Des pratiques à notre image

Une campagne de sensibilisation aux réalités des communautés LGBTQ+ de la francophonie néobrunswickoise[Notice]

  • Jean-Roch Savoie

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  • Jean-Roch Savoie
    Université de Moncton

Le présent article rend compte d’une pratique d’intervention communautaire conçue et mise en oeuvre par deux personnes étudiant en travail social. Elle a été réalisée en milieu scolaire francophone au Nouveau-Brunswick.

La Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick (FJFNB) est un organisme provincial qui porte les intérêts de la jeunesse francophone et acadienne depuis près d’un demisiècle. Cet organisme est fondé sur des principes d’inclusion, de respect et d’autodétermination, et il valorise le leadership jeunesse en ce que toutes ses activités sont réalisées par et pour les jeunes (Savoie, 2016). Le projet dont il est ici question est issu d’une assemblée générale annuelle de la FJFNB. Chaque année, lors de leur AGA, les jeunes décident des projets majeurs qu’ils veulent réaliser au cours de la prochaine année scolaire. Or, en mai 2015, l’un de ces projets consistait à mener une campagne de sensibilisation aux réalités des communautés LGBTQ+. Cette idée, qui provient de jeunes dont la plupart fréquentent une école secondaire, a été concrétisée par l’embauche d’une personne intervenante, en l’occurrence Jean-Roch Savoie, qui, de concert avec les autres employés de la FJFNB et son conseil d’administration jeunesse, a déterminé les objectifs de cette campagne. Ces objectifs viennent rejoindre les principes et les valeurs des politiques 322 et 703 du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick. Ces politiques affirment l’essentialité du respect des communautés de la diversité sexuelle et de genre, et appuient les initiatives de prévention de l’intimidation et de la violence, notamment à l’endroit de l’homophobie et de la transphobie. Enfin, les principes de respect et d’appui à la prévention visent à créer un climat qui permet la célébration des diversités. L’inclusion et la célébration des communautés francophones et acadiennes passent par la valorisation de l’ensemble des groupes qui les composent. Dans cette perspective, l’inclusion dans nos propres communautés francophones et acadiennes doit s’effectuer par une pleine reconnaissance et la valorisation des communautés de la diversité sexuelle et de genre. Par conséquent, la concrétisation de cette inclusion se réalise par la création de ressources et d’interventions par et pour les francophones en milieu minoritaire. Cette campagne lancée par la FJFNB permet de reconnaître et de valoriser la pluralité de l’Acadie d’aujourd’hui tout en mettant l’accent sur les communautés LGBTQ+. Par surcroît, ces dernières rassemblent des groupes minoritaires qui, dans le contexte francophone et acadien du NouveauBrunswick, peuvent être doublement minorisés. Sous l’angle de l’intersectionnalité (Bilge, 2009; Simpson, 2009), la prise en compte de ces multiples identités devient particulièrement importante lorsqu’il est question de mettre en pratique la valeur de l’inclusion de l’ensemble des individus dans une visée d’équité. À notre avis, l’importance de ce projet est profonde, puisque les communautés LGBTQ+ sont constituées d’individus, ou encore de familles, qui contribuent quotidiennement à la société, mais dont les réalités et les besoins sont souvent invisibilisés et sous-représentés, même s’ils font partie de la diversité humaine de nos communautés francophones et acadiennes. Si une telle campagne a été mise sur pied, c’est dans le but de reconnaître les besoins concrets des jeunes, dont les jeunes LGBTQ+, en commençant par une discussion ouverte en face à face sur l’existence et la valorisation de l’ensemble des orientations sexuelles, des sexes et des identités de genre. Ces jeunes ont aussi besoin de briser leur isolement, de sentir qu’ils appartiennent à la société, d’accéder à des personnes-ressources, voire des personnes alliées, et de se sentir en sécurité. À cet effet, des études canadiennes et américaines (Chamberland, et collab., 2011; O’Connell, et collab., 2010; Taylor, et collab., 2011) montrent que de 64 à 82 % des jeunes LGBTQ+ ne se sentent pas en sécurité à l’école, ce qui vient réaffirmer l’importance de politiques provinciales telles que celles mentionnées plus haut. Le témoignage suivant illustre en quoi consiste le sentiment de …

Parties annexes