Entrevue

20e anniversaire de Reflets — Un rêve dans le rétroviseurRichard Carrière, Madeleine Dubois et Marie-Luce Garceau[Notice]

N’eût été la détermination de Richard Carrière, Reflets n’aurait probablement pas vu le jour. C’est lui qui au début des années 1990, convaincu qu’un tel projet de revue scientifique relevait du possible, a sollicité du financement et rassemblé une équipe de bénévoles à laquelle se sont joints, entre autres, Madeleine Dubois, Marie-Luce Garceau et Nérée St-Amand. À l’occasion de son 20e anniversaire, Reflets veut rendre hommage à ces artisans de la première heure et reconnaître leur apport et la constance de leur engagement. Pour ce faire, trois de ces membres fondateurs ont été invités à partager quelques réflexions à la faveur d’une entrevue. Certains de leurs commentaires se dédoublent, mais nous avons préféré en conserver l’intégralité, car ils illustrent la vision commune qui prévalait à la genèse de la revue.

Richard Carrière : Le fait que nous célébrons le 20e anniversaire de la revue confirme que nous avons répondu à notre principal objectif, soit celui d’offrir aux intervenantes et intervenants oeuvrant dans le domaine des pratiques sociales « un outil de communication qui leur soit propre ». Au fil des années, Reflets a abordé et analysé une multitude de thèmes et de problématiques liés à l’intervention sociale et communautaire en Ontario français, permettant aux lectrices et lecteurs de prendre connaissance de ce qui se passe aux quatre coins de la province, et même ailleurs au Canada. Nous sommes fiers d’affirmer que sa mission a été accomplie et que Reflets jouit d’un formidable élan de continuation. Une des retombées importantes : notre revue a comblé un grand vide au sein des écoles francophones de formation en travail social en Ontario, soit l’accès à des sources pédagogiques portant sur l’analyse des problématiques et des pratiques liées aux champs de l’intervention sociale et communautaire. Est-il utile de le rappeler? Reflets était la seule à se donner comme mandat de décrire et d’analyser ce champ d’intervention dans la province de l’Ontario, que ce soit en français ou même en anglais. Quelques années plus tard, le programme Native Human Services de l’Université Laurentienne a lancé sa propre revue intitulée Native Social Work / Nishnaabe Kinoomaadwin Naadmaadwin. Certes, notre revue a encouragé plusieurs universitaires, chercheuses et chercheurs à publier les résultats de leurs recherches et de leurs analyses; de plus, elle a réussi à donner une voix à un bon nombre d’intervenantes et d’intervenants, leur permettant ainsi de présenter leurs réflexions et analyses issues de divers champs de pratique. Madeleine Dubois : Un bref retour sur le contexte ayant mené à la création de Reflets s’impose pour bien saisir son impact au cours de ses vingt ans de publication. La nécessité de créer une revue d’intervention sociale et communautaire axée sur les réalités vécues par les personnes francophones en Ontario s’est fait sentir de façon pressante avec la mise sur pied d’une école de service social francophone à l’Université d’Ottawa en 1992. Sa mission était de former des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux aptes à bien comprendre le contexte sociopolitique et communautaire de l’Ontario, afin que ces diplômées et diplômés soient mieux outillés pour offrir des interventions répondant plus adéquatement aux réalités vécues par les francophones de la province. Or, la pénurie de recherche et de documentation portant sur les questions et problématiques sociales en Ontario français et pouvant guider et faciliter les réflexions et les travaux des étudiantes et des étudiants présentait un défi de taille. Comme nous l’avions précisé dans le premier numéro de Reflets (Vol. 1, No 1, printemps 1995), la revue a été créée pour combler des lacunes évidentes et, dans cette perspective, après vingt ans, elle a eu un impact significatif. Afin de tenir compte des particularités de l’Ontario français, de son histoire unique et des réalités spécifiques résultant de la dispersion des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens au sein d’un espace géographique étendu, le comité fondateur a voulu créer une revue au sein de laquelle se retrouveraient à la fois des textes universitaires répondant aux normes d’arbitrage par les pairs ainsi que des textes rédigés par les intervenantes et les intervenants et rendant compte de pratiques ou d’approches spécifiques aux milieux dans lesquels ils oeuvraient. Vu la dispersion géographique et le peu d’espaces de partage de « bons coups » ou de « pratiques exemplaires », nous voulions offrir l’occasion de faire connaître ce qui nous ressemblait et pouvait nous rassembler et nous inspirer. Cette mission que …

Parties annexes