Lu pour vous

RINFRET-RAYNOR, Maryse, et collab. (2014). Violences envers les femmes : réalités complexes et nouveaux enjeux dans un monde en transformation, Presses de l’Université du Québec, 358 p.[Notice]

  • John Flynn

L’ouvrage se décline en dix-sept chapitres regroupés en trois parties ayant pour thèmes les perspectives théoriques et de recherche, les contextes de vulnérabilité, ainsi que les effets et les limites des interventions sur les plans politique, juridique et psychosocial. Cette première partie de l’ouvrage se divise elle-même en trois parties qui ont pour titres : Violence conjugale — Dimension inter- personnelle (chapitres 1 et 2), Violences faites aux femmes — Dimensions structurelles (chapitres 3, 4 et 5) et Violences faites aux femmes —Examen des facteurs de risque (chapitres 6 et 7). Le chapitre 1 signé Johnson et le chapitre 2 signé Stark portent sur de nouvelles théories visant à mieux comprendre les différentes dynamiques interpersonnelles des violences qui existent au sein de certains couples et leurs effets sur les victimes. Johnson discute de l’importance de distinguer les types de violence — terrorisme intime, résistance violente, violence situationnelle au sein d’un couple — sans quoi nous risquons de tirer des conclusions erronées et de mettre en place des interventions inadéquates. C’est le cas, par exemple, lorsqu’une situation de résistance violente est faussement identifiée comme en étant une de terrorisme intime, ce qui contribue d’ailleurs à renforcer la perception d’une symétrie de la violence entre les genres. Selon Johnson, la différence entre ces types de violences se situe dans les rapports de force et dans la dynamique de domination générale opérant au sein de la relation et non dans la nature des attaques. Stark, pour sa part, discute des conséquences de l’adoption quasi universelle d’un modèle de violence axé sur les violences physiques graves. Ce modèle « dissimule la nature historique des abus, fragmente et banalise l’oppression subie » et « ignore les nombreuses tactiques non violentes, typiques de la plupart des cas dans lesquels les femmes victimes sollicitent une aide extérieure, et qui sont souvent plus préjudiciables et plus prépondérantes que les agressions » (p. 34-35). Ainsi, Stark propose un modèle alternatif féministe qui se concentre sur le « contrôle coercitif » exercé par les agresseurs et sur les tactiques qu’ils utilisent pour dominer et isoler leur conjointe et pour brimer sa liberté. Les dimensions structurelles des violences faites aux femmes font l’objet de trois chapitres qui proposent chacun une discussion réflexive sur différentes théories féministes. Au chapitre 3, Anthias, propose une analyse intersectionnelle des violences envers les femmes. L’auteure rappelle qu’il est fondamental d’écouter les récits des femmes violentées sans toutefois oublier de se concentrer sur le paysage social et économique plus large. En effet, elle soutient que « l’attention doit être portée à la fois sur l’expérience, nous informant de l’agentivité et de l’identité sur les structures de pouvoir » (p. 72). Dans son étude portant sur l’expérience de femmes immigrantes proposée au chapitre 4, Harper privilégie l’approche narrative. Donner une voix à ces femmes tout en créant des espaces où elles peuvent être entendues permet une réappropriation des problématiques qui les touchent, ce qui résulte dans l’élaboration de stratégies mieux adaptées à leurs besoins. Enfin, au chapitre 5, Weinstock lance un appel à la réconciliation entre les féministes et les multiculturalistes pro- gressistes en démontrant comment ces deux approches se complètent plus qu’elles ne s’opposent. Pour y parvenir, l’auteur désavoue un multiculturalisme okinien — « selon Okin, la protection des droits groupes culturels minoritaires va à l’encontre de l’intérêt des femmes. » (p. 103) — au profit d’un multiculturalisme dynamique, reconnaissant la capacité de toutes les femmes d’agir en tant qu’agentes de changements culturels. Cette première partie de l’ouvrage se termine sur une évaluation des facteurs de risque, laquelle vise à mieux prédire des situations où des …