Lu pour vous

M. Charpentier, Priver ou privatiser la vieillesse? Entre le domicile à tout prix et le placement à aucun prix, Ste-Foy, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2002, 206 pages.[Notice]

  • Mohammed B.M. Khalid

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  • Mohammed B.M. Khalid, Ph. D.
    Professeur titulaire, Université du Québec en Outaouais

D’entrée de jeu, il convient de rappeler l’utilité et l’opportunité que représentent, de nos jours, les recherches et les publications consacrées aux conditions et à la qualité de vie des aînés. Cet ouvrage, au titre provocateur, traite du boum de la privatisation des services publics des résidences privées pour personnes âgées, une problématique controversée. Dans la préface, Frédéric Lesemann ouvre le débat de société dans le secteur des services de santé et des services sociaux en ces termes : « Qui doit être le fournisseur des services sociosanitaires à la population? L’État, de manière directe? L’État, de manière indirecte, en mandatant par exemple certains organismes communautaires ou coopératifs pour dispenser certains types de services, tout en fixant et contrôlant le cadre réglementaire et financier de l’organisation des services? L’entreprise et le marché privés, avec ou sans contrôle étatique direct? » En guise d’introduction, l’auteure précise ses préoccupations de recherche : « Dans quelles conditions de vie se retrouvent ces quelque 100 000 résidents âgés, majoritairement des femmes de plus en plus âgées et en perte d’autonomie? Qu’en est-il de leur autonomie décisionnelle, de leur liberté de choix, de leur qualité de vie et de l’accès aux soins et aux services requis? L’État doit-il intervenir pour réguler ce secteur d’activé et protéger les citoyens âgés? Qu’en pensent les principaux intéressés : les usagers, les gens du privé (propriétaires de résidences) et les gens du public (gestionnaires de services de santé et de services sociaux et travailleurs sociaux oeuvrant dans l’orientation et le placement des personnes âgées)? » Donc, l’auteure s’intéresse à la problématique de privatisation des services aux personnes âgées, particulièrement à la marchandisation des services d’hébergement et de soins de longue durée, dans un contexte de désinstitutionnalisation et de rareté des ressources publiques. Pour ce qui est des objectifs mentionnés par l’auteure, ils sont au nombre de sept : S’appuyant sur un rappel historique de l’évolution des politiques d’hébergement des personnes âgées depuis 1990, le premier chapitre expose les enjeux de la privatisation sous forme d’un plaidoyer pour la pertinence d’un rôle régulateur à l’égard des résidences privées. Se basant sur une recension minutieuse des écrits, le deuxième chapitre s’intéresse aux enjeux sociaux, juridiques et éthiques que soulève la privatisation de l’hébergement, et ce, dans une perspective sociojuridique et axiologique. À la lumière d’une enquête auprès de groupes de discussion, le troisième chapitre décrit de façon détaillée le protocole de recherche et les limites méthodologiques; après quoi, il présente les principaux résultats en comparant et analysant les points de vue sur la vulnérabilité des résidents, sur le respect des droits des personnes âgées et sur la pertinence d’une intervention étatique. Quant au quatrième et dernier chapitre, il porte sur l’analyse et l’interprétation des données. Il y est question des grands enjeux du développement d’un secteur privé marchand dans le système sociosanitaire et gérontogériatrique. L’auteure y jette les bases d’éventuelles politiques sociales touchant ces questions primordiales : « Qui aider, les ressources privées ou les personnes âgées démunies? Quoi contrôler? » En guise de conclusion, l’auteure arrive au constat suivant : près de 100 000 personnes en perte d’autonomie physique ou cognitive, dont les trois quarts ont plus de 75 ans, vivent dans des résidences privées en marge du pouvoir public, sans contrôle étatique. Les données recueillies confirment la vulnérabilité et la fragilité économiques de ces clientèles vivant dans ces ressources d’hébergement où le niveau de protection demeure nettement insuffisant. Près de 80 % des répondants rencontrés sont favorables à une régulation des résidences privées. Les intervenants du secteur public préconisent des mesures d’accréditation, tandis que les propriétaires parlent des services …