comme Franco-Ontariens; il y a, en effet, plusieurs identités « francophones ».
Compte tenu des enjeux du contexte minoritaire, l’école est perçue comme étant une institution de grande importance pour transmettre la langue et « la culture » francophone. Toutefois, l’école permet plutôt une construction identitaire fondée sur les valeurs et les façons de faire et de dire d’une élite de langue française, qui ne reflète pas nécessairement l’identité de ceux qui la fréquentent. La politique d’aménagement linguistique peut certes aider les conseils scolaires et les écoles de langue française à faire en sorte que les élèves vivent leur francité, dans la sphère publique, à leur façon. Cependant, puisqu’elle est développée et mise en oeuvre au sein du contexte scolaire, elle est marquée de certaines contradictions. La politique soutient plutôt le rôle traditionnel de l’école et facilite ainsi la reproduction d’une seule identité.
Pauvreté et féminisme en Afrique subsaharienne : une perspective interculturelle dans la définition des concepts
Francine Naoussi Mbienda
École de service social, Université d’Ottawa
La présente recherche de type exploratoire traite de la notion de pauvreté selon la perspective féministe en Afrique (plus précisément en Afrique subsaharienne). Nous avons voulu, dans un premier temps, exposer la relativité et l’évolution de la définition de la pauvreté, en allant chercher les terminologies que différents secteurs utilisent pour se référer à ce concept, mais également en dressant un historique de la pauvreté dans la région subsaharienne de l’Afrique. De plus, dans le but d’accentuer l’alternative dans l’analyse du concept de la pauvreté, nous nous sommes attardée sur la définition et l’histoire du féminisme en Afrique. Ensuite, nous avons abordé l’analyse proprement dite, à travers l’élaboration de la perception de la pauvreté selon une perception alternative, qui n’est autre que la perception des féministes (appartenant au courant de pensée féministe intellectuel et populaire) en Afrique subsaharienne.
Afin de mieux étayer notre argumentation, nous avons procédé à une recherche qualitative, à savoir la revue de la littérature. En effet, la recherche s’est appuyée sur les publications disponibles afin d’établir une description détaillée de certains facteurs déterminant le statut de pauvre (par opposition à celui de riche) à la fois dans les sociétés de type individualiste et dans les sociétés à caractère collectiviste.
L’étude des facteurs dans les deux types sociétaux nous permet de ressortir plusieurs éléments que nous avons jugé important de prendre en compte lors de la pratique d’intervention auprès des populations africaines en général, et des populations immigrantes en particulier. Ainsi, le caractère principalement associé à la pauvreté dans les sociétés de type collectiviste, dont celles d’Afrique, tourne autour de l’ampleur des liens et de l’abondance de biens non pécuniaires que l’individu détient, en comparaison des sociétés de type individualiste où les avoirs financiers sont les déterminants premiers de la pauvreté. Par contre, nous constatons que ces facteurs ne sont pas statiques et qu’ils évoluent dans un continuum spatio-temporel.
À la suite de ce constat, nous développons une série d’implications pour la pratique sociale auprès des groupes ethnoculturels, qui reposent principalement sur la prise de conscience de l’influence du contexte général et notamment culturel sur le vécu des individus et sur l’analyse de ces vécus.
L’appauvrissement des femmes et jeunes filles rurales subsahariennes et leur vulnérabilité aux VIH/SIDA en Afrique
Hélène Ndaboroheye
École de service social, Université d’Ottawa
L’Afrique est le continent le plus pauvre du monde. Les inégalités socio-économiques (Rapport mondial sur le développement humain 2003 : 33 du PNUD), les inégalités entre les sexes (Rapport conjoint ONUSIDA, FNUAP et UNIFEM 2004 : 2-3) ainsi que de l’épidémie du VIH/SIDA (ONUSIDA 2004) y font des ravages. Malgré les connaissances que nous en avons, le VIH/SIDA continue de progresser et de faire de nombreuses victimes, surtout chez les femmes et les jeunes filles subsahariennes (ONUSIDA 2004). Dans ce mémoire, nous avons exploré pourquoi ce sont ces dernières qui sont plus touchées par le VIH/SIDA que les hommes ou les jeunes garçons?
Le premier chapitre de ce mémoire définit les différents concepts qui reviennent tout au long de cette étude, entre autres, ceux de pauvreté, de genre, de vulnérabilité et ceux portant sur le VIH/SIDA en tant que tel. Le deuxième chapitre met en évidence les lacunes de différentes approches utilisées pour lutter contre le VIH/SIDA, les approches thérapeutiques et préventives, comportementalistes et culturalistes ayant été favorisées au détriment des approches politiques et socio-économiques. Le troisième chapitre démontre comment se créent les inégalités socio-économiques et de genre de même que leur impact sur la vulnérabilité au VIH/SIDA des femmes et des jeunes filles subsahariennes; les effets externes (la mondialisation, le paiement de la dette extérieure, les politiques d’ajustement structurel et la montée du néolibéralisme en Afrique) et les effets internes (le désengagement social de l’État, la corruption, le patriarcat et l’instabilité politique) y sont aussi abordés. Finalement, ce mémoire propose les solutions à ces inégalités et au renversement de la progression du VIH/SIDA chez les femmes et les jeunes filles rurales subsahariennes.
La schizophrénie : exploration des modèles explicatoires organogènes et sociogènes
Marie-Eve Pinard
École de service social, Université d’Ottawa
La schizophrénie est une forme sévère de maladie mentale qui touche environ un pour cent (1 %) des adultes (OMS). De toutes les maladies mentales, la schizophrénie est réputée avoir l’impact le plus sérieux sur la vie du patient, de même que sur les services de santé (A report on Mental Health).
