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ST-AMAND, Nérée (2011). Repenser le service social ?, Ottawa, Merriam Print, 324 p.[Notice]

  • Jean-Luc Pinard

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  • Jean-Luc Pinard
    Étudiant au doctorat en service social, Université d’Ottawa
    Maîtrise en service social, Université d’Ottawa

Ouvrage de convictions, de réflexions et d’actions, Repenser le social de Nérée St-Amand est une incursion dans le monde des forces personnelles et collectives des individus, lesquelles constituent le principal moteur de changement dans la résolution des problèmes sociaux. L’oeuvre aurait bien pu avoir pour sous-titre Penser autrement pour faire autrement, car c’est là le thème central qui y est développé. Le mot « service » s’insère dans le titre original, Repenser le social, comme une intrusion lexicale dans un champ balayé par un grand angle, celui du social. Contre une vision désespérante de l’humanité, l’auteur appose des exemples de pratiques exemplaires tirés de la riche histoire de personnes qui à travers le monde proposent des valeurs transcendantes de nature à mobiliser l’humanité. Le premier chapitre de l’ouvrage affirme donc la nécessité de l’engagement dans les dimensions sociale, politique, humanitaire et spirituelle. Écrire sur l’intervention sociale, c’est constater les horreurs et les contradictions de notre société, puis proposer les possibles d’une vision plus inspirante. Ce sont ces possibles que l’on redécouvre au fil des pages. St-Amand situe le contexte dans lequel évoluent le service social et les professionnels de la relation d’aide. Devant une sombre humanité qu’il décrit à grands traits, l’auteur pose la question : dans nos sociétés industrielles de masse, comment réagir contre l’individualisme ambiant et la détérioration des solidarités sociales? En réponse, St-Amand propose une humanité empreinte de noblesse dans laquelle les personnes se centrent sur le « vrai » progrès pour répondre à leurs besoins et s’insurgent contre une autorité qui exige la soumission. L’auteur dresse un bilan de nos accomplissements en matière d’intervention et de nos modes de pensée fortement imprégnés de valeurs marchandes et d’intérêts individualistes. Il en déduit un constat d’échec. En s’éloignant des valeurs fondées sur le pardon, la coopération et le silence, notre société est incapable de résoudre les problèmes complexes des personnes qui souffrent. Sur quelles assises le travail social a-t-il érigé ses pratiques d’intervention? St-Amand rappelle la vie et l’oeuvre de Jane Addams et de Mary Richmond, qui ont marqué d’une manière asymétrique le contenu traditionnel des formations des travailleurs sociaux. Grâce à cet éclairage historique, la dualité et la possible contradiction entre les pratiques cliniques en intervention individuelle prennent leur sens, de même que celles fondées sur l’inclusion, le partage, l’entraide et la solidarité. Dans le deuxième chapitre, l’auteur met en parallèle les écoles de pensée de ces deux pionnières concernant le service social, en faisant ressortir la vision sociopolitique de l’une en opposition au caractère psychosocial et thérapeutique que l’autre préconise. Puis, toujours à la lumière de ces différences fondamentales, St-Amand jette un regard sur les pratiques actuelles, issues d’un système de croyances qui se trouve au coeur des choix qu’auront à effectuer les futurs travailleurs et travailleuses du social : un ardent dévouement dans l’aide caritative ou un engagement résolu pour une meilleure justice distributive? Voilà deux courants idéologiques exposés ici avec brio, dans l’optique d’amener les lecteurs à prendre parti quant aux fondements du service social qui correspondent à leurs convictions. Parlant de service, l’auteur fait ensuite un retour sur sa carrière d’intervenant pour remettre en question le processus de rédaction des histoires sociales. Outil par excellence d’interprétation des tares, des faiblesses, des carences et des pathologies? À l’aide d’exemples éloquents, St-Amand introduit l’idée d’une approche narrative comme un moyen puissant de reprendre sa vie en mains. L’histoire sociale élaborée à partir de l’expertise personnelle via la narration devient l’objet d’une série de démarches d’appropriation. En contexte d’interaction avec un professionnel, « les sujets s’emparent de l’entretien » et peuvent s’engager d’une manière …

Parties annexes