Éditorial

Un regard sur diverses violences[Notice]

  • Myriam Bals

La violence dans tous ses états. Pourquoi un tel thème? Tout simplement parce que la violence revêt plusieurs formes et que certaines sont souvent oubliées, négligées. Les violences sont présentes aussi bien au niveau structurel que systémique et qu’individuel. Entre la violence étatique et la violence interpersonnelle, nous avons un large éventail de violences, orientées vers des groupes ou des individus. Cette violence peut être physique et laisser des traces très visibles ou, au contraire, très pernicieuse et cachée, laissant des traces psychologiques. Certaines des formes plus pernicieuses de violence ne commencent à être reconnues que depuis très récemment. De façon implicite ou explicite, la notion de genre traverse les divers articles; la violence est perpétrée contre les personnes perçues comme vulnérables, ainsi que celles apparentées au genre féminin. Il n’est pas étonnant que les personnes immigrantes ou réfugiées, les femmes, les enfants et les hommes homosexuels soient les principales victimes de ces diverses formes de violence. Quelle que soit sa forme, la violence crée des souffrances, enfermant simultanément ses victimes dans la solitude. Ce numéro de Reflets va donc nous exposer à quelques-unes des multiples facettes de la violence, qui peut être à la fois systémique et interpersonnelle. Certains auteurs vont nous montrer la violence résultant ou faisant partie de pays en guerre, et d’autres, les conséquences sur ces ressortissants qui arrivent au Canada, espérant y commencer une nouvelle vie pour eux et leurs enfants. Cependant, même si le Canada n’est pas en guerre, ces personnes immigrantes doivent passer par beaucoup d’épreuves, ainsi que leurs enfants qui peuvent connaître le racisme à l’école. Cette violence ne laisse pas ses victimes sans séquelles et met à l’épreuve leur capacité de résilience. Elle peut rendre les victimes vulnérables et peut les empêcher de solliciter une aide extérieure. Cette incapacité de demander de l’aide peut être renforcée par la culture d’origine, mais également par sa relation aux autres, la capacité et surtout l’incapacité d’avoir confiance aux autres y compris en l’intervenante ou intervenant, le plus souvent « étranger » dans tous les sens du terme. Souvent issues de pays où la violence est organisée et systémique, ces personnes ressortissantes ont besoin d’intervenantes ou d’intervenants conscients de leurs besoins et de leurs réalités, d’intervenantes ou d’intervenants compréhensifs et patients qui acceptent que la confiance ne puisse se développer qu’avec le temps. Marie Lacroix et Charlotte Sabbah procèdent à une analyse très sensible de la violence sexuelle faite contre les femmes dans les pays en guerre et vivant avec des conflits ethniques, laquelle analyse débouche sur une réflexion portant sur les défis que cela pose dans la pratique. Ce n’est que dans les années 90 que ce genre de violence a commencé à être reconnu et que ces femmes abusées ont demandé le statut de réfugiées sur cette base. Selon ces auteures, la compréhension de la violence sexuelle dans un contexte de guerre et de conflits ethniques doit comprendre les trois axes d’analyse suivants : « 1) Le contexte moderne des guerres et des conflits ethniques; 2) la définition de la violence contre les femmes selon un cadre intersectionnel de relations de genre et de constructions culturelles; 3) les conséquences psychologiques, sociales et physiques de la violence sexuelle et les implications pour la pratique. » Le viol de guerre est désormais nommé et reconnu, ce qui ne permet pourtant pas toujours à ses victimes de bénéficier de services adéquats et culturellement sensibles, car ce sujet ne peut être compris et l’intervention pertinente effectuée qu’en incluant la dimension culturelle. Comment parler d’un tel traumatisme quand notre culture ne le permet pas, même si les « …