L’étiologie de la schizophrénie reste à ce jour un mystère. Les adeptes de deux perspectives, l’explication organogénétique et l’explication sociogénétique, s’engagent dans un débat constant et tentent de faire valoir leur hypothèse comme étant la seule bonne. Ce mémoire examine une partie de la littérature abondante au sujet de chacune de ces perspectives.
Les partisans de l’approche biologique sont d’avis que la genèse des comportements pathologiques réside non pas dans l’environnement socioculturel, mais dans la structure génétique des individus. Par contre, les partisans de l’approche sociogénétique croient en l’échec de la recherche visant à produire un indicateur fiable.
Le débat entre ces perspectives se manifeste dans la littérature et dans les activités de groupes tels que MindFreedom, qui centre ses efforts sur la dénonciation du manque de preuves de la validité de la perspective biologique et fait valoir une perspective plus psychosociale. À l’opposé, la Société canadienne de la schizophrénie (SCS) et ses membres défendent la perspective biologique et la présentent comme la seule explication possible à la schizophrénie.
Les activités de défense de droits de la SCS semblent plus répondre aux besoins de la société et des familles de personnes schizophrènes qu’à ceux des personnes schizophrènes elles-mêmes, puisque la SCS ne semble pas inclure suffisamment ces personnes dans ses processus de décision et d’action. D’autre part, les membres de MindFreedom, qui sont en majorité des « survivants » qui souffrent de maladie mentale, semblent impliqués dans leur cause de façon particulière puisqu’ils jouent un rôle intégral dans les démarches de l’organisme. Les individus engagés dans le mouvement des « ex-psychiatrisés » ont un désir de contribuer à faire des changements au sein du système de santé mentale qui surpasse sans aucun doute celui des personnes qui savent qu’elles n’auront jamais à subir les effets des programmes et services qu’elles mettent en oeuvre.
Analyse des rapports ayant mené au dépôt du projet de loi C-22 (réforme de la loi sur le divorce)
Julie Rinfret-Raynor
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire cherche à déceler les principales idées sociales à la base de la réforme proposée à la Loi sur le divorce. Déposé au Parlement en 2002, le Rapport fédéral-provincial-territorial final sur les droits de garde et de visite et les pensions alimentaires pour enfants avait pour but d’apporter des modifications à la Loi sur le divorce de 1986. À travers une analyse de contenu, nous avons étudié les diverses recommandations des sept rapports publiés entre 1998 et 2002. Ces recommandations ont été proposées par le Comité mixte spécial sur le droit de garde et de visite des enfants ainsi que par le Comité sur le droit de la famille. Par la suite, nous avons relevé et analysé les principaux enjeux du premier rapport (Pour l’amour des enfants. Rapport du Comité mixte spécial sur le droit de garde et de visite des enfants) et du rapport final. De plus, nous avons déterminé les éléments de rupture et de continuité des rapports. Les principales variables étudiées ont été la notion de l’intérêt de l’enfant, le droit de garde et de visite des parents, les pensions alimentaires et la notion de responsabilités parentales.
Enfin, nous avons élaboré un schéma argumentatif afin de démontrer la place importante accordée à la notion de l’intérêt de l’enfant dans les questions se rapportant à la séparation ou au divorce.
Le travail social auprès des jeunes parents qui habitent en milieu rural. Le point de vue d’intervenantes
Brigitte St-Denis
École de service social, Université d’Ottawa
La migration des jeunes familles des milieux ruraux canadiens vers les villes constitue un phénomène important. L’inquiétude qu’elle suscite est vive, puisque les jeunes apportent à ces régions une stabilité économique et sociale. Dans ce contexte, il semble essentiel de s’interroger sur les réalités des jeunes familles qui habitent en milieu rural. Quels sont leurs besoins? Quels défis ont-elles à relever? Les professionnels qui travaillent auprès d’elles, notamment les travailleuses et travailleurs sociaux, connaissent leur situation. De plus, ils peuvent avoir un impact sur l’accessibilité des services dans les communautés où vivent ces familles. C’est pourquoi nous avons choisi de recueillir leur perception de la situation que vivent les jeunes parents et des services qui leur sont offerts.
Ce mémoire analyse les points de vue de cinq intervenantes du Centre de ressource communautaire Orléans-Cumberland au sujet des réalités des jeunes familles qui résident dans les secteurs ruraux du Canton de Cumberland. Également, les participantes se prononcent sur les caractéristiques du travail social en milieu rural. L’analyse de contenu par thèmes permet ainsi d’aborder leur perception du milieu rural du Canton de Cumberland, les besoins ou défis des jeunes parents qui y demeurent, leur perception du travail social en milieu rural, les services offerts aux jeunes parents, les services à développer et les défis éventuels dans le développement de ces services.
Les résultats de l’étude révèlent que les jeunes parents doivent souvent se déplacer vers les zones urbaines pour avoir accès aux services. Ainsi, bien que plusieurs dimensions de la vie en milieu rural soient favorables pour les jeunes familles qui y résident, l’isolement demeure un problème important. Les intervenantes ont aussi indiqué des défis importants en ce qui concerne le travail social dans ces milieux. Les résultats de la recherche ont permis de proposer certaines pistes d’intervention, tant auprès des intervenantes et des organismes que sur le plan de la formation universitaire et de l’intervention gouvernementale.